LES
CRIMES DE LA FRANCE
CONTRE L`AFRIQUE
LES CRIMES LES PLUS ABOMINABLES DE LA FRANCE
Les rapports entre la France, pays de la Révolution du 14 Juillet 1789, laquelle s’est traduite notamment par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le 26 Août 1789, et ses « anciennes » colonies, de la période de l’empire à celle actuelle, des Etats Post-coloniaux demeure marquée par des exactions dont le rappel est essentiel afin que nul n’oublie, cette évocation des tueries et autres atteintes graves aux droits de la personne humaine perpétrés par un pays qui se prétend patrie de la liberté, de l’égalité et de la fraternité est une dénonciation du deni de justice dont souffrent aujourd’hui encore, les victimes. Cette commémoration est nécessaire dans la mesure où l’Afrique endure aujourd’hui encore les conséquences de ces actes odieux, lesquels constituent en fait des indicateurs des motivations réelles de la colonisation, tragédie qui se situe dans la logique de la traite négrière dont selon le philosophe SINDJOUN POKAM, « les effets psychologiques, démographiques, économiques, culturels, politiques pèsent encore lourdement sur notre destin » Impact tribune n° 15, p.9. Nous commencerons notre macabre évocation à partir de 1944, au sortir de la seconde guerre mondiale. L’on aurait pu croire que la France, meurtrie par l’occupation allemande et qui n’en avait été libérée que grâce à l’intervention des autres pays dits alliés appuyés par les anciens combattants ferait un effort pour se réconcilier avec sa devise. Las, C’était compter sans le racisme viscéral des dirigeant français, sans l’adhésion de la France officielle à la thèse de Gobineau et de Gaétan Delaunay, lesquels prônent l’infériorité ontologique de l’homme noir,. A peine libérée donc, la France fonce sur l’Afrique : elle entend y laver l’humiliation que lui a fait subir le 3ème Reich.
1- LES MASSACRES DU CAMP DE THIAROYE, SENEGAL, DECEMBRE 1944
Répression brutale et féroce d’une mutinerie de soldats noirs appelés péjorativement « tirailleurs sénégalais, qui réclamaient des arriérées de soldes ; ils manifestaient sans armes : bilan, trois cents quatre vingt « mutins » froidement abattus, Voilà comment ont été récompensés ceux-là qui ont eu une contribution décisive à la libération de la France. Selon le cinéaste Sénégalais, Sembène Ousmane qui a tourné un film sur ce drame en 1988, cité par l’hebdomadaire Jeune Afrique n° 1936, du 17 au 23 F2vrier 1998, p.38, Paris « a exercé de fortes pressions sur les acteurs français pour les dissuader de jouer dans le film. Le plateau a même été survolé par des avions d la base française de Dakar ».
2- SETIF, ALGERIE, MAI 1945
La police ouvre le feu sur des manifestants algériens qui réclamaient l’indépendance de l’Algérie et la libération de Messali Hadj, chef du Parti Populaire Algérien ( PPA), arbitrairement déporté à Brazzaville quelques semaines plus tôt ; bilan : plusieurs milliers d’algériens abattus.
3- MADAGASCAR, DE MARS 1947 EN DECEMBRE 1948
Une brutale répression des manifestations organisées par les malgaches en quête de liberté fait selon le Gouverneur Chévigné en poste dans l’Ile à cette période-là 80 000 morts, avec à la clé des villages saccagés et incendiés.
4- ALGERIE, DE 1954 EN 1962
L’insurrection algérienne, sous la conduite du Front de libération Nationale ( FLN) débute en 1954. C’est le prétexte que cherchaient les occupants français pour intensifier les actes de répression et les exactions.
Le Gouvernement du socialiste Guy Mollet donne à cette occasion dans du piratage aérien : en effet, un avion transportant à son bord les chefs du FLN Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf qui allait du Caire où le mouvement nationaliste algérien bénéficiait du soutien de Nasser, à Tunis, est détourné par l’aviation française sur Alger. C’est seulement après avoir massacré des centaines de milliers de personnes ( un million selon certaines estimations) que la France a consenti de mauvaise grâce à laisser libre le peuple algérien. Le général de Gaule déclarait en novembre 1960 à l’Echo d’Oran : « Nous en avons déjà tué 200 000, nous en tuons encore 500 par semaine. » L’on se demande dans ces conditions quel est le barbare qui a besoin d’être civilisé ?
4- LA RATONNADE, PARIS 1961.
17 Octobre 1961 : à l’Appel de la Fédération FLN de France des milliers d’algériens ont convergé vers le Centre de Paris pour réclamer l’indépendance de leur pays. Selon Réné Rémond, notre siècle 1918-1968, Paris, Fayard, « la soirée est tragique : des dizaines, peut-être des centaines d’algériens sont tués, jetés dans la Seine, où l’on repêche leurs corps. Le bilan officiel fait état de 11538 arrestations, mais reste discret sur les atrocités de cette soirée. » le sinistre Maurice Papon, alors préfet de police de Paris a déclaré à télévision française en 1993, selon libération n’avoir « aucun remords, aucun signe d’angoisse. Il a regretté son incapacité à n’avoir pu, en quelque sorte, maintenir l’ordre ». Son directeur de cabinet avait pourtant confirmé à l’historien Michel Winock que « la Seine charriait de plus en plus de cadavres … noyés par balle ». Le responsable de cette bévue monumentale, qui relève du terrorisme d’état, sera récompensé par un portefeuille ministériel sous la présidence Giscard, ci-devant « cher parent » de Bokassa …….Empereur de Centrafrique.
6-BIZERTE, 1961.
Bizerte était une base navale où étaient installées les troupes françaises. Conduites par l’Amiral Amman, celles –ci répriment durement une attaque des forces tunisiennes, massacrant 700 soldats ; « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
7- MASSACRES AU CAMEROUN, 1945-1971.
Septembre 1945 : la grosse manipulation. Le colonat regroupé dans l’Association des colons du Cameroun( A S C O C A M ) suscite des manifestations, qu’il attribue aux syndiqués. Ceux-ci s’étaient pourtant prononcés contre la grève que voulaient organiser des employés non syndiqués des chemins de fer. Mais les colons français cherchaient déjà, conformément aux résolutions prises à l’issue des états généraux de la colonisation tenus au début du même mois à Douala, des prétextes pour tuer dans l’œuf le mouvement syndical naissant et non moins dynamique ; c’est ainsi qu’armés de revolvers, de fusils et de mitraillettes, et montés sur des voitures, les provocateurs ont mené pendant deux jours des opérations de ratissage au cours desquelles ils ont fait d’ odieux cartons sur tous les noirs qu’ils croisaient. Les « forces de l’ordre » ont laissé faire. Des pilotes français de l’Escadrille Bétune qui stationnait alors à Douala, sont montés dans leurs appareils et ont commencé à mitrailler les gens dans les rues. Le bilan de ce septembre noir se chiffre à plusieurs centaines de morts, côté manifestants. Aucun colon n’a jamais été inquiété pour sa participation à ces massacres-là. Seul Etienne Lalaurie, promoteur avec notamment Maurice Soulier et Gaston Donnat du mouvement syndical et du mouvement nationaliste au Cameroun, a été jugement ; il avait dû abattre, en état de légitime défense, l’un de ces colons enragés qui était venu chez lui, armé, dans l’intention de lui « faire la peau » .
Mai 1955 : Roland Pré envoyé pour casser le mouvement nationaliste dont le porte flambeau était l’Union des Populations du Cameroun ( U P C ), se livre à d’horribles crimes avant de prononcer, en juillet de la même année la dissolution du parti nationaliste. Ce qui a poussé ce dernier au maquis. La chasse aux « maquisards » a donné lieu aux déplacements massifs des populations arbitrairement éloignés de leurs villages détruits par la troupe, et regroupés dans les camps de concentration appelés pudiquement « zone de pacification ». Le Colonel Lamberton et M. Pierre Messmer en savent quelque chose. C’est au cours de ces opérations qu’est assassiné le 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobe le « Mpodol » , Chef historique du mouvement nationaliste au Cameroun . En pays Bamiléké, au début de 1960, Michel Debré, Premier ministre français, qui a décidé d’entreprendre une véritable reconquête confie au général Briand le « viking », qui s’était taillé une triste réputation en Indochine, cette opération. Ce dernier est placé à la tête d’une armée comprenant cinq bataillons, un escadron blindé et escadron de chasseurs bombardiers, pas moins. Que pouvaient Martin Singap, chef de l’Armée de Libération Nationale Kamerunaise (ALNK) et ses hommes armés de sagaies ? Bilan de la boucherie : 400.000 morts, des villages rasés au napalm ; ce n’est pas le pilote d’hélicoptère MAX Bardet qui nous démentira ; le traumatisme psychologique causé par ce carnage se ressent aujourd’hui encore , et n’a pas fini de causer des ravages . Le Cameroun avait pourtant accédé à la souveraineté internationale le 1er janvier 1960.
8. ASSASSINATS DE NATIONALISTES.
Le sergent André Grenard , plus connu sous le nom d’André Matsoua ,inculpé d’intelligence avec l’ennemi, est arrêté alors qu’il était hospitalisé à Paris ,transféré au Congo ou il est condamné en 1941 aux travaux forcés à perpétuités ; le Commandant de Larminat , Gouverneur gaulliste du Congo le laisse mourir en prison en avril 1942. On lui reprochait d’avoir été un des premiers Africains à revendiquer pour ses compatriotes la voix au chapitre dans la gestion de l’empire.
Félix Moumié, successeur de Ruben Um Nyobé à la tête de l’UPC a été empoisonné au thallium à Genève, le 15 octobre 1960, par agent des services secrets français, le Service de Documentation Extérieure et de Contre Espionnage (SDECE),William Bechtel. Il en meurt le 3 novembre 1960 dans un hôpital genevois. Foccart, le commanditaire de ce crime crapuleux a dit ne pas regretter cet acte ignominieux.
Mehdi Ben Barka, assassiné à la fin d’octobre 1965 dans une villa de la région parisienne, était l’un des opposants marocains de gauche les plus notaires. Cette affaire dans laquelle fut impliquée le service de Documentation Extérieure et de Contre Espionnage (SDECE) n’a jamais été éclaircie, en dépit des demandes répétées de la famille de la victime.
C’est un officier français qui a donné le coût de grâce (acte o combien symbolique !)au nationaliste camerounais Ernest Ouandié condamné au terme d’une parodie de procès en 1971, alors que l’on prétendait déjà le Cameroun « indépendant ».
Le Dr.Outel Bono, assassiné à Paris le 26 août 1973 par les agents de la SDECE, était l’un des opposants tchadiens les plus en vue, et dont l’envergure faisait apparemment ombrage au président Tombalbaye.
9. IMPLICATIONS FRANCAISES DANS LES GUERRES CIVILES
LES COUPS D’ETAT.
Pourquoi la France s’est –elle cru obligée d’intervenir dans les affaires intérieures des Etats Africains ? Le sociologue suisse Jean Ziegler nous répond quand il déclare : « le gouvernement français a partout remis le pouvoir à des groupements, partis ou clans d’hommes formés, financés, conseillés et mis en place par lui-même. Dans aucun des états francophones nés de l’ancien Empire, à l’exception du Cameroun, le pouvoir colonial ou ses satrapes locaux n’ont eu à affronter un mouvement de libération nationale armé. La plupart du temps, le transfert de souveraineté a relevé de l’acte régalien, de la gracieuseté de la faveur que le maître accorde aux anciens esclaves ». Vive le pouvoir ! ou les délices de la raison d’Etat, paris, Seuil,1985.
La France s’est tristement distinguée par sa participation active aux actes antidémocratiques, violant sans vergogne la souveraineté des états qu’elle-même disait indépendants. L’effroyable guerre du Biafra menée par le pion Odumegwu Ojukwu commence en mai 1967 par la proclamation de l’indépendance de la « république du Biafra » ; la France soutient cette tentative finalement avortée de division et de déstabilisation du Nigéria. Les avions de la croix- rouge transportaient non pas le matériel nécessaire à l’assistance humanitaire, mais des armes destinées aux sécessionnistes. Dans un accord signé entre la banque Rothschild et Ojukwu, le Biafra cédait à l’établissement français les droits exclusifs d’exploration et d’extraction du pétrole, de l’or, de la colombite, de l’étain, de l’uranium et de charbon.
L’on avait retrouvé durant l’été 1960 la France soutenant les sécessionnistes Katangais menés par Moise Tschombé. Le pillage des immenses richesses du Congo –Léopoldville était impossible avec un Patrice Lumumba à sa tête. Il fallait donc lui rendre la vie dure avec les sécessionnistes du Katanga. Ce pays qui s’était déjà opposé à l’établissement des exécutifs fédéraux respectivement à Brazzaville pour l’Afrique Equatoriale Française(AEF) et à Dakar pour l’Afrique Occidentale Française(AOF) était encore dans les manœuvres de déstabilisation des nouveaux états.
La France, pays de l’Occident chrétien est présente également au soudan aux cotés du régime islamiste fondamentaliste, « esclavagiste, totalitaire et agressif » de Khartoum selon l’université Marc Lauvergene, dans une interview à Chronique d’amnesty international , n° 148, p.9, et cela contre les rebelles sudiste et chrétiens.
Le renversement et l’assassinat, en janvier 1963, du premier Président de la République du Togo, Sylvanus Olympio, ce dernier s’était réfugié, après l’attaque de sa résidence pendant la nuit par les putschistes dans une voiture garée au parking de l’ambassade des Etats-Unis au Togo, laquelle jouxtait le palais présidentiel. Au petit matin, il y avait été découvert par l’ambassadeur américain Gaston Poullada. Ce dernier a appelé innocemment son homologue français, Louis Mazoyer qui a refilé sans tarder l’information à Eyadéma et ses sicaires. On connaît la suite. Le Président a été lâchement assassiné, remplacé dans un premier temps par un pion, vite remplacé à son tour par M. Eyadéma, le véritable homme de Foccart.
Le 18 février, 1964, La France vole au secours de Léon M’ba déposé par des officiers progressistes de l’armée gabonaise. Il est réinstallé au pouvoir par des commandos de parachutes français spécialement dépêchés pour cette sale besogne.
C’est à cause de la France que M. Mobutu de triste mémoire, cette véritable calamité qui a causé tant de ravages, est resté si longtemps au pouvoir au Zaïre ; en effet, les troupes françaises ont eu à y intervenir en mars 1977 et en mai 1978 contre les gendarmes katangais.
En janvier 1977 au Bénin, une tentative de coup d’état, menée par des mercenaires conduits par le tristement célèbre « corsaire de la République Française, Bob Denard, échoue.
C’est par l’opération dite Barracuda que la France installe, le 21 septembre 1979 une marionnette appelée David Dacko au pouvoir à Bangui, en remplacement de « l’empereur » Bokassa, devenu encombrant et surtout embarrassant avec ses histoires de diamants offerts à son « cher parent ».
La fameuse « opération turquoise » organisée en 1994 au Rwanda et qui, présentée comme intervention humanitaire était en réalité en prétexte pour tenter de sauver le régime tribaliste et intolérant de Bujumbura. Les milices tribales Hutu ont pu s’adonner allègrement à leur macabre besogne, bilan : 500 000 morts.
10 SOUTIEN AU PAYS DE L’APARTHEID
La France, pays de René Cassin, prix Nobel de la paix 1968, rédacteur de la Déclaration Universelle des droits de l’homme n’a pas ménagé son appui aux régimes racistes de John Balthazar Voster et de Pieter Botha ; c’est en effet grâce notamment à la France et aux autres pays occidentaux que ce pays a pu acquérir l’arme nucléaire et la puissance militaire, qui ont nourri les répugnantes guerres d’Angola et du Mozambique et ont permis à ce pays de mener pendant si longtemps la sordide politique d’apartheid.
11- LE GENERAL DE GAULLE PLUS FUTE QUE RAYMOND CARTIER
Quels sont les véritables objectifs de la coopération ? La réponse à cette question se trouve sans doute dans les fameux rapports JEANNENEY et GORSE, jamais rendus publics. Ces rapports avaient été commandés respectivement en 1963 et en 1970 au vu des critiques virulentes suscitées par les relations ambiguës entre la France et ses anciennes colonies. Selon l’économiste Tibor Mende dans on ouvrage De l’aide à la recolonisation. Les leçons d’un échec, Paris, seuil, 1972, « pratiquement toute l’aide de a France à l’Afrique lui revient sous forme de transferts ou de commandes ». Le journaliste Gilbert Comte affirmait lui en novembre 1973, après avoir dressé un tableau sombre de la coopération, que le général de Gaulle avait été plus rusé que le journaliste de Paris Match Raymond Cartier qui préconisait en 1956 un abandon pur et simple des anciennes colonies, lesquelles coûtaient selon lui très cher à la France. Son slogan devenu célèbre était « la Corrèze avant le Zambèze ». Pour Gilbert Comte, « sous libéralisme de façade, le général essayait de défendre les intérêts nationaux au meilleur tarif possible. Il ne pouvait naturellement pas expliquer son programme à la face du monde sans produire quelque scandale. Il l’enveloppa donc dans ce vocabulaire généreux mis à la mode par l’anticolonialisme triomphant de l’époque, et donna aux thèses popularisées par Paris Match la plus intelligente application qu’elles pouvaient recevoir ».
12- LA FRANÇAFRIQUE
La Françafrique désigne une nébuleuse d’acteurs économique, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseau et en lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes ; les matières premières et « l’aide publique au développement « ( APD) selon les associations AGIR ICI et SURVIE, Dossiers noirs de la politique africaine de la France n° 7 : France –Cameroun ; croisement dangereux ! L’ Harmattan, 1996, p.8. L’on y lit plus loin que « la logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système, au demeurant, se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie. » Parmi les acteurs les plus notoires de cette nébuleuse, on peut citer Jaques Foccart, la multinationale du pétrole ELF, le SDECE qui a maintenu sa politique interventionniste en devenant la DGSE, d’éminentes personnalités appartenant aussi bien à la droite qu’à la gauche de l’échiquier politique français telles que Jaques Chirac, Mitterrand père et fils, Pasqua père et fils, j’en passe et des meilleurs.
JACQUES CHIRAC CONTRE LA DEMOCRATIE PLURALISTE EN AFRIQUE NOIRE
Le président français , devant qui la négraille se trémousse frénétiquement en s’imaginant lui faire plaisir à l’occasion de ses voyages sur le continent africain , est celui-là même qui a pris position publiquement, et cela plutôt deux fois qu’une contre l’instauration de la démocratie pluraliste en Afrique noire. La première fois c’était lors d’une visite à Dakar en 1987 alors qu’il était Premier ministre. L’hebdomadaire Jeune Afrique qui rapportait ses propos en fin mai 1987 nous apprend que ses préférences allaient vers « le parti unique multitendanciel », notion brumeuse, atypique et bâtarde, tout juste bonne pour les attardés ataviques que nous sommes. La deuxième fois, c’était en 1990 à Abidjan où il était allé à une réunion d’un machin appelé Association des maires francophones. Pour lui en effet le multipartisme est « une sorte de luxe que les pays en développement n’ont pas les moyens de s’offrir. » Nous voudrions rappeler à M. Chirac que les régimes dictatoriaux, prédateurs et corrompus restent au pouvoir à cause du soutien inconditionnel que leur apporte la France, et cela, au grand dam de nos peuples qui n’avaient par ailleurs jamais demandé à personne de venir les coloniser. Car il faut le relever, c’est cette notion d’Etat comme mode d’organisation sociale qui, dévoyée a été transformée par des personnes sans foi ni loi en instrument de coercition, de brigandage et d’exploitation. Quelles garanties les civilisateurs avaient-ils prévu contre de telles dérives, en l’absence de démocratie ?
Les visites officielles des présidents français sont les occasions de célébrer l’excellence des relations entre la « généreuse et bienveillante » France et les pays visités. Seulement l’on oublie volontairement et trop facilement le phénomène de criminalisation de l’Etat dont a parlé Jean François Bayart en juin 1995 dans un rapport pour le Centre d’analyse et de prévision du Ministère des Affaires étrangères, et qui se traduit par « le dédoublement des systèmes sociaux africains entre « pays légal », interlocuteur unique des institutions multilatérales et des Etats occidentaux, et le « pays réel… ».
13- LA COOPERATION FRANÇAISE : AVATAR RAFINE ET MODERNE DE LA TRAITE NEGRIERE TRANSATLANTIQUE
De la traite négrière jusqu’à la coopération, en passant par l’esclavage régi par le Code noir, la colonisation marquée par le Code de l’indigénat et le travail forcé, il se dégage une constante :
L’exploitation et la déshumanisation de l’homme noir par la France. Aimé Césaire, cité par Abel Eyinga, Démocratie de Yaoundé, T1, Syndicalisme d’abord, 1944-1946, l’Harmattan, 1985, pp 31.32, déclare : « je dis que de la colonisation à la civilisation, il y a une infinie… je vois partout où il y à face à face, colonisateurs et colonisés, la force, la brutalité, la cruauté ; la sadisme, le heurt et en parodie de formation culturelle, la formation hâtive de quelques milliers de fonctionnaires subalternes, de boys, d’artisans, d’employés de commerce et d’interprètes nécessaires à la bonne marche des affaires. Entre colonisateurs et colonisé, il n’ y a a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, les élites décérébrées, des masses avilies. Aucun contact humains, mais des rapports qui transforment l’hommes colonisé en pion, en adjudant, en garde chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production à mon tour de poser une équation : Colonisation – Chosification ».
14- DENI DE JUSTICE
La traite négrière a déjà été reconnue comme crime contre l’humanité. A quand l ‘érection de la colonisation et de la coopération française à ce rang peu enviable avec dédommagement subséquent des victimes et leurs descendants ? L’Afrique a-t-elle vraiment besoin de la coopération telle que la lui impose la France ? Le bilan de quarante années de cette coopération-là autorise tout esprit lucide et objectif à répondre par la négative. En effet les « anciennes » colonies françaises sont les parties du monde les plus durement touchées par la pauvreté, la maladie et l’ignorance. Ce sont en outre les régions les plus endettées , sans que l’on puisse dire pour ce qui est du Cameroun par exemple à quoi ont servi les sommes colossales empruntées. Elles sont encore dirigées par des régimes autocratiques, répressifs et intolérants, soutenus par la métropole.
Le changement de la politique africaine de la France, clamé par le Gouvernement socialiste de Lionel Jospin est une reconnaissance implicite des abus et des méfaits commis. Cela ne peut que susciter scepticisme et méfiance lorsqu’on sait que les changements de majorité qu’a connus ce pays n’ont rient apporté de positif dans ce domaine.
Source principale : Claude Wauthier ; quatre présidents et l’Afrique, seuil , avril 1995
TCHASSE JEAN Claude
PLEG , syndicaliste
S/C BP 311 Bafoussam
LES CRIMES LES PLUS ABOMINABLES DE LA FRANCE
Les rapports entre la France, pays de la Révolution du 14 Juillet 1789, laquelle s’est traduite notamment par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le 26 Août 1789, et ses « anciennes » colonies, de la période de l’empire à celle actuelle, des Etats Post-coloniaux demeure marquée par des exactions dont le rappel est essentiel afin que nul n’oublie, cette évocation des tueries et autres atteintes graves aux droits de la personne humaine perpétrés par un pays qui se prétend patrie de la liberté, de l’égalité et de la fraternité est une dénonciation du deni de justice dont souffrent aujourd’hui encore, les victimes. Cette commémoration est nécessaire dans la mesure où l’Afrique endure aujourd’hui encore les conséquences de ces actes odieux, lesquels constituent en fait des indicateurs des motivations réelles de la colonisation, tragédie qui se situe dans la logique de la traite négrière dont selon le philosophe SINDJOUN POKAM, « les effets psychologiques, démographiques, économiques, culturels, politiques pèsent encore lourdement sur notre destin » Impact tribune n° 15, p.9. Nous commencerons notre macabre évocation à partir de 1944, au sortir de la seconde guerre mondiale. L’on aurait pu croire que la France, meurtrie par l’occupation allemande et qui n’en avait été libérée que grâce à l’intervention des autres pays dits alliés appuyés par les anciens combattants ferait un effort pour se réconcilier avec sa devise. Las, C’était compter sans le racisme viscéral des dirigeant français, sans l’adhésion de la France officielle à la thèse de Gobineau et de Gaétan Delaunay, lesquels prônent l’infériorité ontologique de l’homme noir,. A peine libérée donc, la France fonce sur l’Afrique : elle entend y laver l’humiliation que lui a fait subir le 3ème Reich.
1- LES MASSACRES DU CAMP DE THIAROYE, SENEGAL, DECEMBRE 1944
Répression brutale et féroce d’une mutinerie de soldats noirs appelés péjorativement « tirailleurs sénégalais, qui réclamaient des arriérées de soldes ; ils manifestaient sans armes : bilan, trois cents quatre vingt « mutins » froidement abattus, Voilà comment ont été récompensés ceux-là qui ont eu une contribution décisive à la libération de la France. Selon le cinéaste Sénégalais, Sembène Ousmane qui a tourné un film sur ce drame en 1988, cité par l’hebdomadaire Jeune Afrique n° 1936, du 17 au 23 F2vrier 1998, p.38, Paris « a exercé de fortes pressions sur les acteurs français pour les dissuader de jouer dans le film. Le plateau a même été survolé par des avions d la base française de Dakar ».
2- SETIF, ALGERIE, MAI 1945
La police ouvre le feu sur des manifestants algériens qui réclamaient l’indépendance de l’Algérie et la libération de Messali Hadj, chef du Parti Populaire Algérien ( PPA), arbitrairement déporté à Brazzaville quelques semaines plus tôt ; bilan : plusieurs milliers d’algériens abattus.
3- MADAGASCAR, DE MARS 1947 EN DECEMBRE 1948
Une brutale répression des manifestations organisées par les malgaches en quête de liberté fait selon le Gouverneur Chévigné en poste dans l’Ile à cette période-là 80 000 morts, avec à la clé des villages saccagés et incendiés.
4- ALGERIE, DE 1954 EN 1962
L’insurrection algérienne, sous la conduite du Front de libération Nationale ( FLN) débute en 1954. C’est le prétexte que cherchaient les occupants français pour intensifier les actes de répression et les exactions.
Le Gouvernement du socialiste Guy Mollet donne à cette occasion dans du piratage aérien : en effet, un avion transportant à son bord les chefs du FLN Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf qui allait du Caire où le mouvement nationaliste algérien bénéficiait du soutien de Nasser, à Tunis, est détourné par l’aviation française sur Alger. C’est seulement après avoir massacré des centaines de milliers de personnes ( un million selon certaines estimations) que la France a consenti de mauvaise grâce à laisser libre le peuple algérien. Le général de Gaule déclarait en novembre 1960 à l’Echo d’Oran : « Nous en avons déjà tué 200 000, nous en tuons encore 500 par semaine. » L’on se demande dans ces conditions quel est le barbare qui a besoin d’être civilisé ?
4- LA RATONNADE, PARIS 1961.
17 Octobre 1961 : à l’Appel de la Fédération FLN de France des milliers d’algériens ont convergé vers le Centre de Paris pour réclamer l’indépendance de leur pays. Selon Réné Rémond, notre siècle 1918-1968, Paris, Fayard, « la soirée est tragique : des dizaines, peut-être des centaines d’algériens sont tués, jetés dans la Seine, où l’on repêche leurs corps. Le bilan officiel fait état de 11538 arrestations, mais reste discret sur les atrocités de cette soirée. » le sinistre Maurice Papon, alors préfet de police de Paris a déclaré à télévision française en 1993, selon libération n’avoir « aucun remords, aucun signe d’angoisse. Il a regretté son incapacité à n’avoir pu, en quelque sorte, maintenir l’ordre ». Son directeur de cabinet avait pourtant confirmé à l’historien Michel Winock que « la Seine charriait de plus en plus de cadavres … noyés par balle ». Le responsable de cette bévue monumentale, qui relève du terrorisme d’état, sera récompensé par un portefeuille ministériel sous la présidence Giscard, ci-devant « cher parent » de Bokassa …….Empereur de Centrafrique.
6-BIZERTE, 1961.
Bizerte était une base navale où étaient installées les troupes françaises. Conduites par l’Amiral Amman, celles –ci répriment durement une attaque des forces tunisiennes, massacrant 700 soldats ; « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
7- MASSACRES AU CAMEROUN, 1945-1971.
Septembre 1945 : la grosse manipulation. Le colonat regroupé dans l’Association des colons du Cameroun( A S C O C A M ) suscite des manifestations, qu’il attribue aux syndiqués. Ceux-ci s’étaient pourtant prononcés contre la grève que voulaient organiser des employés non syndiqués des chemins de fer. Mais les colons français cherchaient déjà, conformément aux résolutions prises à l’issue des états généraux de la colonisation tenus au début du même mois à Douala, des prétextes pour tuer dans l’œuf le mouvement syndical naissant et non moins dynamique ; c’est ainsi qu’armés de revolvers, de fusils et de mitraillettes, et montés sur des voitures, les provocateurs ont mené pendant deux jours des opérations de ratissage au cours desquelles ils ont fait d’ odieux cartons sur tous les noirs qu’ils croisaient. Les « forces de l’ordre » ont laissé faire. Des pilotes français de l’Escadrille Bétune qui stationnait alors à Douala, sont montés dans leurs appareils et ont commencé à mitrailler les gens dans les rues. Le bilan de ce septembre noir se chiffre à plusieurs centaines de morts, côté manifestants. Aucun colon n’a jamais été inquiété pour sa participation à ces massacres-là. Seul Etienne Lalaurie, promoteur avec notamment Maurice Soulier et Gaston Donnat du mouvement syndical et du mouvement nationaliste au Cameroun, a été jugement ; il avait dû abattre, en état de légitime défense, l’un de ces colons enragés qui était venu chez lui, armé, dans l’intention de lui « faire la peau » .
Mai 1955 : Roland Pré envoyé pour casser le mouvement nationaliste dont le porte flambeau était l’Union des Populations du Cameroun ( U P C ), se livre à d’horribles crimes avant de prononcer, en juillet de la même année la dissolution du parti nationaliste. Ce qui a poussé ce dernier au maquis. La chasse aux « maquisards » a donné lieu aux déplacements massifs des populations arbitrairement éloignés de leurs villages détruits par la troupe, et regroupés dans les camps de concentration appelés pudiquement « zone de pacification ». Le Colonel Lamberton et M. Pierre Messmer en savent quelque chose. C’est au cours de ces opérations qu’est assassiné le 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobe le « Mpodol » , Chef historique du mouvement nationaliste au Cameroun . En pays Bamiléké, au début de 1960, Michel Debré, Premier ministre français, qui a décidé d’entreprendre une véritable reconquête confie au général Briand le « viking », qui s’était taillé une triste réputation en Indochine, cette opération. Ce dernier est placé à la tête d’une armée comprenant cinq bataillons, un escadron blindé et escadron de chasseurs bombardiers, pas moins. Que pouvaient Martin Singap, chef de l’Armée de Libération Nationale Kamerunaise (ALNK) et ses hommes armés de sagaies ? Bilan de la boucherie : 400.000 morts, des villages rasés au napalm ; ce n’est pas le pilote d’hélicoptère MAX Bardet qui nous démentira ; le traumatisme psychologique causé par ce carnage se ressent aujourd’hui encore , et n’a pas fini de causer des ravages . Le Cameroun avait pourtant accédé à la souveraineté internationale le 1er janvier 1960.
8. ASSASSINATS DE NATIONALISTES.
Le sergent André Grenard , plus connu sous le nom d’André Matsoua ,inculpé d’intelligence avec l’ennemi, est arrêté alors qu’il était hospitalisé à Paris ,transféré au Congo ou il est condamné en 1941 aux travaux forcés à perpétuités ; le Commandant de Larminat , Gouverneur gaulliste du Congo le laisse mourir en prison en avril 1942. On lui reprochait d’avoir été un des premiers Africains à revendiquer pour ses compatriotes la voix au chapitre dans la gestion de l’empire.
Félix Moumié, successeur de Ruben Um Nyobé à la tête de l’UPC a été empoisonné au thallium à Genève, le 15 octobre 1960, par agent des services secrets français, le Service de Documentation Extérieure et de Contre Espionnage (SDECE),William Bechtel. Il en meurt le 3 novembre 1960 dans un hôpital genevois. Foccart, le commanditaire de ce crime crapuleux a dit ne pas regretter cet acte ignominieux.
Mehdi Ben Barka, assassiné à la fin d’octobre 1965 dans une villa de la région parisienne, était l’un des opposants marocains de gauche les plus notaires. Cette affaire dans laquelle fut impliquée le service de Documentation Extérieure et de Contre Espionnage (SDECE) n’a jamais été éclaircie, en dépit des demandes répétées de la famille de la victime.
C’est un officier français qui a donné le coût de grâce (acte o combien symbolique !)au nationaliste camerounais Ernest Ouandié condamné au terme d’une parodie de procès en 1971, alors que l’on prétendait déjà le Cameroun « indépendant ».
Le Dr.Outel Bono, assassiné à Paris le 26 août 1973 par les agents de la SDECE, était l’un des opposants tchadiens les plus en vue, et dont l’envergure faisait apparemment ombrage au président Tombalbaye.
9. IMPLICATIONS FRANCAISES DANS LES GUERRES CIVILES
LES COUPS D’ETAT.
Pourquoi la France s’est –elle cru obligée d’intervenir dans les affaires intérieures des Etats Africains ? Le sociologue suisse Jean Ziegler nous répond quand il déclare : « le gouvernement français a partout remis le pouvoir à des groupements, partis ou clans d’hommes formés, financés, conseillés et mis en place par lui-même. Dans aucun des états francophones nés de l’ancien Empire, à l’exception du Cameroun, le pouvoir colonial ou ses satrapes locaux n’ont eu à affronter un mouvement de libération nationale armé. La plupart du temps, le transfert de souveraineté a relevé de l’acte régalien, de la gracieuseté de la faveur que le maître accorde aux anciens esclaves ». Vive le pouvoir ! ou les délices de la raison d’Etat, paris, Seuil,1985.
La France s’est tristement distinguée par sa participation active aux actes antidémocratiques, violant sans vergogne la souveraineté des états qu’elle-même disait indépendants. L’effroyable guerre du Biafra menée par le pion Odumegwu Ojukwu commence en mai 1967 par la proclamation de l’indépendance de la « république du Biafra » ; la France soutient cette tentative finalement avortée de division et de déstabilisation du Nigéria. Les avions de la croix- rouge transportaient non pas le matériel nécessaire à l’assistance humanitaire, mais des armes destinées aux sécessionnistes. Dans un accord signé entre la banque Rothschild et Ojukwu, le Biafra cédait à l’établissement français les droits exclusifs d’exploration et d’extraction du pétrole, de l’or, de la colombite, de l’étain, de l’uranium et de charbon.
L’on avait retrouvé durant l’été 1960 la France soutenant les sécessionnistes Katangais menés par Moise Tschombé. Le pillage des immenses richesses du Congo –Léopoldville était impossible avec un Patrice Lumumba à sa tête. Il fallait donc lui rendre la vie dure avec les sécessionnistes du Katanga. Ce pays qui s’était déjà opposé à l’établissement des exécutifs fédéraux respectivement à Brazzaville pour l’Afrique Equatoriale Française(AEF) et à Dakar pour l’Afrique Occidentale Française(AOF) était encore dans les manœuvres de déstabilisation des nouveaux états.
La France, pays de l’Occident chrétien est présente également au soudan aux cotés du régime islamiste fondamentaliste, « esclavagiste, totalitaire et agressif » de Khartoum selon l’université Marc Lauvergene, dans une interview à Chronique d’amnesty international , n° 148, p.9, et cela contre les rebelles sudiste et chrétiens.
Le renversement et l’assassinat, en janvier 1963, du premier Président de la République du Togo, Sylvanus Olympio, ce dernier s’était réfugié, après l’attaque de sa résidence pendant la nuit par les putschistes dans une voiture garée au parking de l’ambassade des Etats-Unis au Togo, laquelle jouxtait le palais présidentiel. Au petit matin, il y avait été découvert par l’ambassadeur américain Gaston Poullada. Ce dernier a appelé innocemment son homologue français, Louis Mazoyer qui a refilé sans tarder l’information à Eyadéma et ses sicaires. On connaît la suite. Le Président a été lâchement assassiné, remplacé dans un premier temps par un pion, vite remplacé à son tour par M. Eyadéma, le véritable homme de Foccart.
Le 18 février, 1964, La France vole au secours de Léon M’ba déposé par des officiers progressistes de l’armée gabonaise. Il est réinstallé au pouvoir par des commandos de parachutes français spécialement dépêchés pour cette sale besogne.
C’est à cause de la France que M. Mobutu de triste mémoire, cette véritable calamité qui a causé tant de ravages, est resté si longtemps au pouvoir au Zaïre ; en effet, les troupes françaises ont eu à y intervenir en mars 1977 et en mai 1978 contre les gendarmes katangais.
En janvier 1977 au Bénin, une tentative de coup d’état, menée par des mercenaires conduits par le tristement célèbre « corsaire de la République Française, Bob Denard, échoue.
C’est par l’opération dite Barracuda que la France installe, le 21 septembre 1979 une marionnette appelée David Dacko au pouvoir à Bangui, en remplacement de « l’empereur » Bokassa, devenu encombrant et surtout embarrassant avec ses histoires de diamants offerts à son « cher parent ».
La fameuse « opération turquoise » organisée en 1994 au Rwanda et qui, présentée comme intervention humanitaire était en réalité en prétexte pour tenter de sauver le régime tribaliste et intolérant de Bujumbura. Les milices tribales Hutu ont pu s’adonner allègrement à leur macabre besogne, bilan : 500 000 morts.
10 SOUTIEN AU PAYS DE L’APARTHEID
La France, pays de René Cassin, prix Nobel de la paix 1968, rédacteur de la Déclaration Universelle des droits de l’homme n’a pas ménagé son appui aux régimes racistes de John Balthazar Voster et de Pieter Botha ; c’est en effet grâce notamment à la France et aux autres pays occidentaux que ce pays a pu acquérir l’arme nucléaire et la puissance militaire, qui ont nourri les répugnantes guerres d’Angola et du Mozambique et ont permis à ce pays de mener pendant si longtemps la sordide politique d’apartheid.
11- LE GENERAL DE GAULLE PLUS FUTE QUE RAYMOND CARTIER
Quels sont les véritables objectifs de la coopération ? La réponse à cette question se trouve sans doute dans les fameux rapports JEANNENEY et GORSE, jamais rendus publics. Ces rapports avaient été commandés respectivement en 1963 et en 1970 au vu des critiques virulentes suscitées par les relations ambiguës entre la France et ses anciennes colonies. Selon l’économiste Tibor Mende dans on ouvrage De l’aide à la recolonisation. Les leçons d’un échec, Paris, seuil, 1972, « pratiquement toute l’aide de a France à l’Afrique lui revient sous forme de transferts ou de commandes ». Le journaliste Gilbert Comte affirmait lui en novembre 1973, après avoir dressé un tableau sombre de la coopération, que le général de Gaulle avait été plus rusé que le journaliste de Paris Match Raymond Cartier qui préconisait en 1956 un abandon pur et simple des anciennes colonies, lesquelles coûtaient selon lui très cher à la France. Son slogan devenu célèbre était « la Corrèze avant le Zambèze ». Pour Gilbert Comte, « sous libéralisme de façade, le général essayait de défendre les intérêts nationaux au meilleur tarif possible. Il ne pouvait naturellement pas expliquer son programme à la face du monde sans produire quelque scandale. Il l’enveloppa donc dans ce vocabulaire généreux mis à la mode par l’anticolonialisme triomphant de l’époque, et donna aux thèses popularisées par Paris Match la plus intelligente application qu’elles pouvaient recevoir ».
12- LA FRANÇAFRIQUE
La Françafrique désigne une nébuleuse d’acteurs économique, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseau et en lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes ; les matières premières et « l’aide publique au développement « ( APD) selon les associations AGIR ICI et SURVIE, Dossiers noirs de la politique africaine de la France n° 7 : France –Cameroun ; croisement dangereux ! L’ Harmattan, 1996, p.8. L’on y lit plus loin que « la logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système, au demeurant, se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie. » Parmi les acteurs les plus notoires de cette nébuleuse, on peut citer Jaques Foccart, la multinationale du pétrole ELF, le SDECE qui a maintenu sa politique interventionniste en devenant la DGSE, d’éminentes personnalités appartenant aussi bien à la droite qu’à la gauche de l’échiquier politique français telles que Jaques Chirac, Mitterrand père et fils, Pasqua père et fils, j’en passe et des meilleurs.
JACQUES CHIRAC CONTRE LA DEMOCRATIE PLURALISTE EN AFRIQUE NOIRE
Le président français , devant qui la négraille se trémousse frénétiquement en s’imaginant lui faire plaisir à l’occasion de ses voyages sur le continent africain , est celui-là même qui a pris position publiquement, et cela plutôt deux fois qu’une contre l’instauration de la démocratie pluraliste en Afrique noire. La première fois c’était lors d’une visite à Dakar en 1987 alors qu’il était Premier ministre. L’hebdomadaire Jeune Afrique qui rapportait ses propos en fin mai 1987 nous apprend que ses préférences allaient vers « le parti unique multitendanciel », notion brumeuse, atypique et bâtarde, tout juste bonne pour les attardés ataviques que nous sommes. La deuxième fois, c’était en 1990 à Abidjan où il était allé à une réunion d’un machin appelé Association des maires francophones. Pour lui en effet le multipartisme est « une sorte de luxe que les pays en développement n’ont pas les moyens de s’offrir. » Nous voudrions rappeler à M. Chirac que les régimes dictatoriaux, prédateurs et corrompus restent au pouvoir à cause du soutien inconditionnel que leur apporte la France, et cela, au grand dam de nos peuples qui n’avaient par ailleurs jamais demandé à personne de venir les coloniser. Car il faut le relever, c’est cette notion d’Etat comme mode d’organisation sociale qui, dévoyée a été transformée par des personnes sans foi ni loi en instrument de coercition, de brigandage et d’exploitation. Quelles garanties les civilisateurs avaient-ils prévu contre de telles dérives, en l’absence de démocratie ?
Les visites officielles des présidents français sont les occasions de célébrer l’excellence des relations entre la « généreuse et bienveillante » France et les pays visités. Seulement l’on oublie volontairement et trop facilement le phénomène de criminalisation de l’Etat dont a parlé Jean François Bayart en juin 1995 dans un rapport pour le Centre d’analyse et de prévision du Ministère des Affaires étrangères, et qui se traduit par « le dédoublement des systèmes sociaux africains entre « pays légal », interlocuteur unique des institutions multilatérales et des Etats occidentaux, et le « pays réel… ».
13- LA COOPERATION FRANÇAISE : AVATAR RAFINE ET MODERNE DE LA TRAITE NEGRIERE TRANSATLANTIQUE
De la traite négrière jusqu’à la coopération, en passant par l’esclavage régi par le Code noir, la colonisation marquée par le Code de l’indigénat et le travail forcé, il se dégage une constante :
L’exploitation et la déshumanisation de l’homme noir par la France. Aimé Césaire, cité par Abel Eyinga, Démocratie de Yaoundé, T1, Syndicalisme d’abord, 1944-1946, l’Harmattan, 1985, pp 31.32, déclare : « je dis que de la colonisation à la civilisation, il y a une infinie… je vois partout où il y à face à face, colonisateurs et colonisés, la force, la brutalité, la cruauté ; la sadisme, le heurt et en parodie de formation culturelle, la formation hâtive de quelques milliers de fonctionnaires subalternes, de boys, d’artisans, d’employés de commerce et d’interprètes nécessaires à la bonne marche des affaires. Entre colonisateurs et colonisé, il n’ y a a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, les élites décérébrées, des masses avilies. Aucun contact humains, mais des rapports qui transforment l’hommes colonisé en pion, en adjudant, en garde chiourme, en chicote et l’homme indigène en instrument de production à mon tour de poser une équation : Colonisation – Chosification ».
14- DENI DE JUSTICE
La traite négrière a déjà été reconnue comme crime contre l’humanité. A quand l ‘érection de la colonisation et de la coopération française à ce rang peu enviable avec dédommagement subséquent des victimes et leurs descendants ? L’Afrique a-t-elle vraiment besoin de la coopération telle que la lui impose la France ? Le bilan de quarante années de cette coopération-là autorise tout esprit lucide et objectif à répondre par la négative. En effet les « anciennes » colonies françaises sont les parties du monde les plus durement touchées par la pauvreté, la maladie et l’ignorance. Ce sont en outre les régions les plus endettées , sans que l’on puisse dire pour ce qui est du Cameroun par exemple à quoi ont servi les sommes colossales empruntées. Elles sont encore dirigées par des régimes autocratiques, répressifs et intolérants, soutenus par la métropole.
Le changement de la politique africaine de la France, clamé par le Gouvernement socialiste de Lionel Jospin est une reconnaissance implicite des abus et des méfaits commis. Cela ne peut que susciter scepticisme et méfiance lorsqu’on sait que les changements de majorité qu’a connus ce pays n’ont rient apporté de positif dans ce domaine.
Source principale : Claude Wauthier ; quatre présidents et l’Afrique, seuil , avril 1995
TCHASSE JEAN Claude
PLEG , syndicaliste
S/C BP 311 Bafoussam
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