Le
non de Sékou Touré à de Gaulle
Article écrit en octobre 2008
2
octobre 1958 – 2 octobre 2008 ; cela fait 50 ans que Sékou Touré a dit non à de
Gaulle, ce Général français célèbre pour avoir dit non à l’Allemagne
hitlérienne, en dénonçant la collaboration du régime de Vichy, dans son fameux
appel de Londres ; la domination qui était mauvaise quand les français en
étaient victimes devait être bonne pour les africains, car comment expliquer
autrement la quête de l’indépendance par cette même France qui la refusait aux
africains
Paradoxe,
vous avez dit ? Il en est de l’indépendance comme de la démocratie. Jacques
Chirac estimait que la démocratie n’était pas bonne pour les africains, alors
qu’en France c’est un acquis inaliénable depuis la prise de la Bastille.
L’idée
loufoque de communauté proposée par de Gaulle, était une parade ; ce Monsieur
grand pour les français voulait louvoyer et retarder autant que possible
l’accès à l’indépendance des colonies, c’est pour cela qu’il a inventé cette
histoire pour maintenir ces colonies sous le giron français ; le non de Sékou
Touré a été perçu comme un affront ; comme quoi, vous n’êtes pas libre de
refuser ce que la France vous « propose ».
Les
guinéens, et surtout Sékou Touré ont payé cher leur rejet de la communauté
franco africaine ; les français ont créé chez Sékou une psychose des coups
d’états, qui l’ont transformé en dictateur sanguinaire ; il faut dire que les
coups d’état sont une marque déposée française, qui l’ont inventée pour mieux
contrôler les pays africains, en veillant à ce que ceux-ci soient dirigés par
des larbins à leur solde ; cela a commencé au Togo et les conditions de
l’assassinat de Sylvanus Olympio par le triste Eyadéma Gnassingbé en sont une
preuve plus qu’éloquente ; s’ils en avaient eu la possibilité, ils auraient fait
assassiner le leader guinéen, comme ils l’on fait au Togo. Dans les autres
colonies ce sont les dirigeants nationalistes qui étaient pris pour cibles,
combattus et massacrés : le cas du Cameroun avec Um Nyobé lâchement abattu le
13 septembre 1958, c’est-à-dire peu avant le non de Sékou, est un des nombreux exemples que l’on peut
citer.
50
ans plus tard on se demande ce que l’acceptation de cette idée de communauté
aura apporté aux autres états ; il serait bien de voir ce que sont devenus
aujourd’hui les autres anciennes colonies françaises qui ont adhéré à l’idée de
de Gaulle ; d’abord, on remarque qu’ils ont tous accédé à l’indépendance en
1960, soit deux ans plus tard ; c’est dire que l’idée même de la communauté n’a
pas prospéré. Sékou Touré avait donc raison.
La
Cote d’Ivoire dont le Président Houphouët Boigny était l’un des plus fervents
partisans de la France est passée par la guerre civile. Ce pays aurait dû être
un exemple de coopération réussie, dans la mesure où il a été pratiquement
envahi par les coopérants français dans tous les domaines, et cela pendant plus
de dix ans, puisqu’il a fallu attendre les années 70 pour commencer à parler
d’ivoirisation des cadres. Ce pays comme les autres a été dirigé par la France
: pour quel résultat ? Peut-on se demander en toute légitimité aujourd’hui. Les
autres pays n’ont pas connu la guerre, mais leurs économies sont sinistrées par
des taux de chômage élevés, par des taux de croissance faibles, par
l’inflation. Les pays d’Europe ravagés par la guerre ont été reconstruits en
moins de trois décennies ; ceux d’Asie du Sud-Est se sont développés en moins
de 40 ans. Qu’a donc apporté la fameuse coopération française ? La Guinée a
souffert du non de Sékou, mais les autres pays n’ont tiré aucun profit du oui
de leurs dirigeants. Voilà une contradiction bien française.
L’immigration
qui est aujourd’hui un grand problème pour la France, est en soi une preuve que
la France a échoué ; elle a été efficace quand il s’agissait de réprimer la
Guinée et Sékou Touré, mais a été incompétente pour élaborer une politique
africaine pouvant promouvoir le développement des pays qui ont adhéré à son
projet ; du reste la France souhaite-t-elle le développement des pays africains
? Elle aplus à perdre dans une telle évolution qu’à y gagner. Elle est à
l’image de l’administration publique qu’elle a imposé à ses postcolonies ; plus
prompte à réprimer, mais incompétente et absente, voire hostile quand il s’agit
de soutenir les initiatives et les projets de développement ; nos polices politiques
conseillées par les français étaient efficaces pour traquer les « subversifs »
et autre opposants, mais inefficace et impuissante devant la montée de
l’insécurité et la corruption ; les citoyens peuvent souffrir ; tant que le
régime n’est pas inquiété, ce n’est pas un problème.
L’entreprise
coloniale européenne en général et française en particulier, qui se poursuit du
reste sous d’autres formes en ce XXIè siècle, n’a jamais eu des motivations
philanthropiques ; elle est essentiellement intéressée, et vise l’exploitation
et l’appropriation des ressources humaines et matérielles des colonies. Sékou
avait mille fois raison de dire non à de Gaulle. Aucun pays épris de liberté ne
pouvait sérieusement adhérer au projet français.
051008
TCHASSE
JEAN-CLAUDE
PLEG,
Syndicaliste
blog
:
http://fr.360.yahoo.com/kimalu2006">http://fr.360.yahoo.com/kimalu2006
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire