Elections truquées :
Quand l’histoire bégaie.
Le
Gouvernement de Monsieur Biya et lui-même avaient promis au peuple camerounais
et à la communauté internationale une élection démocratique et transparente,
comme on n’en avait jamais vue au Cameroun. C’était oublier le proverbe qui dit
« chassez le naturel, il revient au galop ». On a pu remarquer que M.
Biya utilisait les moyens humains et matériels de l’Etat pour faire sa
campagne ; il a bloqué l’argent qui devait servir à financer la campagne,
paralysant ainsi les autres candidats qui n’avaient pas de moyens ; lui et
son Gouvernement s’étaient déjà opposés à l’informatisation du fichier
électoral, pour favoriser les inscriptions multiples et les cartes de vote
multiples pour un même individu. Il a ensuite fait museler les candidats qui
disaient des choses qui ne lui plaisaient pas ; il a donc censuré les
propos des ses adversaires ! Peut – on être arbitre et joueur sans être
partial ?
Le jour du
vote, après avoir accompli mon devoir de citoyen, j’ai pu remarquer que :
L’encre
n’était pas indélébile ; j’ai pu faire disparaître toute trace d’encre de
mon doigt ; ceux qui détiennent plusieurs cartes et dont les journaux ont
parlé pourront aisément effacer les traces d’encre et voter autant de fois
qu’ils le souhaiteront.
La carte
d’identité nationale n’était pas exigée, ce qui fait que celui qui se présente
avec une carte de vote peut ne pas être le détenteur réel ; c’est avec
cette technique que le régime a toujours fait voter les morts pendant les
consultations électorales antérieures; j’ai par exemple vu un homme voter
avec la carte de vote d’une femme.
J’ai pu
prendre à défaut la vigilance des membres du bureau de vote, en constatant que
mon prédécesseur n’avait pas jeté les bulletins non utilisés dans le sac prévu
à cet effet ; ceux à qui l’on a demandé de ramener les bulletins des
partis d’opposition contre espèces sonnantes et trébuchantes peuvent
tranquillement se livrer à leur sale besogne ; deuxièmement, je suis sorti
sans jeter mon enveloppe dans l’urne, et quand je l’ai constaté dehors je suis
tout simplement revenu de l’extérieur jeter mon enveloppe dans l’urne, sans
être inquiété ; voilà comment on peut très bien bourrer les urnes, même si elles sont transparentes ;
quelles consignes a-t-on donc donné aux membres des bureaux de vote ?
Pourquoi n’a-t-on pas fait retirer
les bulletins des candidats qui se sont désistés ? Pour jeter le trouble
dans l’esprit de l’électeur, pardi !
Les
observateurs du Commonwealth et ceux de Francophonie que j’ai rencontrés
sauront-ils relever toutes les irrégularités qui marqué ces
consultations ? la tricherie s’est faite en amont et le jour du scrutin il
n’ y pas grand chose à voir et si l’on n’y prend garde on qualifier la
mascarade de M. Biya d’élections démocratiques.
Il eût été naïf d’espérer des
élections véritablement libres et transparentes dans ce pays. Même si le
gouvernement le voulait, il ne pourrait pas, parce qu’il lui manquerait tout
simplement l’expérience requise. Ainsi que le rappelle le Cardinal Christian
Tumi ; il n’y a jamais eu d’élections libres et transparentes dans ce pays
depuis l’indépendance. Et si l’on remonte à la période coloniale on verra
également que le virus de la fraude a
été introduit par l’administration coloniale française, pour combattre les
nationalistes, tout en favorisant ses
suppôts locaux. C’est pourquoi les figures historiques tels que Um Nyobé, Félix
Moumié, Ernest Ouandié n’ont jamais siégé dans une Assemblé élue au Cameroun.
Toute
l’élite de chaque village a regagné son terroir afin d’y aller assurer la
victoire, et cela par tous les moyens, du parti au pouvoir. Ils sont tous
considérés comme membres du parti, même s’ils n’ont jamais demandé à en faire
partie.
Quel est donc ce parti qui prétend
rassembler tous les hauts cadres de l’Administration, tous les Chefs
traditionnels, tous les hommes d’affaires ? n’est-ce donc pas une affaire
d’idéologie ? il faut chercher ce qui les fait courir ailleurs ; si
ce n’est pas l’adhésion à une idéologie, à une école de pensée, c’est donc
quoi ? la réponse est simple : ce sont les calculs égoïstes et la
peur : la peur de perdre un poste juteux où l’on a géré les fonds publics
dans une opacité consternante, où l’on s’est rendu coupable de péculat, de
corruption et de toute sorte de malversation d’une part, et l’espoir de grimper
plus haut encore d’autre part pour les fonctionnaires ; la, peur d’être
éjecté de son fauteuil de Chef traditionnel, et d’être tué (cas de Kamdem
Ninyim, Chef traditionnel des Baham) parce que il y a toujours un fils du
village prêt à s’acoquiner avec l’administration, la peur de devoir se
retrouver devant une ardoise d’impôts qu’on sera incapable d’honorer, ce qui
pourra servir de prétexte au régime pour sceller votre entreprise, avec une
justice aux ordres. Un des plus grands hommes d’affaires de ce pays, réduit à être maire de son
village, alors qu’il pouvait légitimement prétendre à beaucoup mieux que ça,
n’a-t-il pas déclaré que celui qui a les œufs ne cherche pas la bagarre ?
Chercher la bagarre ici, c’est ne pas soutenir un pouvoir corrompu et
tribaliste.
Tout cette coterie constitue
une minorité sur les 16 millions de camerounais ainsi frustrés de leurs droit
élémentaire de vote. Cette fois, comme les autres on s’achemine vers un
hold-up.
111004
TCHASSE
Jean-Claude
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