FONCTION
PUBLIQUE :
Gestion calamiteuse du personnel.
Comment peut
être géré un personnel recruté dans de telles conditions ? Dès la sortie
de l’école de formation, le fonctionnaire est affecté dans l’une des localités
de notre pays pour exercer sa fonction ; comment cela se passe-t-il ?
il se trouve que certaines zones
sont plus sollicitées que d’autres ; la province de l’extrême-nord par exemple est une zone
difficile pour un ressortissant de l’ouest
ou du centre de par son
éloignement et la rudesse de son climat, et cette préférence pour certaines
zones a été accentuée depuis les baisses de salaires. Pour ne pas abandonner ces
zones peu sollicitées, il faudrait instituer des primes spéciales aux fins d’inciter
les agents à y séjourner. En principe le déploiement du nouveau personnel doit
être guidé par le souci de sa répartition judicieuse. Des cas de sous
utilisation et de mauvaise utilisation du personnel sont légions ; on voit
par exemple à l’éducation qu’il y a des établissements qui manquent cruellement
de personnel, tandis que dans d’autres on ne sait pas quoi faire de la pléthore
d’enseignants disponibles.
par ailleurs le personnel n’est pas
évalué d’après son rendement, mais d’après sa supposée qualification
initiale ; il suffit de brandir tel parchemin pour être intégré à telle
catégorie, puis c’est parti ; on avance automatiquement tous les deux ans ;
qu’est-ce qui peut donc encourager les agents à produire de bons rendements ?
Le diplôme de départ est une présomption de compétence pour son détenteur, qui
devrait se traduire dans les faits par un certain rendement. Mais qui s‘embarrasse de
ces notions ? Pour qu’une
organisation soit efficace dans la poursuite des objectifs qu’elle s’est fixée,
elle doit placer les hommes qu’il faut, à la place qu’il faut ; cette
lapalissade semble avoir échappé à nos dirigeants, lorsqu’on voit comment
fonctionne notre système ; le personnel doit commencer par être affecté à
des tâches en rapport avec ses qualifications, ses formations et ses compétences
réelles. Malheureusement, le copinage, le népotisme, la corruption,
l’intolérance et le tribalisme vont intervenir ici encore.
De nombreux
enseignants sont affectés au Ministère de la Culture, au Ministère de l’emploi, au Ministère des Finances comme
comptable- matières, et dans d’autres ministères, alors que les ministères en
charge de l’éducation manquent cruellement de personnel. Tout se passe comme si
ces fonctionnaires venaient juste chercher le grade à l’Ecole Normale
Supérieure, pour ensuite demander à aller travailler dans des ministères comme
ceux que nous avons cités plus haut.
La chasse aux
syndicalistes a donné lieu à des
décisions surréalistes, au détriment évidemment de l’intérêt général ; victimes
de multiples affectations disciplinaires, ils étaient frappés en outre d’ostracisme :
rarement nommés, mis à l’écart des activités lucratives comme la participation
aux examens officiels, chez les enseignants ; autant il ne faisait pas bon
être subversif sous Ahidjo, autant il ne fait pas bon être opposant sous Biya.
Fuite des cerveaux.
la gestion calamiteuse décriée plus
haut a contribué à faire partir des cadres, ou à décourager ceux qui, formés à
l’extérieur, ne trouvent pas dans notre
pays l’environnement propice pour donner le meilleur d’eux-mêmes. on peut citer le cas des enseignants, des
médecins et des infirmiers camerounais qui vont travailler au Gabon, aux
Etats-Unis et dans d’autres pays, alors que nous avons besoin de leurs services ;
c’est l’aide à rebours, quand les pays du Sud forment à grand frais des cadres
pour les pays du Nord. Une bonne partie de notre intelligentsia se trouve de
fait en exil, et notre pays est privé de son expertise. Alors que nous avons
besoin dans notre lutte contre la maladie, l’ignorance et la misère morale et
matérielle, de jeter toutes nos forces dans la bataille, nous nous payons le
luxe de mettre à l’écart, de frapper d’ostracisme des compétences avérées qui
auraient eu un apport déterminant.
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