INTERVENTIONNISME FRANÇAIS EN AFRIQUE.
Deux
poids, deux mesures.
Cette année
2006 qui s’achève aura été marquée par une recrudescence de l’intervention
importune des français dans les affaires africaines, sous prétexte des accords
de coopération. Voilà une « ex puissance » tutrice, qui, 46 ans après les
prétendues indépendances se trouve encore obligée de jouer les gendarmes en
Afrique. Ceux qui veulent une preuve que la France est passée à côté de la
plaque, s’agissant du rôle à elle assigné par les Nations Unies dans les
accords de tutelle, après la deuxième guerre mondiale sont servis.
Lorsqu’on
jette un coup d’œil rétrospectif dans l’histoire l’on constate d’ailleurs que
de la Conférence de Brazzaville en 1944, où a germé l’idée de l’Union française
à la Communauté franco africaine rejetée par Sékou Touré en 1958, en passant
par loi cadre en 1956, la France a multiplié les artifices pour maintenir son
emprise sur ses territoires d’outre mer en général et ceux d’ Afrique en
particulier, avant d’être obligée, de guerre lasse, d’accorder l’indépendance,
une indépendance de façade sous la pression des Nations Unies, les coups de
boutoir des partis nationalistes tels que l’UPC au Cameroun, et les autres
évènements tels que la défaite de Dien Bien Phu en Indochine, et le début de la
guerre d’Algérie.
Ce rappel
historique est important pour comprendre l’état d’esprit des français, qui
jusqu’aujourd’hui, n’arrivent pas à se départir de leurs élans colonialistes,
malgré ce que peut en penser le plus français des hongrois, et candidat à la
succession de Jacques Chirac au Poste de Président de la République, Nicolas
Sarkozy.
La France
devait aider les territoires sous son contrôle à s’émanciper ; où en est – on
aujourd’hui ? C’est comme ce père qui, ayant raté l’éducation de son enfant se
trouve contraint d’intervenir tout le temps dans son foyer soi disant pour
ramener la paix. Non Tout cela n’est pas sérieux.
La France
est obligée d’intervenir pour soutenir les régimes autocratiques, incompétents
et corrompus, des régimes arrogants qui, assurés du soutien de leur parrain
gaulois narguent leurs oppositions et se livrent à toutes sortes d’exactions
contre leurs populations ; ces interventions obéissent à une logique qui défie
la logique cartésienne qu’ils étaient censés nous inculquer par leur prétendue
mission civilisatrice. Jugez – en vous-même : pour des raisons peu évidentes,
qui restent à élucider, Ange – Félix Patassé, Président élu de la République
Centrafricaine n’a pas bénéficié des dispositions avantageuses des accords de
coopération quand il faisait face à la rébellion de François Bozizé en octobre
2002; il a été finalement renversé par un coup d’état alors qu’il était en
déplacement à l’étranger le 15 mars 2003 ; une fois au pouvoir, Bozizé a
organisé des élections et s’est porté candidat, violant ainsi une promesse qu’il
avait faite lorsqu’il était en brousse. La France s’est donc abstenue
d’intervenir, et pour des raisons qui demeurent obscures.
Voilà que
Bozizé au pouvoir, il doit aussi faire face à une rébellion en novembre –
décembre 2006 ; que fait la France ? Elle intervient, et pourchasse les
rebelles ; au nom de quoi ? Allez donc savoir. De la à penser que Bozizé a
conclu des accords secrets de partage léonin des richesses centrafricaines avec
la France (ce n’est l’ami Giscard qui mous démentira, lui qui a bénéficié des
largesses diamantifères d’un certain Bokassa) il n’y a qu’un pas. Il est vrai
que Patassé n’était pas un enfant de chœur, et qu’il ne mérite absolument pas
que l’on s’apitoie sur son sort.
Rendons nous
maintenant en Cote d’Ivoire. Voilà un pays naguère prospère, dont la France
aurait pu être fière, qui depuis 2002, est divisée en deux à cause d’une
rébellion que la France refuse de combattre comme elle le fait au Tchad et en
Centrafrique. Qu’ont fait Ange Félix Patassé et Laurent Gbagbo pour ne pas bénéficier
de l’appui de l’armée française ? Ce qui est curieux en Cote d’ivoire c’est
qu’une rébellion armée soit traitée comme un parti d’opposition ordinaire ; les
média français s’obstinent à l’appeler l’ « ex-rébellion », alors que ses
promoteurs refusent de déposer les armes, et ont mis en coupe réglée la presque
moitié du territoire ivoirien. On découvrirait bien des surprises, si l’on
voulait connaître les sources de financement des rebelles, qui au début de la
rébellion en 2002, était mieux équipés que l’armée ivoirienne. Sans le soutien
de l’Afrique du Sud et de l’Angola, il y a longtemps que le régime de Gbagbo
aurait été renversé !
Que cherche
la France en Afrique ? Ou mieux, que peut la France sans l’Afrique ? Telle est
la véritable question qui se pose et à laquelle il faudra bien répondre tôt ou
tard.
221206
TCHASSE JEAN
– CLAUDE
PLEG,
Syndicaliste
Tel 677134916
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