lundi 14 septembre 2015

FONCTION PUBLIQUE : Gestion calamiteuse du personnel.



FONCTION PUBLIQUE :
Gestion calamiteuse du personnel.

Comment peut être géré un personnel recruté dans de telles conditions ? Dès la sortie de l’école de formation, le fonctionnaire est affecté dans l’une des localités de notre pays pour exercer sa fonction ; comment cela se passe-t-il ? il se trouve que certaines zones sont plus sollicitées que d’autres ; la province de l’extrême-nord par exemple est une zone difficile pour un ressortissant de l’ouest ou du centre de par son éloignement et la rudesse de son climat, et cette préférence pour certaines zones a été accentuée depuis les baisses de salaires. Pour ne pas abandonner ces zones peu sollicitées, il faudrait instituer des primes spéciales aux fins d’inciter les agents à y séjourner. En principe le déploiement du nouveau personnel doit être guidé par le souci de sa répartition judicieuse.  Des cas de sous utilisation et de mauvaise utilisation du personnel sont légions ; on voit par exemple à l’éducation qu’il y a des établissements qui manquent cruellement de personnel, tandis que dans d’autres on ne sait pas quoi faire de la pléthore d’enseignants disponibles.
par ailleurs le personnel n’est pas évalué d’après son rendement, mais d’après sa supposée qualification initiale ; il suffit de brandir tel parchemin pour être intégré à telle catégorie, puis c’est parti ; on avance automatiquement tous les deux ans ; qu’est-ce qui peut donc encourager les agents à produire de bons rendements ? Le diplôme de départ est une présomption de compétence pour son détenteur, qui devrait se traduire dans les faits par un  certain rendement. Mais qui s‘embarrasse de ces notions ?  Pour qu’une organisation soit efficace dans la poursuite des objectifs qu’elle s’est fixée, elle doit placer les hommes qu’il faut, à la place qu’il faut ; cette lapalissade semble avoir échappé à nos dirigeants, lorsqu’on voit comment fonctionne notre système ; le personnel doit commencer par être affecté à des tâches en rapport avec ses qualifications, ses formations et ses compétences réelles. Malheureusement, le copinage, le népotisme, la corruption, l’intolérance et le tribalisme vont intervenir ici encore.
De nombreux enseignants sont affectés au Ministère de la Culture, au Ministère de l’emploi, au Ministère des Finances comme comptable- matières, et dans d’autres ministères, alors que les ministères en charge de l’éducation manquent cruellement de personnel. Tout se passe comme si ces fonctionnaires venaient juste chercher le grade à l’Ecole Normale Supérieure, pour ensuite demander à aller travailler dans des ministères comme ceux que nous avons cités plus haut.
La chasse aux syndicalistes a donné  lieu à des décisions surréalistes, au détriment évidemment de l’intérêt général ; victimes de multiples affectations disciplinaires, ils étaient frappés en outre d’ostracisme : rarement nommés, mis à l’écart des activités lucratives comme la participation aux examens officiels, chez les enseignants ; autant il ne faisait pas bon être subversif sous Ahidjo, autant il ne fait pas bon être opposant sous Biya.

Fuite des cerveaux.
la gestion calamiteuse décriée plus haut a contribué à faire partir des cadres, ou à décourager ceux qui, formés à l’extérieur, ne  trouvent pas dans notre pays l’environnement propice pour donner le meilleur d’eux-mêmes. on peut citer le cas des enseignants, des médecins et des infirmiers camerounais qui vont travailler au Gabon, aux Etats-Unis et dans d’autres pays, alors que nous avons besoin de leurs services ; c’est l’aide à rebours, quand les pays du Sud forment à grand frais des cadres pour les pays du Nord. Une bonne partie de notre intelligentsia se trouve de fait en exil, et notre pays est privé de son expertise. Alors que nous avons besoin dans notre lutte contre la maladie, l’ignorance et la misère morale et matérielle, de jeter toutes nos forces dans la bataille, nous nous payons le luxe de mettre à l’écart, de frapper d’ostracisme des compétences avérées qui auraient eu un apport déterminant.

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