samedi 5 septembre 2015

Elections truquées : Quand l’histoire bégaie.

Article écrit après l'élection présidentielle de 2004. J'y dénonce les fraudes que j'ai observées.



Elections truquées :

Quand l’histoire bégaie.

           
            Le Gouvernement de Monsieur Biya et lui-même avaient promis au peuple camerounais et à la communauté internationale une élection démocratique et transparente, comme on n’en avait jamais vue au Cameroun. C’était oublier le proverbe qui dit « chassez le naturel, il revient au galop ». On a pu remarquer que M. Biya utilisait les moyens humains et matériels de l’Etat pour faire sa campagne ; il a bloqué l’argent qui devait servir à financer la campagne, paralysant ainsi les autres candidats qui n’avaient pas de moyens ; lui et son Gouvernement s’étaient déjà opposés à l’informatisation du fichier électoral, pour favoriser les inscriptions multiples et les cartes de vote multiples pour un même individu. Il a ensuite fait museler les candidats qui disaient des choses qui ne lui plaisaient pas ; il a donc censuré les propos des ses adversaires ! Peut – on être arbitre et joueur sans être partial ?

Le jour du vote, après avoir accompli mon devoir de citoyen, j’ai pu remarquer que :
            L’encre n’était pas indélébile ; j’ai pu faire disparaître toute trace d’encre de mon doigt ; ceux qui détiennent plusieurs cartes et dont les journaux ont parlé pourront aisément effacer les traces d’encre et voter autant de fois qu’ils le souhaiteront.

            La carte d’identité nationale n’était pas exigée, ce qui fait que celui qui se présente avec une carte de vote peut ne pas être le détenteur réel ; c’est avec cette technique que le régime a toujours fait voter les morts pendant les consultations électorales antérieures; j’ai par exemple vu un homme voter avec la carte de vote d’une femme.

            J’ai pu prendre à défaut la vigilance des membres du bureau de vote, en constatant que mon prédécesseur n’avait pas jeté les bulletins non utilisés dans le sac prévu à cet effet ; ceux à qui l’on a demandé de ramener les bulletins des partis d’opposition contre espèces sonnantes et trébuchantes peuvent tranquillement se livrer à leur sale besogne ; deuxièmement, je suis sorti sans jeter mon enveloppe dans l’urne, et quand je l’ai constaté dehors je suis tout simplement revenu de l’extérieur jeter mon enveloppe dans l’urne, sans être inquiété ; voilà comment on peut très bien  bourrer les urnes, même si elles sont transparentes ; quelles consignes a-t-on donc donné aux membres des bureaux de vote ?

            Pourquoi n’a-t-on pas fait retirer les bulletins des candidats qui se sont désistés ? Pour jeter le trouble dans l’esprit de l’électeur, pardi !

            Les observateurs du Commonwealth et ceux de Francophonie que j’ai rencontrés sauront-ils relever toutes les irrégularités qui marqué ces consultations ? la tricherie s’est faite en amont et le jour du scrutin il n’ y pas grand chose à voir et si l’on n’y prend garde on qualifier la mascarade de M. Biya d’élections démocratiques.
           
Il eût été naïf d’espérer des élections véritablement libres et transparentes dans ce pays. Même si le gouvernement le voulait, il ne pourrait pas, parce qu’il lui manquerait tout simplement l’expérience requise. Ainsi que le rappelle le Cardinal Christian Tumi ; il n’y a jamais eu d’élections libres et transparentes dans ce pays depuis l’indépendance. Et si l’on remonte à la période coloniale on verra également  que le virus de la fraude a été introduit par l’administration coloniale française, pour combattre les nationalistes, tout en favorisant  ses suppôts locaux. C’est pourquoi les figures historiques tels que Um Nyobé, Félix Moumié, Ernest Ouandié n’ont jamais siégé dans une Assemblé élue au Cameroun.

            Toute l’élite de chaque village a regagné son terroir afin d’y aller assurer la victoire, et cela par tous les moyens, du parti au pouvoir. Ils sont tous considérés comme membres du parti, même s’ils n’ont jamais demandé à en faire partie.

            Quel est donc ce parti qui prétend rassembler tous les hauts cadres de l’Administration, tous les Chefs traditionnels, tous les hommes d’affaires ? n’est-ce donc pas une affaire d’idéologie ? il faut chercher ce qui les fait courir ailleurs ; si ce n’est pas l’adhésion à une idéologie, à une école de pensée, c’est donc quoi ? la réponse est simple : ce sont les calculs égoïstes et la peur : la peur de perdre un poste juteux où l’on a géré les fonds publics dans une opacité consternante, où l’on s’est rendu coupable de péculat, de corruption et de toute sorte de malversation d’une part, et l’espoir de grimper plus haut encore d’autre part pour les fonctionnaires ; la, peur d’être éjecté de son fauteuil de Chef traditionnel, et d’être tué (cas de Kamdem Ninyim, Chef traditionnel des Baham) parce que il y a toujours un fils du village prêt à s’acoquiner avec l’administration, la peur de devoir se retrouver devant une ardoise d’impôts qu’on sera incapable d’honorer, ce qui pourra servir de prétexte au régime pour sceller votre entreprise, avec une justice aux ordres. Un des plus grands hommes d’affaires  de ce pays, réduit à être maire de son village, alors qu’il pouvait légitimement prétendre à beaucoup mieux que ça, n’a-t-il pas déclaré que celui qui a les œufs ne cherche pas la bagarre ? Chercher la bagarre ici, c’est ne pas soutenir un pouvoir corrompu et tribaliste.

Tout cette coterie constitue une minorité sur les 16 millions de camerounais ainsi frustrés de leurs droit élémentaire de vote. Cette fois, comme les autres on s’achemine vers un hold-up.

111004
TCHASSE Jean-Claude

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