lundi 7 septembre 2015

les Nominations sous le renouveau : Quand arbitraire, politique et marchandage s’entremèlent.



les Nominations sous le renouveau :
Quand arbitraire, politique et marchandage s’entremèlent.

comment fait-on pour être promu aux postes de responsabilité dans notre pays ? Ce n’est pas évident. Les autorités se réfugient derrière leur pouvoir discrétionnaire pour s’adonner à leur jeu favori. Corruption, clientélisme, favoritisme, tribalisme, tout y passe. Le dévouement, la compétence, l’intégrité ne sont ni nécessaires, ni suffisants pour être promu ; ceux qui attendent d’être remarqués par leur ardeur et leur acharnement  au travail sont royalement ignorés ; la nomination ne vient pas toute seule ; en général, il faut la solliciter et les postulants ne s’embarrassent pas de considérations morales dans leurs quêtes. parmi les critères, on peut citer :
·         le militantisme au RDPC ; à défaut, éviter de se faire remarquer comme opposant ;
·         l’appartenance à certains cercles ésotériques ou mystiques ;
·         l’adhésion à la pensée unique, à la langue de bois ; éviter de contrarier le chef, même quand il est évident qu’il poursuit des objectifs étrangers à ceux du service ;
·         la pratique de certaines activités immorales et surtout illégales comme l’homosexualité, la pédophilie, etc.
De par la Constitution de la République, le Chef de l’état nomme aux emplois civils et militaires. Cette disposition fait de lui un faiseur de rois, en l’absence de l’obligation de consulter par exemple le Parlement qui devrait quand même donner son avis pour certaines hautes fonctions. Il en profite donc pour recruter des cadres pour son parti. Ces cadres dont la mission essentielle est d’assurer sa pérennité au pouvoir ; le rendement au service est accessoire, secondaire. Ce sont eux qui sont mis plus tard à contribution pour fausser les résultats des élections par toutes sortes de manœuvres, comme nous l’avons vu par exemple avec les administrateurs civils.
Chaque acte de nomination est suivi du fameux article « deux » qui permet aux heureux élus de bénéficier des avantages de toutes sortes ; certains avantages sont officiels et d’autres – les plus importants sans doute – sont officieux, inavoués ; ainsi par exemple où vont les montants alloués aux lignes budgétaires tels  que « entretien véhicule » et « carburant », dans ces nombreux services ne disposant pas de véhicules de service ? cet article « deux » sur lequel tout le monde se focalise, fait de la nomination une récompense ; c’est une couronne et non une charge pour le bénéficiaire; l’accès à certains postes vous sort de l’anonymat et de la grisaille ; villa haut standing et grosse cylindrée de service, fréquentes missions fictives ou réelles de longue durée à l’étranger, multiples séminaires, etc. vous accédez à une niche de prospérité dans un océan de précarité, puisque votre collègue qui a la même qualification, le même grade et la même ancienneté que vous, mais qui n’est pas nommé, tire le diable par la queue. c’est pour cela que dès la publication de l’acte de nomination, on commence par remercier le Chef de l’Etat pour la confiance accordée, on organise ensuite la fête au village, laquelle se termine par des marches et des motions de soutien au Président de la République. Ces nominations récompensent davantage le militantisme au parti au pouvoir que le dévouement au service et le bon rendement obtenu. La grosse différence de traitement entre le fonctionnaire nommé et le fonctionnaire « simple » a pour but de rendre ces postes attractifs, de susciter les convoitises qui amènent les postulants à remplir les exigences posées par les pourvoyeurs, et dont nous avons cité quelques unes. C’est du chantage ; obnubilé par les avantages, effrayé, voire traumatisé par sa dèche et son impécuniosité, celui qui sollicite un poste en perd tout sens moral, tout scrupule, toute lucidité.
Le nommé n’a aucune obligation de résultats, il est là pour se servir. Il devrait y avoir un cahier de charges, où l’on fait l’état des lieux au moment où il prend fonction, avec des objectifs à atteindre et une durée fixée pour y parvenir. En tout état de cause, une durée maximale devrait être fixée pour le séjour à un poste, parce qu’on trouvera toujours un camerounais capable de faire mieux. Il suffirait de lancer un appel à candidature. Si l’on s’amuse à recenser les compétences et les potentialités humaines que compte notre pays, on verra, que pour chaque poste de directeur d’Administration centrale, il y aurait au moins un millier de postulants qualifiés. Il est donc inadmissible que des personnes à la compétence, à l’intégrité morale douteuses, aient séjourné plus de quinze ans à des hauts postes de responsabilité dans un pays comme le nôtre. Qu’un tel individu ait séjourné au même poste pendant si longtemps, ou qu’il ait changé de postes en gardant de hautes fonctions, l’indignation demeure valable. La limitation du séjour aux postes de responsabilité est une question de justice et d’équité pour ces nombreux cadres compétents qui finissent leurs carrières sans jamais être nommés, et à qui l’on ne reproche pourtant rien.
La fonction appartient à l’Etat, et le grade au fonctionnaire, et il est nommé à titre essentiellement précaire et révocable, dit-on. Le nommé ne sait jamais combien de temps il va mettre en poste, et d’autre part, d’autres postulants se battent pour occuper sa place ; il vit donc sous la hantise d’être « appelé à d’autres fonctions ». C’est pour cela qu’il a deux préoccupations majeures : la première est de s’enrichir le plus vite possible, avant qu’il ne soit trop tard ; la deuxième, c’est de  conserver son poste par tous les moyens, à défaut de progresser; il est prêt à vendre père et mère pour y parvenir. Et s’il a l’impression que certains parmi ses collaborateurs sont des obstacles à la réalisation de cet objectif, il brandit son titre de chef, et n’hésite pas à recourir à toutes sortes de bassesses, de petitesses et d’abus d’autorité pour les mettre « hors d’état de nuire », aux dépens du service. Ceci peut expliquer, entre autres, l’acharnement dont certains militants syndicaux ont été victimes de la part de leurs chefs.
La nomination ne confère ni la compétence, ni le patriotisme. Aussi vrai que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, il ne suffit pas de le vouloir pour devenir compétent et performant ; il faut allier à cette volonté, entre autres, la qualification, l’enthousiasme, la motivation, l’intégrité morale, le talent, l’amour, que dis-je, la passion du travail, les prédispositions naturelles, le sens poussé du bien commun, qui sont autant de dispositions, d’aptitudes et qualités qui sont loin d’être partagées par les chasseurs invétérés de postes ; ce n’est pas une simple question de diplômes, puisque à qualification égale, les rendements ne sont pas nécessairement les mêmes.  Comment donc expliquer l’attitude de ces chefs qui gèrent « leurs » services comme des roitelets, qui se distinguent par des décisions préjudiciables au service, parce qu’ils n’entendent pas associer les collaborateurs souvent plus gradés et plus expérimentés ?
Les syndicats qui se battaient entre autres pour que les promotions se fassent sur des critères objectifs, pour que ce soit un instrument d’émulation, un encouragement au désintéressement et au renoncement à soi, ont été combattus comme nous le montrerons plus bas. Il se dit que des groupes de camerounais ont organisé des tontines pour permettre à leurs membres d’accéder à tour de rôle à des postes de responsables ; c’est un véritable marché ; vous vous arrangez pour acheter un poste ; une fois nommé, vous faites tout pour récupérer votre mise, avec bénéfice. C’est ce qui explique le comportement prédateur de certains responsables qui n’hésitent pas à monnayer leurs services en vendant leurs signatures, à escroquer leurs collaborateurs, à détourner par des pratiques bien huilées et par ailleurs bien connues les budgets des services, tout cela sur le dos de l’usager qui doit casquer dès qu’il sollicite le moindre service. La course aux postes est une activité lucrative comme une autre, et elle peut rapporter gros.
L’on invoque parfois, dans une tentative vaine et dérisoire d’expliquer les incongruités, les injustices et les abus observés, la politique d’équilibre régional évoquée supra. Si l’on passait les nominations au crible de l’arrêté cité ci-dessus, il apparaîtrait immédiatement des disparités révoltantes. Le délit de patronyme demeure cruellement d’actualité. Les ressortissants de certaines régions semblent destinés à être des directeurs, tandis que d’autres restent confinés toutes leurs carrières aux seconds rôles. La notion de pouvoir discrétionnaire a conduit à toutes sortes d’excès; on peut bien comprendre que l’on y fasse recours pour choisir entre deux personnes ayant la même qualification, la même ancienneté et la même compétence, qui sont pressenties pour pouvoir à une même fonction ; mais ce que l’on voit c’est des abus du genre qui consistent à mettre à l’écart les plus compétents, les plus intègres, en faveur des personnels au profil douteux. 
En fin de compte, ce système, qui vaut à notre pays de figurer parmi les pays les plus corrompus de la planète, bride et brime notre génie collectif ; l’ardeur au travail n’est pas encouragée, c’est une  prime à la médiocrité et à la paresse. Il n’ y a de place ni pour la créativité, ni pour l’inventivité, ni pour l’initiative, ni pour l’audace, qui libéreraient toutes les potentialités qui sommeillent en nous, et qui manquent les conditions propices à leur expression totale.

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