vendredi 18 septembre 2015

REVENDICATIONS REGIONALISTES DES DEPUTES DU GRAND NORD : La République menacée.



REVENDICATIONS REGIONALISTES DES DEPUTES DU GRAND NORD :
La République menacée.
Cet article a été écrit en mars 2008
Ainsi donc, l’ENS de Maroua, école financée par l’impôt de tous les camerounais doit être réservée à plus de 60% aux ressortissants du Grand Nord, au mépris des textes définissant les quotas régionaux ; dans cette logique, l’Ecole de médecine par exemple de Buéa doit être réservée aux Bakweri, celle de Douala aux Sawa, celle de Yaoundé aux Bétis ; où iront les Mankon du Nord Ouest, et les Bulu du Sud ? Et les Baka de l’Est ?
C’est facile de répondre à ceux qui sont scandalisés que les députés des autres régions n’ont qu’à en faire autant ; que deviendrait l’Assemblée dans ces conditions ? Un lieu pour les revendications régionalistes ?
Ces députés nordistes qui revendiquent 60% de ressortissants du Nord à l’entrée ne voyaient que 23% de ressortissants du Nord,  alors que les officiels parlaient de 37% ; comment les ont-ils comptés ? Ce qui est étonnant, c’est qu’on est allé au-delà des 60% réclamés.
Un député représente la nation ; le mandat impératif est nul d’après la Constitution de la République ; que des députés fassent des revendications uniquement pour leurs régions respectives, qu’ils ne posent que les problèmes d’une partie de la République est une violation de la Constitution; ce sont les députés, des législateurs par essence qui se rendent ainsi coupables de telles violations ; à qui s’appliquent donc ces lois qu’ils adoptent ?
Que fera donc l’Est qui est tout aussi, sinon, plus sinistrée que le Grand Nord en matière d’éducation?
Pourquoi n’y a-t-il pas assez d’enseignants originaires du Nord ? la réponse n’est pas compliquée ; comme le premier Président de la République était un nordiste, il faisait orienter de préférence les ressortissants de sa région vers l’ENAM, vers l’Ecole militaire ; aujourd’hui, on retrouve les nordistes surtout comme administrateurs, magistrats,  douaniers, inspecteurs de finances, officiers de l’Armée, etc ; l’enseignement était pour ceux qui n’avaient personne en haut lieu ; ceux d’entre eux qui par la force des circonstances se retrouvaient dans l’enseignement étaient très vite nommés ; les enseignants en poste au Nord ne rêvent que de servir au Sud ; la corruption aidant, ils désertent leurs postes pour les contrées plus hospitalières du Sud ; il n’est pas jusqu’aux ressortissants du Nord qui ne se livrent à ce jeu.
Le Grand Nord a longtemps été considérée comme la destination des affectations disciplinaires, concept illégal et inopportun, s’il en fût ; on y envoyait les fonctionnaires pour les punir ; ce qui fait que même ceux des agents qui y étaient affectés « normalement » se considéraient comme ayant été sanctionnés ; la rudesse du climat et les mauvaises conditions de travail ont achevé de les convaincre de la nécessité de « descendre ». La corruption ambiante leur a facilité la tâche ; voilà comment il est possible de déserter les postes sans être sanctionné ; pourvu que l’on soit docile, on peut  choisir son poste dans  ce pays, alors qu’en principe tout agent doit pouvoir servir là où le devoir l’appelle.
Parlant des mauvaises conditions de travail, on se rappelle qu’en 1987, un décret instituant entre autres, la Bourse indiciaire pour les étudiants de l’Ecole Normale Supérieure avait été signé ; c’est ce même décret qui est à l’origine du changement de l’intitulé des diplômes de sortie de l’ENS ; le Diplôme de Professeur de Collèges d’Enseignement Général (DIPCEG) est devenu le Diplôme de Professeur d’Enseignement Secondaire 1er grade (DIPES I), et le Diplôme de Professeur de Lycées d’Enseignement Général (DIPLEG), le Diplôme de Professeur d’Enseignement Secondaire 2ème  grade (DIPES II) ; Où est passée la bourse indiciaire, cette bourse qui était censée résoudre le problème des enseignants frais émoulus de l’ENS qui devaient passer jusqu’à deux années sur le terrain avant de percevoir leur traitement salarial, pour cause de lenteur provoquée et entretenue par des agents véreux et impunis, dans le traitement des dossiers d’intégration de prise en charge aux Finances ? Voilà la raison de la désertion des postes par les enseignants ; et ce problème va continuer de se poser si la Bonne Gouvernance demeure une histoire pour extorquer de l’argent aux  les bailleurs de fonds, sans volonté réelle de changer.
La recommandation OIT-UNESCO du 05 octobre 1966, qui est à l’origine de la Journée Mondiale des Enseignants (JME) donne des indications claires sur les mesures à prendre pour résoudre ce type de problèmes ; une prime pour les enseignants qui exercent dans les zones difficiles devrait être instituée, sinon même ces enseignants dont l’admission est problématique abandonneront leurs postes ; le recrutement massif avec des arrières pensées électoralistes ainsi effectué va à l’encontre de la sélection, sur des critères d’excellence recommandée par ce texte de l’UNESCO ; les enseignants doivent être choisis parmi les meilleurs postulants ; c’est ce qui garantira la qualité des enseignements qu’ils dispenseront plus tard, sauf si dans la logique camerounaise, ils seront tous nommés dans d’autres administrations dès leur sortie d’Ecole. Car il faut le dire, beaucoup viennent juste chercher le grade à l’ENS, et ils n’ont pas la moindre intention d’enseigner.
Il a été rappelé ce qui s’est passé est conforme à une promesse électorale de M. Biya ; c’est l’utilisation de l’administration pour consolider un pouvoir qui ne rêve que de s’éterniser; en effet, si Biya envisageait de quitter le pouvoir en 2011 comme le recommandent le bon sens et l’intérêt général, on ne voit pas  pourquoi  il aurait cédé aux revendications régionalistes des députés ; bafouant ainsi la loi, et surtout la Constitution de la République. M. Biya a résolu son problème à lui, pas celui des camerounais ; c’est ce qui explique que le nombre d’admis dépasse le nombre réclamé par les députés.
A la faculté de médecine de Buéa, on a relevé un recteur soit disant parce qu’il y avait trop d’anglophones dans la liste d’admis; le ministre de l’enseignement supérieur a corrigé la liste du recteur en y incluant les camerounais originaires des provinces francophones ; au nom de l’équilibre régional ; comme quoi, au Cameroun, les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets ; qu’est donc devenue cette notion à Maroua ? Elle a été rangée au placard, sacrifiée sur l’autel de la politique politicienne du régime.
Les infrastructures ont été prévues pour recevoir 2500 étudiants environ ; on se retrouve à plus de 5000 ; quelle sera la qualité de la formation ainsi dispensée ? Les enseignants formés dans ces conditions seront-ils à la hauteur ? On peut légitimement en douter.
Le trafic d’influence des députés a ainsi été validé ; comment ont-ils constitué leurs listes ? Auraient-ils été admis si on avait organisé un concours normal ? Comment peut-on autoriser à des élus à constituer des listes sur des bases forcément subjectives et les imposent ?
Le problème de l’ENS de Maroua est une conséquence de la gabegie, de l’impéritie et de l’inconséquence qui caractérisent la gestion de nos ressources depuis les indépendances ; le problème a été mal posé, et quand un problème est mal posé, la solution est nécessairement mauvaise ; cette prétendue solution va soulever d’autres problèmes qui vont compliquer davantage  la situation. La pénurie des enseignants dans le Grand Nord résulte de la mauvaise gestion de nos ressources par un régime que la majorité des députés qui manifestaient soutiennent ; on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ; notre pays a besoin d’être bien gouverné par des patriotes, démocratiquement élus, ce qui est loin d’être le cas.
301208
Tchassé jean-claude
PLEG, Syndicaliste
Tel : 77134916/33045643

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire