dimanche 24 mars 2013

France – cameroun : Où est la réciprocité ?


France – cameroun :
Où est la réciprocité ?
La réciprocité est le signe de relations saines, basées sur l’estime, le respect et la considération mutuels entre individus, étant entendu qu’au nom de la solidarité et de l’amitié qui les lie,  ces personnes se soutiennent mutuellement sans complexe, sans que l’un cherche à dominer, à snober, à exploiter ou à tromper l’autre. Est-ce le cas entre états, en particulier, nos relations avec la France peuvent-elles être marquées par la lucidité, et orientées dans l’intérêt mutuel des peuples ? C’est ce que l’on tente de nous faire croire depuis les années 1960, où nos pays sont censés avoir accédé à la souveraineté internationale, devenant ainsi des états indépendants,  avec des institutions propres. L’ONU a contribué à créer et à entretenir cette fiction qui n’a de réalité que le nom. Qu’est-ce que nous observons dans la réalité ? L’échec de ce que certains s’évertuent à appeler la coopération française avec nos pays, qui a conduit et maintenu au pouvoir des régimes incompétents, corrompus, des régimes qui ont transformé nos pays en PPTE est déjà une indication. L’actualité récente nous offre deux exemples d’attitudes avilissantes et peu honorables pour nos pays africains, révélatrices de la véritable nature de nos rapports avec nos ex colonisateurs, qui nous prouvent que la véritable indépendance réclamée par les Um Nyobé, Ossendé Afana, Félix Moumié, Ernest Ouandié reste à conquérir. Jugez-en vous-même.
Parallèle entre le 14 juillet au Cameroun et le 20 mai en France.
Ces deux dates sont les jours de fête nationale de ces deux pays. A ces occasions, les ambassadeurs organisent des réceptions dans leurs pays d’accréditation respectifs. La réception organisée par l’ambassadeur de France au Cameroun est un évènement  médiatique couvert par la Télévision nationale, et même par les chaînes privées. On voit ainsi sur ces images ceux qui jouent ou ceux qui aspirent à jouer un rôle sur l’échiquier politique : les membres du gouvernement, la haute hiérarchie militaire et administrative, les leaders des partis politiques d’opposition ; on peut se demander qu’est-ce qui fait courir toutes ces personnalités.
Le parallèle est saisissant avec le 20 mai en France ; c’est une lapalissade de dire que c’est une affaire camerouno camerounaise, à laquelle la presse française n’accorde pas la moindre importance. Imaginez-vous les ministres français et les plus hauts cadres de l’administration française, les plus hauts gradés de l’armée française, se pressant à la résidence de l’ambassadeur du Cameroun en France à l’occasion de la réception que celui-ci organise pour le 20 mai ? En tout cas d’après les images tournées à cette occasion, que nous avons vues à la CRTV, aucune personnalité française de haut rang n’y est présente.
Pourquoi cette différence ? La réponse est simple : l’ambassade de France au Cameroun est le lieu où se négocient, où sont initiées ou à défaut par où transitent les décisions les plus importantes. Tous ceux qui s’y pressent sont convaincus que leur sort politique dépend  du bon vouloir du maître de céans. Cette relation n’est pas particulière au Cameroun ; c’est la même chose dans toutes les anciennes colonies françaises en Afrique noire ; il se dit même qu’en Cote d’Ivoire, il y a un tunnel entre la Présidence et l’ambassade de France.
Visite officielle en France.
La récente visite officielle de M. Paul Biya en France, a permis de se faire une idée plus précise du degré d’estime que les français ont pour nos Chefs d’état. Notre président s’est rendu en France, en compagnie de son épouse, avec une forte délégation, comprenant entre autres, le ministre des relations extérieures, le ministre de l’économie et des finances, le patron des patrons camerounais ; qui était à l’aéroport pour accueillir ce beau monde ? Personne ; c’est l’ambassadeur de France au Cameroun qui est sorti de l’avion où il avait voyagé avec la délégation camerounaise, pour souhaiter la bienvenue au Président camerounais.  N’allez évidemment pas chercher les groupes de danse, ou la foule ; cette visite n’était pas un évènement pour les média français. Il est vrai que M. Biya qui a mille fois raté l’occasion de rentrer dans l’Histoire, n’inspire pas ni respect, ni considération. Imaginez le Président français en visite officielle au Cameroun ; toutes les populations sont mobilisées pendant des heures, des « courtes permission d’absence » sont accordées aux travailleurs pour aller réserver un accueil digne de ce nom à l’hôte ; la circulation est interrompue pendant des heures, et c’est le Président de la république lui-même qui va à l’aéroport l’accueillir. Et il accompagne son hôte dans tous ses déplacements dans notre pays, jusqu’à son retour à l’occasion duquel il va avec lui jusqu’au bas de l’avion qui le ramène en France ; c’est tout juste s’il n’entre pas carrément dans l’avion pour lui dire aurevoir.
Tout officiel français en visite au Cameroun est nécessairement reçu au palais de l’unité ; il n’est pas jusqu’aux responsables de partis politiques français qui ne reçoivent ce traitement de faveur ; et à l’occasion la presse nationale est mobilisée pour en faire un événement.
La Présidente du Médef, Laurence parisot, n’a pas cru devoir effectuer le déplacement, à l’occasion de la rencontre du Président Biya avec le patronat français.
Le quotidien gouvernemental, Cameroun tribune, s’évertue à voir des réceptions sur tapis rouge, et s’empresse de souligner que la visite officielle du chef de l’etat en France  a été un succès. Un traitement aussi dégradant peut-il s’accompagner réellement de retombées fructueuses ?

L’illusion des rapports d’égal à égal avec les ex-puissances coloniales  ne peut plus fonctionner longtemps ; les rapports avec nos «anciens maîtres » sont emprunts de morgue, de mépris de, de condescendance et de paternalisme.  
230313
Tchassé jean – claude
Plesg, syndicaliste

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