vendredi 29 mars 2013

COUP D’ÉTAT EN CENTRAFRIQUE Les raisons de s’inquiéter


COUP D’ÉTAT EN CENTRAFRIQUE
Les raisons de s’inquiéter

Le renversement du régime de Bozizé en Centrafrique, le 24 mars 2013 est un évènement qui donne à réfléchir. En effet, cette ancienne colonie française est d’une instabilité extraordinaire ; les régimes se succèdent à Bangui depuis la prétendue indépendance de ce pays, les uns plus médiocres que les autres. David Dacko, qui a remplacé le Premier Président Barthélémy Boganda décédé le 29 mars 1959 dans un crash aérien suspect, est  renversé par son cousin Bokassa en 1965 ; David Dacko est ramené au pouvoir en 1979 par les paras français ; en 1981, il est à son tour renversé par André Kolingba ; Ange Félix Patassé est élu en 1993 ; il a eu deux mandants mouvementés marqués par des crises et des conflits graves pendant lesquels la France, la Lybie et les miliciens de Jean-Pierre Bemba ont dû intervenir ; il est finalement renversé en 2003 par son ancien Chef d’état major, un certain Général Bozizé. C’est ce Bozizé qui vient à son tour d’être chassé du pouvoir comme un malpropre par Michel Djotodia.   On se souvient même que cet état a été un empire avec le burlesque Bokassa, soutenu par la France, dont il avait acheté les dirigeants d’alors à coups de diamants ; qui en sort perdant ? Le peuple centrafricain, pardi. Le régime de Bozizé s’est écroulé comme un château de cartes ; son armée, si tant est qu’elle existait n’a pas pu résister aux rebelles de la Seleka, qui ont pris Bangui avec une facilité déconcertante. D’où sont venus ces rebelles ? Qui les a armés ? L’avenir nous le dira. En tout état de cause, le nouveau maître de Bangui devra se montrer reconnaissant envers son ou ses  mentors.
Quand on y regarde de près, cette instabilité ne concerne pas seulement la Centrafrique ; les autres pays de la sous région, et d’une manière générale les anciennes colonies françaises et belges, à quelques exceptions près, ont connu ou sont encore secoués par des guerres et des conflits armés ou alors sont pris en otage par des régimes autocratiques hostiles à toute alternance démocratique, qui ont transformé leurs pays en royaumes et en dynasties. Ainsi par exemple, Le Tchad a connu des guerres fratricides ; le régime de Idriss Déby ne doit son maintien qu’aux interventions de l’armée française ; au Congo, Sassou Nguesso est revenu au pouvoir à l’issue d’une guerre fratricide et meurtrière en 1997. Le Congo démocratique est de fait divisé. La rébellion du M 23 et les autres groupes armés donnent du fil à retordre au régime de Kabila fils dans le Kivu. Le Gabon et le Togo sont des dynasties ; Bongo fils et Eyadéma fils ont succédé à leurs pères respectifs par des élections entachées de fraudes monstrueuses ; le Cameroun est pris en otage par un régime incompétent, corrompu et tribaliste qui s’accroche par des simulacres d’élections et pour qui la constitution est un vulgaire papier que l’on modifie comme on veut. La Côte d’ivoire que la France aurait pu brandir comme modèle de coopération réussie, est en guerre depuis 2002. Au Mali, c’est la guerre animée par des jihadistes qui ont récupéré l’armement offert par la France aux insurgés qui combattaient Kadaffi. Le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso, la Guinée, le Bénin ont connu des coups d’état. Le Rwanda et le Burundi ont été les théâtres de conflagrations  meurtrières et peinent à se remettre de ces évènements sanglants. Seul le Sénégal émerge comme exemple de réussite démocratique, où l’alternance au pouvoir est une réalité vécue.
Qu’étaient venus chercher les européens en Afrique ? Ils vous répondent qu’ils sont venus nous « civiliser », nous sortir de la barbarie et de la sauvagerie ; entre autres, ils devaient nous montrer comment  mettre sur pied des états fiables que nous devions être nous-mêmes capables de gérer, pour le bonheur de nos peuples. Voilà plus de cinquante ans que ces blancs sont partis, et force est de constater que ces objectifs n’ont pas été atteints, avec la situation peu reluisante décrite plus haut. Ils sont venus, ils se sont largement servis de nos richesses humaines et matérielles ; pour quelle contre partie ? Qu’est-ce qu’ils nous ont apporté si ce n’est cette dépendance économique et ce déracinement culturel qui sont autant d’obstacles au développement de nos pays ?
Faut-il accuser les blancs ? Ils ont leur part de responsabilité ; il faut le dire, leur motivation n’était pas purement philanthropique quand ils venaient en Afrique, tant s’en faut ; ils recherchaient des territoires à exploiter et à dominer, c’est tout ; c’est pour cela que le processus d’accès à la souveraineté des colonies a été faussé ; les dés ont été pipés ; ils ont veillé à écarter et à assassiner les nationalistes et les patriotes, tout en soutenant des marionnettes et des valets dont le rôle principal était de sauvegarder leurs intérêts après leur départ apparent. Le virus de la fraude aux élections a été introduit par les colonisateurs qui tenaient à faire gagner par tous les moyens les candidats et les partis qui avaient leur faveur.
Maintenant que dire des colonisés ? Sont-ils vraiment des victimes innocentes ? Les colonisateurs ont  trouvé sur place des soutiens que dis-je des sous-fifres et des traîtres dans leur entreprise soit disant civilisatrice. Le savoir que les blancs étaient venus nous apporter sont dans les livres que certains d’entre nous ont lu et ont bien compris ; et après cinquante ans, avec les descendants de colonisés qui ont atteint de très hauts niveaux de formation, et cela dans tous les domaines de la connaissance, les responsabilités sont nécessairement partagées ;  comme signalé plus haut, les patriotes ont été écartés ; au profit d’autres indigènes mus uniquement par le goût du lucre, l’appât du gain, la recherche des honneurs et des privilèges ; ils savent très bien où sont les intérêts de leurs peuples ; mais ils préfèrent soutenir le pouvoir parce que cette posture là rapporte ; des espèces sonnantes et trébuchantes, rien de tel pour vous permettre de vous affirmer, et d’avoir une position, d’être en vue  et d’être considéré dans la société ; voilà ce qui fait courir nos professeurs agrégés, quand ils organisent des états majors de fraude à l’occasion des élections pour faire « gagner » et maintenir au pouvoir des régimes illégitimes et incompétents qui sont responsables du naufrage économique de nos pays.
C’est pourquoi malgré nos immenses ressources, nos pays restent sous développés plus de cinquante ans après l’indépendance.
290313
TCHASSÉ Jean-Claude
PLEG HE/Bafoussam

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