mardi 29 août 2017

Chronique : Les accidents de la circulation. (texte intégral)

Chronique : Les accidents de la circulation. (texte intégral)
La prochaine série de chroniques va porter sur un fléau qui semble être une fatalité et qui plonge les familles dans le deuil à un rythme inquiétant, alors que des mesures pourrait être prises pour réduire sensiblement son impact. Rien que pour ce mois d’août 2017, alors que nous sommes encore le 22, on a déjà enregistré 43 morts : 01 mort dans le cortège funèbre du feu Mgr Bala le 02 août, 06 morts à Mbouo Bandjoun le 04 août, 12 morts à Nkometou le 11 août, 20 morts le 19 août à Muyuka, 04 morts dans la ville de Douala le 21 août, nous espérons que ce sera le dernier accident mortel de ce mois.
Imaginez la scène suivante : vous allez accompagner un conjoint, une relation de famille qui vous est très chère, et qui voyage ; vous vous séparez en vous disant « au revoir », « à bientôt », « bon voyage », « reviens vite ». Plus tard vous recevez un coup de fil où l’on vous apprend qu’il a été victime d’un accident mortel de circulation ; vous vous rendez alors compte que vous vous voyiez et vous vous parliez pour la dernière fois, sans le savoir ; vous aviez pourtant quelque chose d’important à lui dire, vous aviez des projets, des problèmes dont la résolution, prévue après le retour de son voyage, dépendait de sa présence ; à aucun moment l’idée que vous ne pourriez plus le revoir ne vous a effleuré l’esprit. Voilà pourtant que réalisez que c’est fini, que vous ne verrez plus que sa dépouille inerte, sans vie à la morgue, puis dans un cercueil avant son inhumation, qu’il faut programmer dans les tous prochains jours, comme s’il fallait se débarrasser rapidement de cet être cher avec qui vous avez passé des moments doux et agréables, des moments que vous auriez aimé revivre, prolonger à l’infini. Hélas tout cela est terminé, et vous n’avez rien vu venir ! Vous espérez que c’est un cauchemar et que vous allez vous réveiller! Rien ne vous a préparé à une telle éventualité. Il ou elle n’était pas malade, ou alors se plaignait de petits maux pas bien graves. C’est triste, c’est cruel, c’est douloureux, c’est troublant, c’est choquant, c’est traumatisant. Vous ne parlerez désormais de lui qu’au passé !  Certaines personnes ne se remettent jamais de la disparition, dans ces conditions, d’une relation aimée et appréciée. Voilà le drame vécu par de nombreux compatriotes. En effet, Les accidents de la circulation sont assez fréquents sur nos axes routiers. Chacun de nous connaît un proche victime d’accident ; c’est un fléau qui touche une bonne frange de la population. Ces accidents nous coutent cher. En vies humaines et en dégâts matériels. Nos routes sont réputés assez meurtrières. Dans une chanson consacrée à ce sujet, un chanteur disait « la route ne tue pas, mais c’est nous qui tuons ».
En 2016, il y a eu 3088 accidents de la route, et qui ont fait 1102 morts selon les chiffres communiqués par le Conseil national de la route lors de sa 21è assemblée tenue à Yaoundé le 29 juin 2017. Le site cameroon info.net citant le quotidien Mutations dans son édition du jeudi 12 novembre 2015, parle de 4700 personnes en moyenne qui meurent chaque année de suite d’accident.
Environ 50% des accidents de la circulation surviennent sur le seul tronçon Yaoundé-Douala et plus de 60% sur le triangle Yaoundé-Douala-Bafoussam-Yaoundé. Outre les pertes en vie humaine, les pertes financières sont estimées à 100 milliards Fcfa par an, selon les documents de stratégie nationale de sécurité routière 2009-2014.
A l’échelle mondiale, les accidents ont causé le décès de 1,3 millions de décès en 2015, dont 76% de sexe masculin. Avec un parc automobile représentant seulement 2% du parc mondial, l’Afrique connaît 20% de décès causés par les accidents de la route.
Le bilan continue de s’alourdir pour ce mois d’août, alors que nous espérions que le compteur allait s’arrêter sur les 43 enregistrés jusqu’au 22 août. Je n’avais pas encore entendu parler de l’accident survenu à la falaise de Ngaoundéré, le 21 août et qui a fait 2 morts. Don on était déjà à 45 morts le 22. Il y a eu deux accidents le 23 août : l’un dans la ville de Yaoundé qui aurait fait 2 morts, et l’autre sur l’axe Yaoundé Bertoua, plus précisément entre Abong Mbang et Ayos qui aurait fait 12 morts. Donc on atteint déjà 60 morts ce 24 août. Un accident s’est produit sur l'axe Bafoussam Mbouda le jeudi 25 août 2016, soit depuis presque un an jour pour jour, et a coûté la vie à huit de nos compatriotes. Le taxi aurait dû transporter 5 passagers.
Un accident est un drame pour la Nation entière et pour les familles qui perdent leurs membres, ou dont les membres sont blessés gravement ou amputés, et gardent des séquelles tout le restant de leur vie.
Ces accidents sont-elles une fatalité, cette question se pose dans la mesure où certains d’entre eux auraient pu être évités, ou alors les bilans pouvaient être moins lourds. En effet, parmi les causes principales des accidents, on peut citer : la conduite en état d’ébriété, excès de vitesse, usage du téléphone pendant la conduite, obstacle fixe sur la route, fatigue et somnolence du conducteur, conduite sous l’influence des stupéfiants, conduite sans permis, non respect des distances de sécurité, le mauvais état des véhicules, le mauvais état des infrastructures routières. Les infractions au code de la route sont curieusement tolérées par les forces de l’ordre.
Parmi les infractions les plus récurrentes, il y a la surcharge.
La surcharge est de règle au Cameroun. Dans les taxis, dans les "clandos", ces voitures de tourisme utilisées pour le transport des personnes et des biens, on surcharge. Allègrement, sans scrupules, sans vergogne. Et les passagers s'y prêtent. Les taxis prennent généralement deux clients sur le siège avant côté passager. On trouve même parfois des passagers à la malle arrière, et même sur le porte-bagages. Dans les "gros porteurs", ces bus de 70 places, on prend les passagers au couloir et aux escaliers, derrières les portes. Cette pratique, bien ancrée dans les mœurs, qui est une infraction à la loi, est tolérée, voire encouragée. Bizarre, n'est-ce pas? Ceux qui s'avisent de protester doivent faire face aux courroux des passagers consentants qui leur lancent "tu n'as qu'à acheter ta voiture!!". Les passagers ainsi "surchargés" sont pressés les uns contre les autres, souffrent et sont mal à l'aise durant le trajet; ils continuent même de souffrir après. Imaginez que ce contact forcé ait lieu avec des personnes sales ou souffrant de certaines maladies. Les constructeurs seraient surpris de voir combien de personnes les véhicules qu'ils fabriquent peuvent transporter. Les voitures ainsi surchargées passent devant les postes de contrôle de la police et de la gendarmerie sans être inquiétés. Pourquoi? Pourquoi cette infraction qui alourdit les bilans en cas d'accident, est-elle tolérée?
Vous connaissez certainement le ''petit chau'’. Le ''petit chau'' est ce passager de trop que le chauffeur d'une voiture de tourisme utilisée pour le transport clandestin prend sur son siège. Ce passager peut être intercalé soit entre le chauffeur et le levier de vitesse, soit entre le chauffeur et la portière. À ce ''petit chau'', il faut ajouter les 2 personnes sur le siège avant côté passager, et les 4 du siège arrière. Au lieu de 4 passagers, ces voitures en prennent jusqu'à 7, donc 3 de plus, 3 qui ne seront pas couverts par l'assurance. Impossible donc d'utiliser la ceinture de sécurité. Les véhicules ainsi surchargés passent allègrement devant les postes de contrôle de gendarmerie et de police, pendant que les particuliers sont interpellés sans raison valable, parfois. Que cherchent-ils? Et on nous dit qu'on lutte contre la corruption dans ce pays? Pourquoi cette infraction, qui gonfle les chiffres des décès lors des accidents est-elle tolérée? Les passagers qui voyagent dans ces conditions sont pressés comme des sardines dans une boîte et souffrent le martyre. Mais il y a pire: certains passagers sont souvent installés tant bien que mal dans la malle arrière ou s'installent carrément sur le porte bagage, et cela se passe dans une impunité consternante et injustifiable.  
Le bilan continue de s’alourdir depuis notre dernière chronique : le 26 août à Bomono près de Douala, un bus en provenance de Bafoussam heurte un camion, fasint 12 morts. Toujours le 26 août accident sur la route de l’Est : 2 morts. Le 27 août entre Djembé et Penja, 2 morts, et hier 28 août sur l’axe Bertoua Garoua Boulaï, 3 morts. Si on ajoute à ces morts sur place, ceux qui meurent après dans les hôpitaux, on approche déjà les 100 morts, ce qui est un triste record.
Toi qui m’écoutes là, as-tu déjà enregistré au moins deux numéros ICE? ICE c'est In Case of Emergency, c'est-à-dire en cas d'urgence. C'est les numéros de tes proches à appeler si tu es en détresse et incapable d'appeler toi-même. Tu vois que c'est imprévisible. Qui parmi tes relations peut te savoir en difficulté et réagir promptement? Ton conjoint? Ton frère? Ta soeur? Ton enfant? Enregistre le premier comme ICE1, le deuxième comme ICE2, etc... Évidemment cela suppose que ton téléphone n'est pas bloqué. Rappelez-vous qu’un accident est par définition un évènement non souhaité et inattendu. Donc nul ne peut le prévoir. C’est par conséquent une erreur de penser que cela ne peut arriver qu’aux autres.
Pour réduire les risques d'accident:
Commencer votre journée par la prière pour rendre grâces au Seigneur qui nous maintient en vie sans que nous sachions comment,
Refuser la surcharge ou payer pour 2 places ou encore que trois payent pour quatre par exemple. Cela ne sert a rien de se presser pour finir à la morgue,
Que font les forces de l'ordre aux multiples postes de contrôle?
Pourquoi ne pas les sanctionner quand ils laissent passer les voitures en état de surcharge? Ils doivent savoir qu'ils devront rendre compte même devant Dieu de tous ces morts par leur défaillance. Noon! Trop, c'est trop!
290817
Jean-Claude TCHASSE

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