jeudi 10 novembre 2016

Les 17 péchés capitaux du renouveau



BILAN ALTERNATIF
Les 17 péchés capitaux du renouveau

Peut-on dresser un bilan alternatif de 34 ans de Renouveau à la manière de Paul Biya ? Cela s’impose au moment où les media de service public dans leur parti pris pour le régime, avec des journalistes obnubilés par leur carriérisme et paralysés par la peur, en violation flagrante et grossière de la déontologie, rabâchent ce qu’ils présentent comme les réalisations de M. Biya à la tête de ce pays. Parmi les «hauts faits» de ce régime, on peut citer :

1.      1-Constitution violée
Une constitution inadaptée, inappliquée et grossièrement violée. Le refus par M. Biya de déclarer ses biens est assez illustratif de l’état d’esprit qui anime ces messieurs et dames. Aucune des constitutions imposées à ce pays depuis la prétendue indépendance n’a été adoptée suivant la règle définie en droit constitutionnel, qui veut que l’on implique les populations détentrices de la souveraineté dans le processus de bout en bout.

2.      2-Lois violées
De multiples violation des lois et règlements de la République tolérées, voire encouragées tant qu’elles ne constituent pas une menace pour le pouvoir, et érigées en mode de gouvernement. L’incurie, la corruption, le tribalisme, le népotisme, le favoritisme érigés en méthodes de gouvernement

3.      3-L’Etat et ses institutions pris en otage  par un régime
La confiscation et le détournement des services publics, mis au service d’un seul homme.
Les ressources de l’état utilisées abusivement et ostentatoirement par le RDPC ; une aile du palais du congrès, les maisons du parti à travers le territoire, le Palais de l’unité et les bureaux administratifs sont régulièrement mis à contribution sans vergogne et sans contrepartie pour les caisses de l’Etat, dans les activités de ce parti.

4.      4Les média publics confisqués
Les média de service public sont en campagne électorale permanente pour le RDPC. Les moindres frémissements de ce parti sont couvertes et répercutées bruyamment sur les antennes de la CRTV et dans les colonnes de Cameroon Tribune, qui en même temps ignorent, minimisent, discréditent et cherchent à dévaloriser les activités de l’opposition.

5.      Une Fonction publique improductive
Une Fonction publique aux effectifs pléthoriques, dont d’innombrables fictifs qui échappent toujours curieusement aux multiples recensements, et par conséquent improductive, inefficace, budgétivore, plombée par la complaisance, la permissivité, le laxisme, le laisser-aller et l’impunité.
Les salaires amputés unilatéralement et illégalement de 70% sans mesures d’accompagnement ; avec l’inflation galopante et incontrôlée, cette réduction drastique a  entraîné une baisse vertigineuse du pouvoir d’achat et la disparition de la classe moyenne. La régression subséquente de la consommation et donc de la productivité de notre économie sont des obstacles rédhibitoires pour la croissance.

6.      Arrogance des dirigeants
L’arrogance, la morgue, l’irresponsabilité, l’intimidation, la dissimulation, le mensonge éhonté, voilà leur réaction face aux drames résultant de leur incompétence et de leur impéritie.

7.      Liberté d’expression et de manifestation pacifique violée
L’interdiction et la répression illégales des manifestations et des réunions pacifiques des associations de la société civile et des partis d’opposition est récurrente. Conscient de ses multiples défaillances, le régime redoute les moindres rassemblements. La police est plus prompte à empêcher ces évènements qu’à traquer les agresseurs et à prévenir les accidents de circulation. Le carburant qui manque quand les forces de l’ordre sont sollicitées est toujours disponible quand il s’agit de sauter sur les manifestations des « opposants».

8.      Pas de place pour la morale dans ce pays
La morale a été boutée hors de l’espace public. De nombreux scandales impliquant de « hautes personnalités» font les gros titres de la presse ; la rigueur et la moralisation sont devenues de simples slogans auxquels l’initiateur ne croit plus lui-même. On recherche vainement la probité, la vertu, la rectitude morale, le sens de l’honneur et de la dignité dans les actions posées par des dirigeants sans scrupules, cupides, avares, insatiables et animés, à l’image de leur chef d’une voracité sans pareil ; ils poursuivent des objectifs individuels et égoïstes, incompatibles avec les notions de bien commun et d’intérêt général. Notre pays est une jungle où prospèrent les plus âpres au gain, les pêcheurs en eaux troubles, les plus aptes à monter les intrigues et à profiter des situations interlopes, les requins et les rapaces de tout acabit. Tout un Gouvernement en prison alors que les malversations se poursuivent.

9.      Economie à terre.
Le Cameroun a fait cavalier seul pour signer les APE avec l’Union Européenne, alors que les autres pays de la CEMAC observent encore.
Des pans entiers de l’économie, comme le secteur avicole par exemple, souffrent de mesures éminemment contestables et même injustifiées parce que prises sans concertation avec les acteurs principaux. Le Cameroun est ainsi passé d’exportateur à importateur dans certains secteurs. La production nationale a été défavorisée et sacrifiée au profit des étrangers. Vous avez dit gouvernement de renégats ? Comment un pays peut-il se développer en important ce qu’il peut produire ? Et les précieuses devises ainsi perdues ? Non, ce pays est décidément une singularité planétaire.
L’économie qui ne décolle pas, faible taux de croissance, taux de chômage élevé, prédominance du secteur primaire.
La dette publique qui augmente dangereusement et dont le fruit est investi dans des projets controversés, comme  par exemple l’achat de ces cinq cents mille ordinateurs promis à grand renfort de publicité aux étudiants, alors qu’il eût été plus judicieux de construire avec un tel crédit une usine pour monter ces ordinateurs sur place.
Le Cameroun est abonné des plans d’ajustement structurel du FMI, en dépit des promesses de M. Biya de ne jamais recourir à ces institutions chantres de l’ultralibéralisme, d’où l’abandon des secteurs sociaux.

10.  L’école sacrifiée
L’école est abandonnée aux parents qui offrent les sites, construisent et équipent tant bien que mal les salles de classe, prennent en charge le traitement des vacataires. Les établissements publics sont donc rendus aussi chers que les établissements privés à cause des frais d’APEE imposés en toute illégalité. Beaucoup d’élèves sont contraints d’abandonner l’école parce que les parents sont incapables de payer. Et c’est surtout les filles qui sont pénalisées parce que les parents aux moyens limités préfèrent envoyer les garçons à l’école.

11.  La santé abandonnée
La santé délaissée avec citoyens paupérisés, des formations sanitaires aux dénominations pompeuses, mais dénuées de plateau technique adéquat et dont les personnels ont un traitement qui laisse à désirer, d’où les multiples évacuations sanitaires qui coûtent cher, et qui engloutissent les sommes énormes qui auraient pu servir précisément à équiper ces structures.

12.  Le Cameroun otage de la Françafrique
Le Cameroun de Paul Biya demeure avec le Congo de Sassou, le Gabon de la dynastie Bongo, le Tchad de Idriss Déby (pas débile, s’il vous plaît !) un bastion inexpugnable du précarré français où les réseaux françafricains règnent et opèrent en toute quiétude avec la complicité active de leurs satrapes. Voyez le monopole insolent des groupes français Bolloré, Castel, PMUC et ceux qui exploitent les bananeraies dans le Moungo, et qui mettent en coupe réglée notre économie.

13.  Politisation à outrance de la société
La Politisation à outrance de tous les secteurs, il est difficile aux hommes d’affaires de prospérer sans faire allégeance au pouvoir.
L’instrumentalisation de la fiscalité, utilisée pour combattre l’initiative privée indépendante du pouvoir, empêchant ainsi l’émergence de PME, et par conséquent la création de la richesse, et donc des emplois.

14.  Un Président absent et indifférent au malheur de ses compatriotes
Les multiples longs séjours dispendieux, injustifiés et qualifiés de « courts séjours » de M. Biya à l’étranger.
Pas de compassion pour les camerounais endeuillés ; M. Biya n’a jamais assisté aux obsèques et n’a jamais rendu visite aux malades.
Sa femme qui était habillée en tenue rose bonbon un jour de deuil.

15.  Routes dégradées, non entretenues, causes de nombreux accidents
Absences d’infrastructures routières et mauvais  état de ceux existant, d’où de nombreux accidents mortels sur le triangle de la mort. Il faut au six heures pour parcourir moins de 300 km sur nos « axes lourds » : Bamenda-Yaoundé, Bafoussam-Douala, Ngaoundéré-Garoua, Maroua- Kousseri. A l’Est et au Sud-Ouest en saison des pluies, c’est grave. Yokadouma-Mouloundou, Mundemba-Ekondo Titi. La catastrophe ferroviaire du 21 octobre résulte de l’effondrement d’une buse sur l’axe Douala Yaoundé, et elle aurait été évitée si cet axe avait bénéficié des travaux d’entretien.

16.  Refus de rendre compte des dirigeants.
Faces à ces multiples dérives certains essaient d’incriminer tout le monde ; on accuse l’opposition, on accuse le camerounais et certains déclarent même que tout autre camerounais à la place de M. Biya ferait pareil, sinon pire. Et voilà l’objectif du régime atteint ; faire croire que personne d’autre ne peut mieux faire. D’autres rappellent qu’on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque camerounais. Mais ce pays a des dirigeants qui se sont couverts de privilèges et qui disposent de moyens colossaux pour  jouer leur rôle. Le Président dans ce pays concentre d’énormes pouvoirs. Il ne saurait honnêtement prétendre qu’il a fait de son mieux, qu’il a fait le meilleur usage possible de ces moyens mis à sa disposition, il ne saurait prétendre qu’il n’a été guidé que par l’intérêt supérieur du peuple. C’est pour cela qu’il profite de sa position pour repousser autant que possible, à défaut de l’éviter, le jour fatidique où il devra rendre compte.
Le Cameroun piétine, recule, notre pays se porte mal et regrette ce jour maudit où Ahidjo a eu la très mauvaise idée de confier les rênes d’un pays comme le Cameroun à une personnalité qu’il qualifiera lui-même ensuite de « faible, fourbe et hypocrite».

17.  Elections frauduleuses
Les élections ont toujours été grossièrement truquées et dévoyées par une administration partisane avec pour conséquence un pouvoir et des institutions illégitimes et à la représentativité douteuse.
Comment avec de tels manquements un régime a-t-il réussi à tenir 34 ans au pouvoir ? Vous convenez que dans un contexte démocratique une telle « prouesse » est impossible. Si les élections étaient vraiment des occasions où le pouvoir remettait en jeu son mandat, avec la possibilité réelle pour les électeurs de sanctionner les défaillances observées, nulle doute que ce régime aurait été balayé depuis des lustres, et c’est du reste ce qui est arrivé en 1992 ; mais M. Biya a perpétré un coup de force pour se maintenir au pouvoir, alors qu’il avait perdu. Je n’arrive toujours pas à m’expliquer comment des camerounais qui revendiquent toutes sortes de titres (intellectuels diplômés de grandes universités, chrétiens, musulmans, hauts gradés de l’armée, hauts dignitaires, chefs traditionnels, sultans, lamidos, fons, paramount chiefs, etc. ) qui se veulent respectables ont pu avaliser une telle forfaiture. La peur de représailles du pouvoir y est certainement pour beaucoup. Mais il faut aussi dire que le soutien au régime est loin d’être un acte altruiste ; cela peut en effet rapporter gros : promotion aux hautes fonctions, faveurs du régime, tolérances administratives, etc. Ce n’est pas M. Charles Ndongo qui me démentirait, lui qui a déclaré après sa nomination comme DG de la CRTV, que par ce geste, le Président de la République lui a sauvé la vie, avant d’ajouter que la CRTV est le tam-tam du Chef de l’Etat. Peut-on s’attendre à ce qu’il fasse preuve de professionnalisme en restant neutre et objectif dans le traitement de l’information après de telles déclarations ?

Les réalisations qui nous sont présentées comme des dons généreux du couple présidentiel sont ridicules et dérisoires si l’on tient des comptes des ressources dont ce pays regorge. Il faut se demander quel pourcentage cela représente par rapport aux objectifs que s’est fixés ce Gouvernement. On verra alors qu’on est très loin du compte, et qu’il n y a vraiment pas de quoi pavoiser.
Ce pays mérite mille fois mieux que çà.

061116
Jean-Claude TCHASSE
Auteur, speaker, essayiste

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