jeudi 31 mai 2018

LES SPECIFICITES ET LES COMPLEXITES DU SYSTEME ANGLOPHONE EXPLIQUEES AUX FRANCOPHONES.

LES SPECIFICITES ET LES COMPLEXITES DU SYSTEME ANGLOPHONE 
EXPLIQUEES AUX FRANCOPHONES.
L’engouement des francophones pour le système anglophone ne se dément pas à mesure que les années passent. Les établissements bilingues se multiplient à travers la République et de plus en plus de francophones inscrivent leurs enfants au système anglophone. Il est donc important que les parents soient conscients des différences de conception et d’approche des deux systèmes qui résultent de deux perceptions et de deux civilisations différentes, même si au final les produits se retrouvent parfois dans les mêmes universités et sur le même marché du travail.
Au secondaire, le premier cycle dure cinq ans, de Form I à Form V au terme desquels l’élève se présente au premier examen officiel, le General Certificate of Education Ordinary Level (GCE ‘’O’’ level). De Form I (F I) à Form III (F III), c’est une sorte tronc commun. Tout le monde est soumis aux mêmes enseignements. A partir de Form IV (F IV) des différences basées sur les aspirations et les ambitions de l’enfant pour le second cycle et l’enseignement supérieur apparaissent. Le programme de l’examen ‘’O’’ level qui se compose à la fin de Form V commence véritablement à F III. En F III et F IV on couvre déjà 60 à 70 % du programme de l’examen selon les matières. C’est dire que certaines matières peuvent s’étaler sur trois ans. C’est ainsi que certains enseignants conduisent ce que l’on peut considérer comme une promotion de F III à F V. Il faut donc dès F III un gros cahier qui va tenir sur 3 ans pour ces disciplines. A F V c’est le reste qui est enseigné (30 à 40%). Les Sciences sont fondées sur la chimie et non sur les maths, puisqu’il existe des séries scientifiques sans maths, mais la chimie demeure incontournable. Il faut dire que ces élèves qui passent le ‘’A’’ level sans les maths iront défavorisés aux concours des écoles scientifiques qui ont généralement une épreuve de maths.
A partir de F IV il y a 5 matières (English, Maths, Economics, Geography, French) qui constituent l’ossature et qui sont de ce fait incontournables (compulsory subjects), auxquelles l’élève peut ajouter des matières optionnelles (elective subjects), et chaque élève peut choisir jusqu’à cinq matières optionnelles s’il le souhaite ; cela dépend des capacités de l’enfant. Les matières qu’il ajoute dépendent de la série qu’il souhaite embrasser au second cycle. Certains peuvent s’en tenir aux obligatoires ci-dessus, mais qu’ils sachent qu’ils auront des problèmes au second cycle puisqu’ils ne pourront pas faire les séries scientifiques qui exigent la chimie, par exemple. 
Le ‘’O’’ level se passe avec 5 matières au minimum, dont les matières communes (compulsory subjects),  et les matières d’orientation (elective subjets). Il faut valider chacune des cinq matières choisies, considérées individuellement. Il n’y pas de moyenne générale comme chez les francophones. Il n’a pas de coefficient ou de pondération, chaque matière est notée sur 100. On peut avoir de très bonnes notes (A grades) en 4 matières et échouer, pour n’avoir pas validé la cinquième. On compose au ‘’O’’ level au maximum en 11 matières dont le religious knowledge. 
Du coup il devient possible pour certains élèves de passer sans avoir validé certaines matières fondamentales, auquel cas ils évoluent, s’ils tiennent à continuer, mais ce sera avec des dettes qu’ils devront obligatoirement payer avant le ‘’A’’ level. Aucun titulaire du ‘’A‘’level ne peut être admis dans une aucune université anglo-saxonne s’il n’a validé « English » au ‘’O’’ level. « English » est une matière difficile qui comprend la langue anglaise (orthographe, grammaire, etc.) et littérature anglaise, ce qui est la base incontournable pour poursuivre les études dans le système anglophone. Ceci est valable au Cameroun et dans les autres pays. 
Ceux qui avancent avec des dettes (c’est-à-dire des matières de la classe précédente qu’ils n’ont pas pu valider) s’éliminent eux-mêmes pour certains concours puisqu’on précise que les candidats à ces concours doivent avoir validé toutes les matières requises en une seule session ; il vaut mieux reprendre toutes les matières, même si on a été déclaré admis plutôt que de continuer avec les dettes. Pour qu’une matière soit déclarée validée il faut avoir obtenu une note qui correspond aux grades A, B, C pour ‘’O’’ level et A, B, C, D, E au ‘’A’’ level. Seulement, certaines universités performantes exigent certains grades (donc de bonnes notes) en certaines matières au ‘’O’’ level et au ‘’A’’ level. Dans les deux cas le minimum exigé pour passer, c’est 50% au ‘’O’’ level et 45% au ‘’A’’ level.
L’élève qui n’a pas validé chemistry au ‘’O’’ level  ne peut être admis dans la série scientifique. En série  Sciences (S1 à S8 selon les combinaisons) comme dans la série Art (c’est langue, littérature, économie, humanités, etc.) il y des sous-groupes correspondant à des combinaisons précises de matières, et l’élève qui passe le ‘’O’’ level doit avoir, parmi les matières validées des combinaisons correspondant aux sous-groupes des différentes séries.  Il peut arriver que le sous-groupe pour lequel les matières validées rendent l’enfant éligible ne correspondent pas au choix de l’enfant. Dans ce cas, soit il renonce à série, soit il reprend le ‘’O’’ level en s’assurant qu’il va valider les matières conduisant à la série de son choix, soit enfin, il avance au second cycle dans la série de choix, mais avec une dette.
Le GCE Advanced level (‘’A’’ level) se passe avec deux matières au minimum et cinq au maximum pour chaque série concernée, mais il importe de savoir qu’avec ce type de diplôme, le détenteur n’est pas éligible pour beaucoup d’opportunités. Il ne sera pas admis à candidater pour certains concours par exemple, et ne sera pas admis dans certaines universités. D’où la nécessité pour les parents d’encourager les enfants à valider au moins trois matières au GCE ‘’A’’ level. Plus le nombre de matières validées est élevé, plus les possibilités sont grandes pour l’enfant. Un élève qui valide cinq matières au A level est un enfant brillant. Mais malheureusement un tel enfant, bien que brillant peut échouer les concours des grandes écoles francophones parce que les épreuves sont de mauvaises traductions des épreuves conçues pour les élèves issus d’un système différent. Même si la traduction est bonne le problème reste entier. Il faudrait des épreuves conçues par des professeurs du système anglophone. Donc une épreuve pour les francophones et une autre pour les anglophones.
Le second cycle a deux niveaux : le Lower sixth et le Upper sixth. C’est comme une classe qui se fait en deux ans. Le programme de chaque matière s’étale donc sur deux ans. 
Il arrive que la même matière soit enseignée par des professeurs différents. Il peut y avoir jusqu’à trois professeurs voire quatre et chacun contribue à la note finale en fonction du pourcentage de sa partie. Et chaque partie a donc son professeur, son livre, son cahier et son épreuve à l’examen officiel (on dira par exemple history paper 1). La notion de matière n’est donc pas la même que chez les francophones. 
Les élèves du système anglophone qui veulent affronter les concours dans les écoles à dominante mathématique (écoles d’ingénieurs, Facultés des sciences) devraient faire « further maths » en sus de « pure maths » qui fait partie des matières obligatoires. Ceux qui font « economics » ne doivent pas négliger les maths même s’ils sont dans une série qui n’a pas maths comme matière obligatoire.
Ce que nous appelons philosophie et qui ne s’enseigne qu’en classe Terminale est enseigné dès Form III au premier cycle et on l’appelle « logic ». Cela continue aux deux dernières années du second cycle dans les séries « arts ».
Les travaux pratiques sont incontournables dans le système anglophone pour la série scientifique et pour food and nutrition, puisqu’ils comptent pour 30% à l’examen officiel. D’où la nécessité de doter les établissements scolaires en laboratoires équipés.
Les examens officiels (‘’O’’ level et ‘’A’’ level) qui se font à la même période (fin mai-mi juin) s’étalent sur une plus longue durée (3 semaines). L’élève ne compose pas chaque jour, et il est aussi question d’éviter les chevauchements, surtout pour les candidats qui composent aux deux examens. Chaque élève reçoit un emploi du temps individuel, signé du Chef de centre et comportant photos, identification du candidat, les frais payés par matière, les dates et heures de passage de ses épreuves. Le parent qui ne voit pas cet emploi du temps individuel doit savoir que son enfant n’a pas été admis à composer, ou qu’il y a un problème. Il faut payer pour chaque matière. Les Travaux pratiques à l’examen se font uniquement au A level. Et les frais y afférents varient d’une matière à l’autre.
La loi d’orientation scolaire de 2005 prévoyait de supprimer le Probatoire et le BEPC et de les remplacer par un examen en fin de cinquième année du secondaire ; mais cela n’a jamais été mis en application. 
Chacun des deux systèmes a ses avantages, et il serait peut-être intéressant de dégager les points positifs de chacun des deux et d’en tirer le meilleur en fonction des besoins réels de notre pays. Dans la mesure où les pays où nous avons copié ces systèmes respectifs les ont fait évoluer en fonctions de leurs besoins à eux. Les produits des deux systèmes font face à des problèmes similaires : difficultés d’insertion en raison aussi des diplômes au rabais et inutiles délivrés : mauvaise combinaison de matières au ‘’O’’ level, ‘’A’’ level avec deux matières, ‘’A’’ level obtenu sans avoir validé la matière « English » et dont les détenteurs se retrouvent dans les universités francophones, matières validées à 45%, délibérations chez les francophones qui sont transformés en séance d’ajout de points complaisants, etc. 
310518
Jean-Claude TCHASSE et Charles NKWINJA

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