COUP D’ÉTAT EN
CENTRAFRIQUE
Les raisons de s’inquiéter
Le
renversement du régime de Bozizé en Centrafrique, le 24 mars 2013 est un
évènement qui donne à réfléchir. En effet, cette ancienne colonie française est
d’une instabilité extraordinaire ; les régimes se succèdent à Bangui
depuis la prétendue indépendance de ce pays, les uns plus médiocres que les
autres. David Dacko, qui a remplacé le Premier Président Barthélémy Boganda décédé
le 29 mars 1959 dans un crash aérien suspect, est renversé par son cousin Bokassa en
1965 ; David Dacko est ramené au pouvoir en 1979 par les paras
français ; en 1981, il est à son tour renversé par André Kolingba ; Ange
Félix Patassé est élu en 1993 ; il a eu deux mandants mouvementés marqués
par des crises et des conflits graves pendant lesquels la France, la Lybie et
les miliciens de Jean-Pierre Bemba ont dû intervenir ; il est finalement
renversé en 2003 par son ancien Chef d’état major, un certain Général Bozizé. C’est
ce Bozizé qui vient à son tour d’être chassé du pouvoir comme un malpropre par
Michel Djotodia. On se souvient même
que cet état a été un empire avec le burlesque Bokassa, soutenu par la France,
dont il avait acheté les dirigeants d’alors à coups de diamants ; qui en
sort perdant ? Le peuple centrafricain, pardi. Le régime de Bozizé s’est
écroulé comme un château de cartes ; son armée, si tant est qu’elle
existait n’a pas pu résister aux rebelles de la Seleka, qui ont pris Bangui
avec une facilité déconcertante. D’où sont venus ces rebelles ? Qui les a
armés ? L’avenir nous le dira. En tout état de cause, le nouveau maître de
Bangui devra se montrer reconnaissant envers son ou ses mentors.
Quand on y regarde de près, cette instabilité ne concerne pas
seulement la Centrafrique ; les autres pays de la sous région, et d’une manière
générale les anciennes colonies françaises et belges, à quelques exceptions
près, ont connu ou sont encore secoués par des guerres et des conflits armés ou
alors sont pris en otage par des régimes autocratiques hostiles à toute
alternance démocratique, qui ont transformé leurs pays en royaumes et en
dynasties. Ainsi par exemple, Le Tchad a connu des guerres fratricides ; le
régime de Idriss Déby ne doit son maintien qu’aux interventions de l’armée
française ; au Congo, Sassou Nguesso est revenu au pouvoir à l’issue d’une
guerre fratricide et meurtrière en 1997. Le Congo démocratique est de fait
divisé. La rébellion du M 23 et les autres groupes armés donnent du fil à
retordre au régime de Kabila fils dans le Kivu. Le Gabon et le Togo sont des
dynasties ; Bongo fils et Eyadéma fils ont succédé à leurs pères
respectifs par des élections entachées de fraudes monstrueuses ; le Cameroun
est pris en otage par un régime incompétent, corrompu et tribaliste qui
s’accroche par des simulacres d’élections et pour qui la constitution est un
vulgaire papier que l’on modifie comme on veut. La Côte d’ivoire que la France
aurait pu brandir comme modèle de coopération réussie, est en guerre depuis
2002. Au Mali, c’est la guerre animée par des jihadistes qui ont récupéré
l’armement offert par la France aux insurgés qui combattaient Kadaffi. Le
Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso, la Guinée, le Bénin ont connu des coups
d’état. Le Rwanda et le Burundi ont été les théâtres de conflagrations meurtrières et peinent à se remettre de ces
évènements sanglants. Seul le Sénégal émerge comme exemple de réussite
démocratique, où l’alternance au pouvoir est une réalité vécue.
Qu’étaient venus chercher les européens en Afrique ? Ils
vous répondent qu’ils sont venus nous « civiliser », nous sortir de
la barbarie et de la sauvagerie ; entre autres, ils devaient nous montrer
comment mettre sur pied des états
fiables que nous devions être nous-mêmes capables de gérer, pour le bonheur de
nos peuples. Voilà plus de cinquante ans que ces blancs sont partis, et force est
de constater que ces objectifs n’ont pas été atteints, avec la situation peu
reluisante décrite plus haut. Ils sont venus, ils se sont largement servis de
nos richesses humaines et matérielles ; pour quelle contre partie ? Qu’est-ce
qu’ils nous ont apporté si ce n’est cette dépendance économique et ce
déracinement culturel qui sont autant d’obstacles au développement de nos
pays ?
Faut-il accuser les blancs ? Ils ont leur part de
responsabilité ; il faut le dire, leur motivation n’était pas purement
philanthropique quand ils venaient en Afrique, tant s’en faut ; ils
recherchaient des territoires à exploiter et à dominer, c’est tout ; c’est
pour cela que le processus d’accès à la souveraineté des colonies a été faussé ;
les dés ont été pipés ; ils ont veillé à écarter et à assassiner les
nationalistes et les patriotes, tout en soutenant des marionnettes et des
valets dont le rôle principal était de sauvegarder leurs intérêts après leur
départ apparent. Le virus de la fraude aux élections a été introduit par les
colonisateurs qui tenaient à faire gagner par tous les moyens les candidats et
les partis qui avaient leur faveur.
Maintenant que dire des colonisés ? Sont-ils vraiment
des victimes innocentes ? Les colonisateurs ont trouvé sur place des soutiens que dis-je des sous-fifres
et des traîtres dans leur entreprise soit disant civilisatrice. Le savoir que
les blancs étaient venus nous apporter sont dans les livres que certains
d’entre nous ont lu et ont bien compris ; et après cinquante ans, avec les
descendants de colonisés qui ont atteint de très hauts niveaux de formation, et
cela dans tous les domaines de la connaissance, les responsabilités sont nécessairement
partagées ; comme signalé plus
haut, les patriotes ont été écartés ; au profit d’autres indigènes mus
uniquement par le goût du lucre, l’appât du gain, la recherche des honneurs et
des privilèges ; ils savent très bien où sont les intérêts de leurs
peuples ; mais ils préfèrent soutenir le pouvoir parce que cette posture
là rapporte ; des espèces sonnantes et trébuchantes, rien de tel pour vous
permettre de vous affirmer, et d’avoir une position, d’être en vue et d’être considéré dans la société ; voilà
ce qui fait courir nos professeurs agrégés, quand ils organisent des états
majors de fraude à l’occasion des élections pour faire « gagner » et
maintenir au pouvoir des régimes illégitimes et incompétents qui sont
responsables du naufrage économique de nos pays.
C’est pourquoi malgré nos immenses ressources, nos pays
restent sous développés plus de cinquante ans après l’indépendance.
290313
TCHASSÉ Jean-Claude
PLEG HE/Bafoussam
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