RÉPRESSION
ABUSIVE DES MANIFESTATIONS AU CAMEROUN
Deux poids, deux mesures
Le Conseil National de
la Jeunesse, organisation obscure dont on se demande ce qu’il a déjà fait pour
la jeunesse camerounaise et les moto taximen des Hauts-Plateaux auraient
organisé une marche de remerciements à M. Biya pour son discours du 10 février
2013 à la jeunesse; la manifestation a eu lieu le 20 mars 2013 à Baham. La
cérémonie était couverte par les médias d’état ; le Préfet de céans a
participé ; il est même allé jusqu’à monter sur une moto taxi conduit dit-on,
par une femme.
Comment peut-on remercier pour des promesses vagues, qui
plus est ? On peut exprimer sa gratitude pour des actes concrets, et encore !
Comment peut-on remercier un gouvernement qui peine à tenir ses promesses
depuis 30 ans ; un gouvernement qui par ses manquements, ses insuffisances
criardes et son impéritie est responsable de la dégradation du standard de vie
des camerounais ? Comment peut-on remercier de telles personnes, dont de
nombreux seraient en prison si notre justice était juste et impartiale ?
De telles manifestations vont plutôt contribuer à conforter les gouvernants
dans leurs dérives et leurs malversations, au moment où il aurait fallu les dénoncer
et les condamner, pour les amener à faire preuve de responsabilité et de
patriotisme.
Il y a deux semaines dans ce même département des
Hauts-Plateaux, le MRC du Pr Maurice Kamto n’a pas pu tenir une réunion dans
une salle qu’il avait pourtant préalablement obtenue, en raison d’un oukase de
dernière minute venant du Maire RDPC de la Commune de Baham, interdisant ladite
réunion.
On se rappelle les tribulations du Parti du Professeur
Agrégé, lors de son lancement à Yaoundé dues aux interdictions abusives du Sous
Préfet d’alors, aujourd’hui Préfet des Hauts Plateaux. Sa promotion est
certainement une récompense pour son ardeur à combattre le MRC.
D’une façon générale, les marches, les rassemblements et
autres manifestations ne sont autorisées que lorsque ceux-ci ont pour but de
soutenir M. Biya et son régime. De telles manifestations sont largement
couvertes par les médias publics, les autorités administratives ne se font pas de
scrupules pour se départir de la neutralité et de l’impartialité qu’elles sont
censées observer, et à participer activement, comme ce Préfet qui n’hésite pas
à monter sur une moto taxi.
Mais si vous vous avisez d’organiser une manifestation pour
dénoncer la corruption, les coupures intempestives de lumière et d’eau, les
détournements impunis de deniers publics, les crimes rituels, la montée de
l’insécurité, le chômage des jeunes, si vous vous avisez d’organiser une telle
manifestation au Cameroun du renouveau et des grandes réalisations,
l’administrateur du coin va l’interdire pour « trouble à l’ordre
public » ; il va envoyer les forces de l’ordre pour la réprimer sans
ménagement ; il y aurait même des milices privées montées par certains pontes
pour casser du manifestant ; pourtant les forces de l’ordre sont là en
principe pour couvrir les manifestations et canaliser les manifestants, et
assurer le maintien de l’ordre et la paix.
De quoi les administrateurs et leurs mandants ont-il
peur ? Si les thèmes ci-dessus cités ne sont pas des problèmes
pertinents, toute manifestation y relative
devrait laisser les camerounais indifférents ; puisque d’après les
journaux de la CRTV, le Cameroun est très bien géré par un homme
providentiel ; les forces de l’ordre ne devrait avoir aucun souci pour
assurer la paix pendant ces
manifestations. Alors, qu’est-ce qui fait problème ?
Comment comprendre que les moto taximen, les laissés pour
compte, les victimes des multiples exactions du régime manifestent pour
soutenir M. Biya ? Vous avez dit sado masochisme ? Ce Préfet qui est
monté sur une moto taxi en signe de soutien à la manifestation accepterait-il
que ses enfants exercent ce «métier » ? Les jeunes exercent ce
« métier », faute de mieux ; et certains finissent par s’en
contenter, à cause de l’aggravation de la situation économique, de la gabegie
et de l’incurie des gouvernants ; ce sont des diplômés qui n’ont pas pu
trouver d’emploi à la hauteur de leurs espoirs légitimes, ces sont les victimes
de nombreux dysfonctionnements qui compromettent notre système éducatif.
Comment des jeunes conscients de leurs nombreux problèmes et des causes de ces
problèmes peuvent-ils organiser une telle manifestation ? La réponse est
simple : vulnérables comme ils sont, ils sont la proie des hommes
politiques sans envergure, véritables charognards en mal de positionnement qui
les manipulent ainsi ; voilà l’explication de cette situation paradoxale,
où les victimes disent soutenir leurs bourreaux, au lieu de les dénoncer et de
les combattre.
210313
Jean-Claude
TCHASSE
PLEG Hors
Échelle
Bafoussam
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