jeudi 21 mars 2013

RÉPRESSION ABUSIVE DES MANIFESTATIONS AU CAMEROUN Deux poids, deux mesures


RÉPRESSION ABUSIVE DES MANIFESTATIONS AU CAMEROUN
Deux poids, deux mesures

Le Conseil National de la Jeunesse, organisation obscure dont on se demande ce qu’il a déjà fait pour la jeunesse camerounaise et les moto taximen des Hauts-Plateaux auraient organisé une marche de remerciements à M. Biya pour son discours du 10 février 2013 à la jeunesse; la manifestation a eu lieu le 20 mars 2013 à Baham. La cérémonie était couverte par les médias d’état ; le Préfet de céans a participé ; il est même allé jusqu’à monter sur une moto taxi conduit dit-on, par une femme.
Comment peut-on remercier pour des promesses vagues, qui plus est ? On peut exprimer sa gratitude pour des actes concrets, et encore ! Comment peut-on remercier un gouvernement qui peine à tenir ses promesses depuis 30 ans ; un gouvernement qui par ses manquements, ses insuffisances criardes et son impéritie est responsable de la dégradation du standard de vie des camerounais ? Comment peut-on remercier de telles personnes, dont de nombreux seraient en prison si notre justice était juste et impartiale ? De telles manifestations vont plutôt contribuer à conforter les gouvernants dans leurs dérives et leurs malversations, au moment où il aurait fallu les dénoncer et les condamner, pour les amener à faire preuve de responsabilité et de patriotisme.
Il y a deux semaines dans ce même département des Hauts-Plateaux, le MRC du Pr Maurice Kamto n’a pas pu tenir une réunion dans une salle qu’il avait pourtant préalablement obtenue, en raison d’un oukase de dernière minute venant du Maire RDPC de la Commune de Baham, interdisant ladite réunion.
On se rappelle les tribulations du Parti du Professeur Agrégé, lors de son lancement à Yaoundé dues aux interdictions abusives du Sous Préfet d’alors, aujourd’hui Préfet des Hauts Plateaux. Sa promotion est certainement une récompense pour son ardeur à combattre le MRC.
D’une façon générale, les marches, les rassemblements et autres manifestations ne sont autorisées que lorsque ceux-ci ont pour but de soutenir M. Biya et son régime. De telles manifestations sont largement couvertes par les médias publics, les autorités administratives ne se font pas de scrupules pour se départir de la neutralité et de l’impartialité qu’elles sont censées observer, et à participer activement, comme ce Préfet qui n’hésite pas à monter sur une moto taxi.
Mais si vous vous avisez d’organiser une manifestation pour dénoncer la corruption, les coupures intempestives de lumière et d’eau, les détournements impunis de deniers publics, les crimes rituels, la montée de l’insécurité, le chômage des jeunes, si vous vous avisez d’organiser une telle manifestation au Cameroun du renouveau et des grandes réalisations, l’administrateur du coin va l’interdire pour « trouble à l’ordre public » ; il va envoyer les forces de l’ordre pour la réprimer sans ménagement ; il y aurait même des milices privées montées par certains pontes pour casser du manifestant ; pourtant les forces de l’ordre sont là en principe pour couvrir les manifestations et canaliser les manifestants, et assurer le maintien de l’ordre et la paix.
De quoi les administrateurs et leurs mandants ont-il peur ? Si les thèmes ci-dessus cités ne sont pas des problèmes pertinents,  toute manifestation y relative devrait laisser les camerounais indifférents ; puisque d’après les journaux de la CRTV, le Cameroun est très bien géré par un homme providentiel ; les forces de l’ordre ne devrait avoir aucun souci pour assurer la paix pendant  ces manifestations. Alors, qu’est-ce qui fait problème ?
Comment comprendre que les moto taximen, les laissés pour compte, les victimes des multiples exactions du régime manifestent pour soutenir M. Biya ? Vous avez dit sado masochisme ? Ce Préfet qui est monté sur une moto taxi en signe de soutien à la manifestation accepterait-il que ses enfants exercent ce «métier » ? Les jeunes exercent ce « métier », faute de mieux ; et certains finissent par s’en contenter, à cause de l’aggravation de la situation économique, de la gabegie et de l’incurie des gouvernants ; ce sont des diplômés qui n’ont pas pu trouver d’emploi à la hauteur de leurs espoirs légitimes, ces sont les victimes de nombreux dysfonctionnements qui compromettent notre système éducatif. Comment des jeunes conscients de leurs nombreux problèmes et des causes de ces problèmes peuvent-ils organiser une telle manifestation ? La réponse est simple : vulnérables comme ils sont, ils sont la proie des hommes politiques sans envergure, véritables charognards en mal de positionnement qui les manipulent ainsi ; voilà l’explication de cette situation paradoxale, où les victimes disent soutenir leurs bourreaux, au lieu de les dénoncer et de les combattre.
210313
Jean-Claude TCHASSE
PLEG Hors Échelle
Bafoussam

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