NOUS POUVONS CHOISIR QUI ET COMMENT NOUS VOULONS ETRE SUR CETTE TERRE.
Tel est le titre que je peux donner
à cette note de lecture de l’ouvrage My
stroke of insight ; l’AVC qui m’a ouvert les yeux du Dr Jill Bolte Taylor.
C’est le livre écrit et publié en
2006 par une neuroanatomiste victime d’un AVC à l’âge de 37 ans. Cet accident était
dû à une malformation congénitale, qui a causé une hémorragie dans son cerveau.
L’auteur décrit en tant que spécialiste du cerveau (brain scientist) comment elle
a vécu cette maladie et nous explique que grâce à cet AVC, elle a découvert des
aspects du cerveau que ses longues études et son travail ne lui avaient pas
permis de connaître. Elle a notamment réalisé la beauté et la capacité de
résilience de cet organe.
Elle a parlé du cerveau et de ses
deux hémisphères, de leurs rôles différents et complémentaires. Elle a signalé
le cas de cette personne qui a mené une existence normale, mais dont le cerveau
n’était constitué que d’un hémisphère. Elle explique qu’à la suite de son
accident le cerveau gauche a été la partie la plus affectée ; elle n’avait
pas pour autant perdu conscience et elle explique qu’elle percevait des
informations du monde extérieur, bien qu’elle éprouvait des difficultés pour
les comprendre et les interpréter normalement ; ses capacités cognitives
ont été touchées. Elle relève une certaine euphorie et la paix profonde qu’elle
a ressenties quand son dialogue interne a cessé, au point d’avoir hésité quant
à savoir si elle souhaitait une guérison qui l’aurait arrachée au monde où son
accident l’avait plongée, dans lequel elle disait être devenue fluide parce que
ne voyant plus les limites de son corps. Elle pensait être devenue un avec
l’univers qui l’entourait. Selon elle les cellules nerveuses, les neurones, ne
se reconstituent pas. On parle pourtant aujourd’hui de neurogenèse pour dire
que les cellules nerveuses, comme les autres peuvent être regénérées à partir
des cellules souches. La plasticité du cerveau renvoie à la possibilité
d’établir de nouvelles connexions entre les neurones. Elle a également évoqué
la capacité du cerveau à se réparer suite aux AVC.
Ce livre apprend aussi bien aux
garde-malades qu’au personnel soignant quelle est la meilleure attitude à
adopter face à un malade qui a perdu l’usage de la parole suite à un AVC. Un
tel malade est conscient, même s’il a momentanément perdu l’usage de la parole,
mais n’est pas sourd. Pas besoin de crier quand on veut lui parler.
Elle a décrit deux types
d’AVC : celui dû à un caillot de sang qui bloque l’artère et empêche
l’approvisionnement en oxygène du cerveau, c’est le type ischémique, et celui
qui est dû à la différence de pression entre les artères et les veines au point
de jonction entre ces vaisseaux, qui finit par causer une hémorragie.
Le langage non verbal détecté par
le cerveau gauche se réfère à l’expression faciale, le ton de la voix, le
langage corporel.
Elle décrit dans le détail le
processus de guérison qui a mis huit ans pour parvenir à son terme. Quand elle
publiait cet ouvrage en 2002 elle n’avait pas totalement recouvré ses
capacités, qu’elle croyait avoir perdues ; elle s’est même imaginé qu’on
allait lui retirer son Ph. D.
Elle a appris qu’elle pouvait se
servir de son esprit gauche pour dire à son cerveau ce qu’elle voulait et a réalisé
qu’elle ne souhaitait pas retrouver certains traits de sa personnalité d’avant
l’accident. Elle a compris que sa perception et son interprétation de la
réalité ne dépend que d’elle seule. Rien d’extérieur à elle n’avait le pouvoir
de la priver de sa paix intérieure.
L’accident lui a permis de prendre
conscience du pouvoir dont elle dispose de se choisir une personnalité, de
contrôler ses pensées et ses émotions.
Eviter de se plaindre, compter ses
bénédictions, être reconnaissant, voilà la nouvelle attitude que son AVC lui a
permis de développer. Elle mentionne l’importance de la visualisation dans son
processus de guérison.
Le cerveau droit est surtout connu
pour son inaptitude à appréhender le langage verbal et la pensée linéaire,
alors que le cerveau gauche est le siège du langage, de la pensée linéaire et rationnelle,
et de la conscience.
« The more conscious attention we pay to any particular circuit, or
the more time we spend thinking specific thoughts, the more impetus those
circuits or thought patterns have to run again with minimal external
stimulation. »
Tout se passe comme si note cerveau
héberge deux personnalités de caractères différents, voire opposés, siégeant
chacune dans un hémisphère de notre cerveau.
En tant que créatures biologiques,
nous sommes des personnes profondément puissantes. Nous sommes des
chefs-d’œuvre de la vie.
Nos esprits sont des outils
hautement sophistiqués capables de jouer au jeu de « cherches et tu
trouveras » ; on trouve toujours plus de ce sur quoi nous focalisons
notre attention.
« For many of us, these loops of thought run rampant and we find
ourselves habitually imagining devastating possibilities. Unfortunately, as a
society, we do not teach our children that they need to tend carefully the
garden of their minds. Without
structure, censorship, or discipline, our thoughts run rampant on automatic.
Because we have not learned how to more carefully manage what goes on inside
our brains, we remain vulnerable to not only
what other people think about us, but also to advertising and/or
political manipulation. »
La vie est trop courte pour trouver
du temps à consacrer aux blessures du passé.
« I define responsibility (response-ability) as the ability to
choose how we respond to stimulation coming in through our sensory systems at
any moment in time. “
“It is so easy to get caught up in the wiring of our pre-programmed
reactivity (limbic system) that we live our lives cruising along on automatic
pilot. I have learned that the more attention my higher cortical cells pay to
what’s going on inside my limbic system, the more say I have about what I am
thinking and feeling. By paying attention to the choices my automatic circuitry
is making, I own my power and make more choices consciously. In the long run, I
take responsibility for what I attract into my life. “
Il y a un bagage émotionnel
douloureux que nous sommes biologiquement programmés à trainer avec nous.
« To monitor how things are going in my life, I pay very close
attention to how things are flowing, or not flowing in the world around me.
Depending on what I am attracting, I take responsibility for how things are
going and consciously make adjustments along the way. This does not mean that I am in complete control of everything that
happens to me. However, I am in control of how I choose to think and feel about
those things. “
Apprenons à développer notre
capacité à nous placer en observateur des pensées parfois indésirables et
néfastes qui se bousculent dans notre esprit et en disant à notre cerveau que nous
n’en voulons plus. Exprimons notre préférence pour des pensées plus
constructives et plus capacitantes.
« The more
aware I remain about what my brain is saying and how those thoughts feel inside
my body, the more I own my power in choosing what I want to spend my time
thinking about and how I want to feel. If I want to retain my inner
peace, I must be willing to consistently and persistently tend the garden of my
mind moment by moment, and be willing to make the decision a thousand times a
day. “
« I believe it is vital to our health that we pay very close
attention to how much time we spend hooked into the circuitry of anger, or the
depths of despair. Getting caught up in these emotionally charged loops for
long periods of time can have devastating consequences on our physical and
mental well-being because of the power they have over our emotional and
physiological circuitry. “
« The healthiest way I know how to move through an emotion
effectively is to surrender completely
to that emotion when its loop of physiology comes over me. I simply resign to
the loop and let it run its course for 90 seconds. Just like children, emotions
heal when they are heard and validated.
Over time, the intensity and frequency of these circuits usually abate. “
Cette dame nous explique comment elle
se programme pour rester en bonne santé en exprimant aux 50 mille milliards de
cellules de son corps sa profonde gratitude chaque soir et chaque matin pour
leur travail dans ce sens.
“When I’m having hunger pangs and can’t get to food, I remind my cells
that I have fuel (fat) stored on my hips.”
« From my
perspective, the focused human mind is the most powerful instrument in the
universe, and through the use of language, our left brain is capable of
directing (or impeding) our physical healing and recovery. “
La paix intérieure profonde ne tient qu’à une pensée.
« The feeling of peace is something that happens in the present
moment. It’s not something that we bring with us from the past or project into
the future. Step one to experiencing inner peace is the willingness to be
present in the right here, right now. “
La civilisation occidentale et son
école que nous recopions aveuglément valorise et promeut le cerveau gauche, ce
qui rend difficile la prise de conscience des circuits neuronaux pourtant
indispensables du cerveau droit. L’illumination passe donc par un processus de
désapprentissage.
Revenir au moment présent, vivre
l’instant présent, en se concentrant sur sa respiration permet de se
débarrasser des pensées parasites et nocives qui consomment notre énergie, qui
sont à l’origine des émotions négatives comme l’inquiétude, l’anxiété, la peur,
les remords, les regrets.
Elle recommande de prendre le temps
d’apprécier la nourriture consommée ; cela permet de la déguster et on
évite de manger hâtivement ; ce faisant il est difficile d’entretenir des
pensées anxiogènes et sources de stress.
L’auteure nous apprend à revenir à
l’instant présent, à nous détacher de l’emprise des pensées négatives par nos
cinq sens pour toujours mieux vivre l’instant présent. Il y a aussi les
mouvements physiques ; le yoga, le taï chi, et autres. Elle préconise aussi
la répétition des affirmations (mantra), et la méditation comme moyens pour
revenir à l’instant présent.
Nous sommes des êtres faits
d’énergie et nous sommes conçus pour percevoir et traduire l’énergie en codes
neuronaux.
Etre compatissant, faire preuve de
compassion envers autrui, est l’attitude fortement recommandée tout au long de
l’ouvrage. Cela consiste en l’absence de jugement et de critique contre les
autres. Il s’agit d’aborder autrui avec de bonnes intentions, prêt à le
soutenir en cas de besoin. A chacune de nos émotions correspondent des circuits
neuronaux et ceux qui sont activés sont liés aux sentiments que nous éprouvons
le plus souvent ; pour les émotions les moins éprouvés, les circuits
correspondants sont désactivés. Parce que nous éprouvons plus souvent certains
sentiments que d’autres, au point où l’on pourrait bien parler d’accoutumance.
Les frustrations, la déception, la colère, l’inquiétude, l’anxiété, la
jalousie, l’hostilité, les ressentiments, la rancune, nous semblent plus familiers que la joie, la
paix, la sérénité, la gratitude, la bienveillance. Il faut apprendre à
réactiver les circuits neuronaux des sentiments positifs, et tant qu’à être
dépendant, que ce soit des sentiments positifs.
Notre esprit est comme un jardin
que nous sommes chargés d’entretenir avec comme outils, le génie de l’ADN, la
plasticité des neurones et le pouvoir de la pensée, entre autres. Il n’y a donc
pas de fatalité.
Elle finit par déplorer le peu de
place accordé au cerveau droit, siège de l’amour et de la paix et préconise de
franchir le pas géant pour aller du cerveau gauche prépondérant dans la
civilisation occidentale vers le cerveau droit pour un monde plus harmonieux et
plus compatissant. Apprenons à nous extasier devant la merveille de la nature
que constitue notre organisme et soyons –en reconnaissant et exprimons notre
gratitude pour ce que ce corps peut nous permettre de réaliser.
Notre corps est cet instrument que
la nature nous a donné pour accomplir notre mission qui est de nous mettre au
service des autres en faisant preuve d’amour et de compassion. Mal entretenu,
son entretien peut finir par prendre beaucoup trop d’importance en termes de
ressources et de temps, au point d’occulter et de nous faire abandonner notre
mission principale.
180120
Jean-Claude TCHASSE
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