mardi 5 décembre 2017

POURQUOI J'ECRIS.

POURQUOI J'ECRIS.
Mon regard.
Mon regard sur mon pays : tel est en effet le titre qui peut être donné aux articles de ce blog. Il est composé de notes de lectures de certains ouvrages, des réflexions et des analyses au sujet de certains évènements ayant marqué l’histoire et l’actualité de mon pays. Ces essais représentent le regard d’un citoyen épris de vérité, de liberté et de justice, soucieux de contribuer à sa façon à l’avènement d’une société dominée par ces valeurs. C’est un regard qui se veut froid, détaché, lucide, objectif et désintéressé. J’y exprime ma déception de voir mon pays et mon continent pris en otage par des politiciens véreux et sans scrupules, tout juste préoccupés par les avantages de toutes sortes et les honneurs que le pouvoir procure, et qui sont prêts à tout sacrifier pour le conquérir et le conserver. Mon pays et mon continent me semblent trahis par ses propres fils qui ont pactisé avec une puissance hostile et dont l’entreprise de conquête, de domination et  d’exploitation à notre détriment, entamée avec l’aventure coloniale,  demeure d’actualité sous une forme moins criarde, plus subtile et toujours plus pernicieuse. Il est désolant que tout bilan objectif ne puisse être que négatif, 56 ans après les soit-disant indépendances des pays anciennement colonies des puissances européennes. En effet ce ne sont pas les ressources humaines ou matérielles qui manquent. L’Afrique a tout le nécessaire pour offrir à ses enfants une existence honorable et digne. Dans d’autres continents des pays moins bien lotis ont progressé pendant ce temps. L’Afrique reste à la traîne. C’est le théâtre de guerres civiles, des pénuries, des déficits et des carences de toutes sortes, des catastrophes, d’affrontements sanglants entre tribus, d’attentats, de coups d’états. La prolifération des sectes religieuses n’est pas le moindre des problèmes.
Au moment où je rédige cette introduction, on signale la vente comme esclaves de jeunes migrants africains qui fuient la misère et sont en route pour l’Europe, à la recherche de verts pâturages, en quête de bonnes conditions de vie. On serait tenté de croire que le continent noir est maudit, que les descendants de Cham sont sous le coup de la malédiction du Noé de l’Arche, qui les avait condamnés à être des esclaves de leurs frères. Le Cameroun est un concentré des maux qui minent l’Afrique. Décolonisation manquée, ingérence française dans les affaires, influence néfaste de la françafrique, tripotage du texte constitutionnel, taillé à la mesure du régime en place, application approximative de la loi, interdiction des manifestations, élections truquées, déficit de morale, corruption, détournements massifs de deniers publics, qui semblent défier l’opération épervier, censée combattre ces derniers maux, et qui a envoyé en prison tout un gouvernement, longévité d’un régime autocratique et corrompu, soutenu par des intellectuels en quête de privilèges et d’honneurs, tribalisme, abandon de l’école traduit par un mépris inacceptable des enseignants.
Certains textes sont des témoignages, où je rends compte de mon vécu. J’analyse les faits et je propose des solutions, des mesures à prendre, des attitudes à observer, des choses à faire pour redresser la situation. Quel pays lèguerons-nous à nos enfants ? Nous avons le devoir de nous battre pour leur offrir de bonnes conditions de vie. Qu’ils ne se croient plus condamnés, qu’ils ne se croient pas maudits, qu’ils ne se croient pas obligés de fuir. Nous devons leur montrer la voie, à défaut de leur avoir donné de bons exemples.
Le seul fait d’écrire peut-il suffire à changer positivement la situation décriée ? J’ai l’impression qu’en écrivant, je mets mon talent au service de mon pays, de mon continent. On dit que la plume de l’écrivain est une arme ; je veux informer, interpeller, conscientiser, rappeler les principes et les normes, inquiéter, sensibiliser, faire des propositions, dénoncer, me démarquer, me désolidariser des comportements répréhensibles, dans le but de provoquer des changements, de pousser à l‘action. Qui suis-je pour le faire ? À cette question, je réponds « qui faut-il être pour le faire ? ». Je suis directement concerné, touché par les retombés négatives des exactions citées ci-dessus ; ainsi quand je fais par exemple le bilan de ma carrière d’enseignant de niveau BAC+5, j’ai subi les conséquences de la mauvaise gestion des ressources et du personnel, de la violation et du refus d’appliquer les textes en vigueur, toutes choses qui m’ont empêché d’avoir la carrière valorisante et de mener la vie digne auxquelles je pouvais prétendre au vu de mes compétences, de mon dévouement, de mon abnégation et des ressources de mon pays. J’aurais pu choisir comme d’autres, de pêcher en aux troubles, de chercher à tirer mon épingle du  jeu, comme le font ces cadres qui de mon point de vue ont démissionné, renonçant ainsi à jouer leur rôle d’éclaireurs, et ont intégré le système et qui soutiennent le régime, mais pour quels résultats ? Cette attitude n’est pas du tout constructive, et c’est elle qui a conduit à la dégradation actuelle.
Et même si je n’en souffrais pas, il me semble que j’ai un devoir de solidarité envers toutes ces victimes de ces politiques inadaptées, de l’avidité et de la cupidité de ces personnes égoïstes et mal intentionnées qui écument la scène et obstruent l’horizon. Je ne vois pas comment on peut être heureux et content tout seul dans un océan de misère. Et enfin, si Dieu m’a donné ce talent de l’écriture, cette intelligence et a voulu que je sois fils de ce continent à problèmes, c’était certainement dans un but précis, c’est qu’Il avait une mission pour moi.  
Le fait d’écrire permet de coucher mes idées sur une feuille, afin de prendre du recul, pour mieux apprécier les situations vécues ; c’est aussi une modeste contribution à la mémoire collective ; c’est ainsi que s’écrit l’histoire d’un pays. Il n’est pas sûr que les journalistes saisissent toujours la complexité et tous contours et les détails d’une situation donnée. Et bien souvent les conditions d’exercice de leur profession ne sont pas de nature à favoriser une appréciation objective et rationnelle des faits vécus. Je prétends donc que ceci peut être considéré comme contribution complémentaire au travail des journalistes.
Pourquoi les dictatures empêchent-elles à leurs citoyens de s’exprimer ? Pourquoi la liberté d’expression est-elle un des droits fondamentaux de l’homme ? Pourquoi jusqu’au XXIè siècle les journalistes sont-ils encore poursuivis et pourchassés ? Parce que leurs écrits dérangent. Les auteurs d’exactions contre leurs concitoyens restent des êtres humains doués de conscience.
Pourquoi la presse est-elle considérée comme 4è pouvoir ? Pourquoi les pouvoirs en place cherchent-ils à contrôler l‘information ? Ils dépensent des fortunes pour soigner leur image dans des officines de communication.
Pourquoi j’écris ? Je me sens interpellé à le faire. J’en ressens le besoin. Ecrire pour moi est comme un besoin naturel et je dois le faire pour être soulagé. J’ai été moi-même surpris du nombre d’articles que j’ai écrits. J’exprime ma révolte, mon indignation devant les injustices perpétrées.
On ne saurait sérieusement reprocher aux écrivains et autres auteurs de se contenter d’écrire, sans passer à l‘action. C’est déjà l’action et de toute façon, la réflexion précède l’action.
Bafoussam, le 20 novembre 2017.
Jean-Claude TCHASSE.


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