mardi 24 mai 2016

Le chrétien et la politique

Le chrétien et la politique

La politique, c’est la gestion de la cité, la gestion des affaires publiques. Ceux qui font de la politique, du moins à un certain niveau, ont du pouvoir. Ils sont connus, ils sont influents, ils sont traités avec honneur ; ils sont matériellement comblés. Obnubilés par ces avantages, certains hommes politiques s’accrochent au pouvoir et veulent y rester coûte que coûte, envers et contre tous. C’est le cas des Chefs d’état, des souverains, des ministres, des députés, des sénateurs et autres dignitaires. Les privilèges dont jouissent ces acteurs de la politique excitent la convoitise de ceux pour qui la réussite dans la vie se conjugue en termes de bien matériels, d’honneur, d’influence. Et de telles personnes aveuglées par leurs ambitions, sont prêtes à tout pour atteindre leurs objectifs. C’est pour cela que le monde de la politique est régulièrement secoué par des scandales ; le parcours des hommes politiques est tortueux. On a l’impression que le mensonge, la corruption, le vol, la tricherie, la trahison voire le crime sont indispensables pour réussir en politique. Le mensonge est l’un des moyens les plus utilisés en politique, certains ont même défini la politique comme l’art de bien mentir ; bien mentir, c’est savoir faire passer des faussetés pour la vérité, c’est savoir paraître convaincant quand on dit des mensonges.  On ment pour obtenir toujours plus de mandats ; on trompe son électorat, on cache des vérités embarrassantes, on salit son adversaire par des mensonges, bref on utilise le mensonge sous toutes les formes possibles. Et il y a des officines spécialisés en la matière ; ils se présentent comme des stratèges en communication et se disent capables de faire apparaître comme blanc ce qui est en réalité noir, ou vice versa. La manipulation, les manœuvres, les combines, les tripotages, les trafics, les manigances, l’imposture, la désinformation, sont couramment utilisés. Malheureusement pour cette engeance, Dieu reste le plus fort, et la vérité finit toujours par s’imposer. D’abord, ils sont les premières victimes de leurs mensonges ; ils sont entourés par des courtisans, ces hypocrites qui comptent utiliser les méthodes abjectes faites d’intrigues, de flagornerie, de mesquinerie, utilisées par leurs maîtres pour se faire une place au soleil. Ensuite, les montages aussi subtils soient-ils finissent par être découverts, démontés, et souvent dénoncés par ceux-là mêmes qui y ont contribué. On ne se moque pas de Dieu. Et l’histoire de l’humanité nous donne de nombreux exemples de ces manœuvres qui ont fini piteusement et ont laissé leurs auteurs dans la honte et la confusion.
Une fois au pouvoir, comment se comporte celui qui y a accédé par les moyens peu recommandables décrits ci-dessus ? On sait que le pouvoir corrompt déjà ; le détenteur qui était initialement bon va avoir tendance à devenir mauvais. C’est pour cela qu’il y a des contre-pouvoirs qui doivent fonctionner pour ramener le souverain à l’ordre. Empêcher les contre-pouvoirs de fonctionner, les prendre en otage, les neutraliser est d’une irresponsabilité inénarrable. Le souverain se trouve livré à lui-même ; son entourage n’étant fait que de courtisans qui veulent tous lui plaire, afin de bénéficier de toujours plus de faveurs, il n’y trouvera pas le regard indépendant, libre, détaché, lucide, objectif et équilibré dont il a besoin. Seulement les moyens utilisés pour conquérir le pouvoir donnent déjà une idée de la personnalité du prince, et surtout donnent le ton de la façon dont les choses vont se passer. Une personne vertueuse, une personne bien intentionnée, une personne ayant des idées nobles et altruistes ne peut employer des moyens qui tiennent de l’ignominie pour atteindre ses objectifs. Certains parlent parfois de stratégie, qui consiste à cacher ses intentions, et le cas échéant à tromper ses adversaires, comme ces proches collaborateurs, ces adjoints du khalife qui veulent devenir khalife à la place du khalife, mais qui doivent rire avec et parfois embrasser le khalife tout en cherchant par tous les moyens à renverser le khalife. Les conséquences de ce comportement répréhensible sont dramatiques.
Cette politique mauvaise et rebutante continue pourtant d’attirer les candidats; les postulants semblent se bousculer au portillon. Comment peut-on soutenir ces souverains qui ne se distinguent pas par leur attachement aux valeurs nobles et qui ont sacrifié la rectitude et l’intégrité à l’autel de leur voracité insatiable? Il me semble que les hommes accordent plus d’importance à l’honneur des hommes, et si la loi divine est un obstacle, ils préfèrent la mettre entre parenthèses. Les princes, bons ou mauvais sont des faiseurs de rois. Donc ceux qui les soutiennent peuvent en retour obtenir quelques avantages, et même beaucoup d’avantages. Ils peuvent obtenir que le potentat ne fasse pas d’eux des cibles directes de leurs abus et de leurs excès. Selon eux, il vaut mieux être du côté du plus fort. Ils pensent qu’il vaut mieux être dans les bonnes grâces d’un homme puissant qu’on voit et qui leur fait des faveurs concrètes que de suivre les commandements de Dieu qu’on ne voit pas, qui est lent à réagir, et dont on doute peut-être même de l’existence. Après tout d’autres les ont précédés dans cette voie et semblent prospérer.
Dans ces conditions, un chrétien doit-il faire de la politique, ou alors peut-il faire de la politique en restant propre ? On peut aussi se demander s’il faut abandonner la politique à ceux qui la font sans moralité, qui donnent toujours l’impression qu’il faut mettre Dieu de côté quand on fait de la politique. Pouvons-nous être des créatures de Dieu et nous permettre de l’ignorer dans certaines de nos activités ? En effet, telle qu’elle se pratique, la politique est une activité détestable et condamnable. C’est un domaine où règnent l’immoralité et le vice, où il n’y a de la place que pour les loups qui ne feront qu’une bouchée des agneaux épris de vertu et de rectitude qui seraient mal inspirés de s’y aventurer.  Mais il convient de faire preuve de discernement. Il faut distinguer le but noble de la politique des moyens ignobles et sordides utilisés par certains intervenants. Et préciser que ceux qui recourent à ces méthodes viles et basses ne sont finalement préoccupés que par la poursuite de leurs intérêts personnels ; leurs ambitions sont purement égoïstes, ils sont attirés uniquement par la couronne, les fastes et les prérogatives du mandat politique pour ce qui est des élus, et non par les charges et les servitudes y afférentes.  Le chrétien vit dans une société et peut être victime des mauvaises décisions et des malversations des politiques. Une mauvaise politique peut conduire à la guerre, ou à défaut, un manque ou une insuffisance d’infrastructures, à une mauvaise gestion des ressources qui peut être préjudiciable au chrétien. Oui, la cité doit être bien gérée et pour cela, il faut des personnes vertueuses, désintéressées, moralement irréprochables, soucieuses de l’intérêt commun, capables de faire preuve d’abnégation, de rectitude morale et d’intégrité, et prêtes le cas échéant au sacrifice suprême pour leur pays, bref des patriotes convaincus. Le chrétien est l’homme de la situation. Surtout dans les pays sous-développés qui ont besoin de tirer le maximum de leurs ressources. Mais il semble que les loups ont pris en otage l’espace politique, et ne cooptent que leurs semblables, qui sont des personnes corrompues et compromises.
J’ai été surpris par la déclaration de M. Obama, Président des États-Unis, à la suite du massacre de Charleston, dans laquelle il déplorait la circulation anarchique des armes dans son pays. Après deux mandats à la Présidence, il n’a pas été capable de faire passer une loi qui aurait permis de mieux contrôler la distribution de ces engins de mort. Alors qu’il est présenté comme l’homme le puissant du monde. Ce sont les américains qui aiment les armes, ou ce sont les fabricants regroupés dans de puissants lobbies qui imposent leur volonté à la majorité ? Difficile à dire. Il y a aussi eu le problème du mariage des personnes de même sexe. M. Obama y était opposé quand il devenait Président ; on aurait pu penser qu’il pèserait de tout son poids pour rendre illégale cette pratique condamnée par Dieu, et qui constitue une menace sérieuse pour l’espèce humaine.  Mais au lieu de cela, il s’est rangé et s’est mis à soutenir cette chose détestable.  Voilà deux cas qui à mon avis illustrent l’obligation des hommes politiques à se compromettre, à s’accommoder à des situations et à tolérer des choses qui heurtent leurs convictions. Et cela se passe dans les pays dits démocratiques.

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