Vous avez dit expérience ?
L’expérience est la somme des aptitudes et des
compétences que l’on acquiert au cours de l’exercice d’une tâche, d’une
fonction. Avec de l’expérience, l’on exécute sa tâche avec plus d’efficacité, plus
d’aisance, plus de facilité, plus d’habileté et d’expertise ; cela permet
un gain de temps énorme, cela permet d’économiser des ressources, d’être plus
productif. C’est la différence entre un professionnel en début de carrière et
un professionnel aguerri. C’est ce que recherchent les entreprises dans les cv
des postulants aux postes disponibles lors des offres d’emploi. Ils souhaitent
embaucher ceux des candidats qui possèdent de l’expérience dans le domaine où
ils recrutent, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles. En tout état
de cause, ce sont les résultats, ce sont les performances réalisées qui
comptent. Comme qui dirait « on juge le maçon au pied du mur ».
Lors des campagnes électorales, on entend nos
politiciens qui se cramponnent au pouvoir opposer à leurs adversaires leur
expérience. Ils disent qu’ils possèdent de l’expérience dans la gestion de la
cité. Ils prétendent donc qu’ils savent gérer. Et que pour cette raison, ils
doivent rester au pouvoir. Si on les écoute donc il n’y aura jamais d’alternance.
Puisque l’opposition n’ayant jamais exercé le pouvoir manque d’expérience. Et ce
sera la catastrophe si cette opposition accède au pouvoir.
Mais lorsqu’on observe les résultats obtenus par
ces gens qui se targuent de posséder de l’expérience, on peut se poser des
questions légitimes. En effet, les « prouesses » et autres
réalisations du régime de Yaoundé depuis plus de trente ans sont peu flatteuses.
Que ce soit sur le plan économique ou politique, il n’y a pas de quoi pavoiser.
Le taux de croissance atteint difficilement 5%, le taux de chômage demeure
élevé, l’Etat demeure le plus gros employeur ; l’économie reste dominée
par le secteur primaire. Les gestionnaires ne sont pas des modèles de rectitude
et d’intégrité. Ils ont élaboré des techniques bien huilées de détournement de
fonds publics. C’est le règne de la corruption. Sur le plan politique, on singe
la démocratie, on a un exécutif qui contrôle les autres pôles du pouvoir ;
les élections sont systématiquement truquées et les « gagnants » ne
se sentent pas redevables envers le peuple. Pas d’alternance possible dans ces
conditions.
L’expérience que nos politiciens assoiffés de
mandants électoraux brandissent, c’est pour détruire, pas pour construire ;
c’est l’expérience pour tricher, pour corrompre, pour voler, pour dilapider nos
ressources ; c’est l’expérience pour nous spolier, pour aggraver les
problèmes des camerounais. C’est pour cela qu’il y a tout un gouvernement en
prison. C’est sans doute un cas unique au monde. Cette expérience-là, nous n’en
voulons pas ; elle est nuisible, néfaste, malfaisante.
Ils n’ont donc pas l’expérience dont le Cameroun a
besoin. Ce pays a besoin d’être construit, d’être développé. Ce pays a besoin d’une
gestion saine et transparente de ses ressources. Et il a besoin pour cela de
patriotes engagés et déterminés, prêts au besoin au sacrifice suprême. De telles
personnes qui existent, ont été mises à l’écart par ce système. Du reste
peut-on être de bonne foi, vouloir le progrès de ce pays et collaborer avec ce
système ? Beaucoup d’opposants en
Afrique sont d’anciens collaborateurs du système qu’ils combattent. Ils y
étaient sans doute allés rechercher cette fameuse expérience. Mais ne
risquent-ils pas de reconduire les méthodes répréhensibles de ces systèmes qui
ont plongé nos pays dans la merde ? Peut-on collaborer avec un système
sans en être influencé ? On connaît l’expérience peu glorieuse de ces
opposants opportunistes qui ont été transformés par le système qu’ils
prétendaient vouloir changer de l’intérieur. Ils ont été changés par le système
qu’ils voulaient changer.
Du reste aux Etats Unis, qui reste le pays le plus
puissant et le plus développé du Monde, le nombre de mandats présidentiels,
dont la durée est de 4 ans a été limité à deux. C’est pour cela qu’aucun Président,
depuis Roosevelt, si compétent fût-il, n’a fait plus de huit ans au pouvoir dans
ce pays-là. Et cela marche. L’alternance n’a pas conduit à l’écroulement de ce
pays. Pendant ce temps on voit dans nos pays des régimes qui font plus de vingt
ans au pouvoir sans obtenir de résultats probants, en dépit de leur prétendue
expérience. Alors à quoi sert l’expérience en politique ? Si cela était
vraiment utile, on ne limiterait pas les mandants aux Etats-Unis.
Il vaut mieux que au Cameroun, les tenants du
système en place, avec leur expérience de la gestion calamiteuse des affaires
publiques, cèdent la place à des patriotes sans expérience, mais bien
intentionnés et bien formés dans divers domaines. Avec la limitation réelle des
mandats présidentiels et la possibilité d’alternance, les élections permettront
d’apprécier et d’opérer les changements qui pourraient s’avérer nécessaires. D’autre
part les trois pôles du pouvoir étatique doivent être véritablement
indépendants et dans ces conditions, on n’a pas à craindre que des voyous
arrivent au pouvoir et plongent le pays dans l’instabilité et d’autres
difficultés.
031115
Jean-Claude TCHASSE
Auteur, Essayiste
L’expérience est la somme des aptitudes et des
compétences que l’on acquiert au cours de l’exercice d’une tâche, d’une
fonction. Avec de l’expérience, l’on exécute sa tâche avec plus d’efficacité, plus
d’aisance, plus de facilité, plus d’habileté et d’expertise ; cela permet
un gain de temps énorme, cela permet d’économiser des ressources, d’être plus
productif. C’est la différence entre un professionnel en début de carrière et
un professionnel aguerri. C’est ce que recherchent les entreprises dans les cv
des postulants aux postes disponibles lors des offres d’emploi. Ils souhaitent
embaucher ceux des candidats qui possèdent de l’expérience dans le domaine où
ils recrutent, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles. En tout état
de cause, ce sont les résultats, ce sont les performances réalisées qui
comptent. Comme qui dirait « on juge le maçon au pied du mur ».
Lors des campagnes électorales, on entend nos
politiciens qui se cramponnent au pouvoir opposer à leurs adversaires leur
expérience. Ils disent qu’ils possèdent de l’expérience dans la gestion de la
cité. Ils prétendent donc qu’ils savent gérer. Et que pour cette raison, ils
doivent rester au pouvoir. Si on les écoute donc il n’y aura jamais d’alternance.
Puisque l’opposition n’ayant jamais exercé le pouvoir manque d’expérience. Et ce
sera la catastrophe si cette opposition accède au pouvoir.
Mais lorsqu’on observe les résultats obtenus par
ces gens qui se targuent de posséder de l’expérience, on peut se poser des
questions légitimes. En effet, les « prouesses » et autres
réalisations du régime de Yaoundé depuis plus de trente ans sont peu flatteuses.
Que ce soit sur le plan économique ou politique, il n’y a pas de quoi pavoiser.
Le taux de croissance atteint difficilement 5%, le taux de chômage demeure
élevé, l’Etat demeure le plus gros employeur ; l’économie reste dominée
par le secteur primaire. Les gestionnaires ne sont pas des modèles de rectitude
et d’intégrité. Ils ont élaboré des techniques bien huilées de détournement de
fonds publics. C’est le règne de la corruption. Sur le plan politique, on singe
la démocratie, on a un exécutif qui contrôle les autres pôles du pouvoir ;
les élections sont systématiquement truquées et les « gagnants » ne
se sentent pas redevables envers le peuple. Pas d’alternance possible dans ces
conditions.
L’expérience que nos politiciens assoiffés de
mandants électoraux brandissent, c’est pour détruire, pas pour construire ;
c’est l’expérience pour tricher, pour corrompre, pour voler, pour dilapider nos
ressources ; c’est l’expérience pour nous spolier, pour aggraver les
problèmes des camerounais. C’est pour cela qu’il y a tout un gouvernement en
prison. C’est sans doute un cas unique au monde. Cette expérience-là, nous n’en
voulons pas ; elle est nuisible, néfaste, malfaisante.
Ils n’ont donc pas l’expérience dont le Cameroun a
besoin. Ce pays a besoin d’être construit, d’être développé. Ce pays a besoin d’une
gestion saine et transparente de ses ressources. Et il a besoin pour cela de
patriotes engagés et déterminés, prêts au besoin au sacrifice suprême. De telles
personnes qui existent, ont été mises à l’écart par ce système. Du reste
peut-on être de bonne foi, vouloir le progrès de ce pays et collaborer avec ce
système ? Beaucoup d’opposants en
Afrique sont d’anciens collaborateurs du système qu’ils combattent. Ils y
étaient sans doute allés rechercher cette fameuse expérience. Mais ne
risquent-ils pas de reconduire les méthodes répréhensibles de ces systèmes qui
ont plongé nos pays dans la merde ? Peut-on collaborer avec un système
sans en être influencé ? On connaît l’expérience peu glorieuse de ces
opposants opportunistes qui ont été transformés par le système qu’ils
prétendaient vouloir changer de l’intérieur. Ils ont été changés par le système
qu’ils voulaient changer.
Du reste aux Etats Unis, qui reste le pays le plus
puissant et le plus développé du Monde, le nombre de mandats présidentiels,
dont la durée est de 4 ans a été limité à deux. C’est pour cela qu’aucun Président,
depuis Roosevelt, si compétent fût-il, n’a fait plus de huit ans au pouvoir dans
ce pays-là. Et cela marche. L’alternance n’a pas conduit à l’écroulement de ce
pays. Pendant ce temps on voit dans nos pays des régimes qui font plus de vingt
ans au pouvoir sans obtenir de résultats probants, en dépit de leur prétendue
expérience. Alors à quoi sert l’expérience en politique ? Si cela était
vraiment utile, on ne limiterait pas les mandants aux Etats-Unis.
Il vaut mieux que au Cameroun, les tenants du
système en place, avec leur expérience de la gestion calamiteuse des affaires
publiques, cèdent la place à des patriotes sans expérience, mais bien
intentionnés et bien formés dans divers domaines. Avec la limitation réelle des
mandats présidentiels et la possibilité d’alternance, les élections permettront
d’apprécier et d’opérer les changements qui pourraient s’avérer nécessaires. D’autre
part les trois pôles du pouvoir étatique doivent être véritablement
indépendants et dans ces conditions, on n’a pas à craindre que des voyous
arrivent au pouvoir et plongent le pays dans l’instabilité et d’autres
difficultés.
031115
Jean-Claude TCHASSE
Auteur, Essayiste
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