mardi 6 juin 2017

Le mensonge suite



Le mensonge. (parties 1 et 2)
La chronique de ce jour porte sur un vieux problème qui persiste malgré ses conséquences néfastes. Il s’agit du mensonge ; certaines personnes vont peut-être sourire en entendant l’intitulé de ce thème. Pourquoi ? Parce que depuis qu’ils se sont réveillés ce matin, ils ont déjà dit beaucoup de mensonges. Si on demande à ceux qui n’ont jamais menti de lever le doigt, tous les bras resteront baissés, y compris le mien.
C’est sans doute devenu banal de dire des mensonges, au point on semble s’y accommoder, on trouve que c’est normal de mentir ; ceux qui pensent qu’il faut éviter autant que possible de mentir sont considérés comme des naïfs. On dirait qu’ils sont des marginaux. On a donné l’impression qu’on s’en sort perdant si on veut toujours dire la vérité. Et pourtant la vie serait tellement plus simple pour tout le monde, si tout le monde disait la vérité. Certains essaient de justifier cet état de choses en disant qu’on n’est pas encore au paradis, que tant qu’on est sur Terre on va mentir, d’autant plus que aussi longtemps que l’on remonte dans l’histoire de l’humanité, on trouve des menteurs.
Néanmoins, Il faut dénoncer ces fieffés menteurs, ces bonimenteurs  invétérés, endurcis et impénitents qui occupent l’espace public et se donnent en modèle aux jeunes, puisque sans eux notre société se porterait beaucoup mieux ; notre pays serait beaucoup plus développé qu’il ne l’est aujourd’hui.
Mentir c’est dire une chose qu’on sait fausse, c’est donner une information en étant conscient qu’elle n’est pas exacte. C’est prendre des libertés avec la vérité. Celui qui ment est malintentionné, malveillant ; il cherche à tromper l’autre. Ici, l’intention compte ; celui qui ment cherche à tromper, il veut induire en erreur, il a pour objectif  non déclaré de nuire. Donc mentir à une personne, c’est lui commettre du tort.
Pourtant le mensonge semble être le sport préféré des camerounais. On ment dès la petite enfance, on ment en famille, on ment à son conjoint, on ment au prêtre ou au pasteur, on ment aux fidèles, on ment au service, on ment au téléphone, on ment en politique lors des campagnes électorales, en faisant des promesses fallacieuses, en sachant qu’on ne les tiendra jamais ; on ment sur les résultats des votes. Certains ont même défini la politique comme l’art de bien mentir.
Le menteur cherche à bénéficier d’un avantage qu’il ne mérite pas ; cela peut être pour avoir du travail, pour gagner de l’argent, pour impressionner les autres, pour paraître important, pour s’introduire dans un cercle alors qu’on ne remplit pas les conditions requises, pour séduire une personne, etc.
On peut mentir pour éviter une sanction ; c’est notamment le cas des enfants qui ont commis des gaffes, ils peuvent alors prétendre soit qu’ils ne savent pas qui a posé l’acte répréhensible, soit accuser un innocent d’être l’auteur de l’acte qu’il a posé.
Le mensonge complique les choses en justice en rendant difficile la manifestation de la vérité. Soit l’accusé clame son innocence, soit le plaignant accuse faussement, alors même qu’il est le malfaiteur, ou qui cherche à aggraver les choses.
Les menteurs font parfois preuve de beaucoup d’imagination, de ruse et de subtilité. On se dit parfois que le temps et l’énergie investis pour atteindre cet objectif peu honorable auraient pu être mieux utilisés pour faire des choses plus respectables et plus utiles. S’ils ne s’étaient pas convaincus que le seul moyen pour s’en sortir consiste à tromper les autres, ils pourraient réaliser des prouesses.
Mentir peut être une maladie ; on parle de mythomanie ; c’est la tendance à mentir de manière compulsive ; il ment sans y être obligé ; il éprouve un certain plaisir à mentir ; il ne rentre dans aucune des catégories citées plus haut.
Faut-il le dire, le menteur est une personne malhonnête ; le mensonge est un acte condamnable. Pour les chrétiens, le mensonge est un péché. C’est prohibé par le commandement n° 9. Donc mentir, c’est violer la loi de Dieu. Un chrétien ou toute autre personne qui croit en Dieu ne devrait pas mentir. Pourtant on  voit des croyants qui pensent pouvoir mentir à Dieu. En période de jeûne, il y en  qui se « cachent » pour manger. L’idée que l’on puisse mentir à Dieu traduit une certaine ignorance et une confusion sur la nature même de Dieu. D’où vient-il qu’on puisse s’imaginer qu’il est possible de tromper Dieu ? Comment réfléchit-on pour tirer une telle conclusion ? Dieu est omniscient, omnipotent et omniprésent.
On entend souvent dire que la vérité n’est toujours pas bonne à dire. On a l’impression que en la disant dans certaines circonstances, on peut provoquer des troubles, des maladies, voire des décès. Un médecin doit-il dire à son patient qu’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il ne peut pas être soigné ? L’effet placebo qui consiste à présenter une substance neutre ou un acte médical comme ayant des vertus thérapeutiques a parfois produit des résultats surprenants ; des malades qu’on croyait condamnés ont retrouvé la santé.
Et s’il faut dire la vérité, comment faut-il la dire ? Dans certaines circonstances, il est tout à fait possible de la dire sans choquer ou embarrasser le concerné. Annoncer une mauvaise nouvelle comme un décès par exemple est une tâche qui n’est ni agréable, ni aisée. Il importe de tenir compte de l’état d’esprit et de santé du destinataire du message et de le ménager. Il est aussi recommandé d’utiliser des euphémismes dans nos relations avec les autres ; cela évite de créer des tensions inutiles et permet d’échanger de façon cordiale. Ainsi par exemple au lieu de dire « vous êtes un menteur », dire « vos faites erreur ». Au lieu de dire qu’une personne est vieille, il vaut mieux dire qu’elle est âgée.
Il y a ces mensonges qu’on dit sur les autres en leur absence ; c’est de la médisance, de la calomnie, du commérage, c’est le kongossa. J’ai vainement cherché le mot « malparler » dans le dictionnaire. Pour parler des autres, il faut se rappeler des trois cribles ou tamis de Socrate : la vérité, la bonté ou la beauté, l’utilité.
Le détecteur de mensonge est utilisé parfois à la police ou à la justice pour confondre les malfaiteurs qui veulent utiliser le mensonge pour s’en tirer.
la manipulation, la désinformation, la déformation de l’information sont d’autres formes de mensonge. Ce sont des méthodes couramment utilisées par les politiciens partout dans le monde. Elles aboutissent à ce type de société amoral, dominé par les anti-valeurs
Il y a des stratèges en communication, chargés de polir l’image des hommes politiques ; ces officines, passés maître dans l’art de mentir présentent leurs clients sous leurs plus beaux atours, ne disent pas toute la vérité sur leurs parcours et leurs actions, évitent de dire des choses susceptibles de leur nuire, ou alors essaient de les blanchir, de minimiser leurs responsabilités, ou de les déclarer carrément innocents quand ils sont impliqués dans des affaires louches.
Mais le public n’est pas dupe ; parmi les nombreux organes de presse qui existent chez nous, on connaît ceux qui sont crédibles, il y en qui font autorité de par le sérieux des personnels qui y sont employés, de par la bonne réputation du promoteur. Il est connu par exemple que certains médias sont des propriétés de certains hommes politiques qui les utilisent pour se donner une bonne image, ou pour salir et dénigrer des adversaires et des rivaux.

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