Le mensonge. (parties 1 et 2)
La chronique de ce jour porte sur un vieux problème qui
persiste malgré ses conséquences néfastes. Il s’agit du mensonge ;
certaines personnes vont peut-être sourire en entendant l’intitulé de ce thème.
Pourquoi ? Parce que depuis qu’ils se sont réveillés ce matin, ils ont
déjà dit beaucoup de mensonges. Si on demande à ceux qui n’ont jamais menti de
lever le doigt, tous les bras resteront baissés, y compris le mien.
C’est sans doute devenu banal de dire des mensonges, au point
on semble s’y accommoder, on trouve que c’est normal de mentir ; ceux qui
pensent qu’il faut éviter autant que possible de mentir sont considérés comme
des naïfs. On dirait qu’ils sont des marginaux. On a donné l’impression qu’on
s’en sort perdant si on veut toujours dire la vérité. Et pourtant la vie serait
tellement plus simple pour tout le monde, si tout le monde disait la vérité.
Certains essaient de justifier cet état de choses en disant qu’on n’est pas
encore au paradis, que tant qu’on est sur Terre on va mentir, d’autant plus que
aussi longtemps que l’on remonte dans l’histoire de l’humanité, on trouve des
menteurs.
Néanmoins, Il faut dénoncer ces fieffés menteurs, ces
bonimenteurs invétérés, endurcis et impénitents
qui occupent l’espace public et se donnent en modèle aux jeunes, puisque sans
eux notre société se porterait beaucoup mieux ; notre pays serait beaucoup
plus développé qu’il ne l’est aujourd’hui.
Mentir c’est dire une chose qu’on sait fausse, c’est donner
une information en étant conscient qu’elle n’est pas exacte. C’est prendre des
libertés avec la vérité. Celui qui ment est malintentionné, malveillant ;
il cherche à tromper l’autre. Ici, l’intention compte ; celui qui ment
cherche à tromper, il veut induire en erreur, il a pour objectif non déclaré de nuire. Donc mentir à une
personne, c’est lui commettre du tort.
Pourtant le mensonge semble être le sport préféré des
camerounais. On ment dès la petite enfance, on ment en famille, on ment à son
conjoint, on ment au prêtre ou au pasteur, on ment aux fidèles, on ment au
service, on ment au téléphone, on ment en politique lors des campagnes
électorales, en faisant des promesses fallacieuses, en sachant qu’on ne les
tiendra jamais ; on ment sur les résultats des votes. Certains ont même défini
la politique comme l’art de bien mentir.
Le menteur cherche à bénéficier d’un avantage qu’il ne mérite
pas ; cela peut être pour avoir du travail, pour gagner de l’argent, pour
impressionner les autres, pour paraître important, pour s’introduire dans un
cercle alors qu’on ne remplit pas les conditions requises, pour séduire une
personne, etc.
On peut mentir pour éviter une sanction ; c’est
notamment le cas des enfants qui ont commis des gaffes, ils peuvent alors
prétendre soit qu’ils ne savent pas qui a posé l’acte répréhensible, soit
accuser un innocent d’être l’auteur de l’acte qu’il a posé.
Le mensonge complique les choses en justice en rendant
difficile la manifestation de la vérité. Soit l’accusé clame son innocence,
soit le plaignant accuse faussement, alors même qu’il est le malfaiteur, ou qui
cherche à aggraver les choses.
Les menteurs font parfois preuve de beaucoup d’imagination,
de ruse et de subtilité. On se dit parfois que le temps et l’énergie investis
pour atteindre cet objectif peu honorable auraient pu être mieux utilisés pour
faire des choses plus respectables et plus utiles. S’ils ne s’étaient pas
convaincus que le seul moyen pour s’en sortir consiste à tromper les autres,
ils pourraient réaliser des prouesses.
Mentir peut être une maladie ; on parle de
mythomanie ; c’est la tendance à mentir de manière compulsive ; il
ment sans y être obligé ; il éprouve un certain plaisir à mentir ; il
ne rentre dans aucune des catégories citées plus haut.
Faut-il le dire, le menteur est une personne
malhonnête ; le mensonge est un acte condamnable. Pour les chrétiens, le
mensonge est un péché. C’est prohibé par le commandement n° 9. Donc mentir,
c’est violer la loi de Dieu. Un chrétien ou toute autre personne qui croit en
Dieu ne devrait pas mentir. Pourtant on
voit des croyants qui pensent pouvoir mentir à Dieu. En période de
jeûne, il y en qui se
« cachent » pour manger. L’idée que l’on puisse mentir à Dieu traduit
une certaine ignorance et une confusion sur la nature même de Dieu. D’où
vient-il qu’on puisse s’imaginer qu’il est possible de tromper Dieu ? Comment
réfléchit-on pour tirer une telle conclusion ? Dieu est omniscient,
omnipotent et omniprésent.
On entend souvent dire que la vérité n’est toujours pas bonne
à dire. On a l’impression que en la disant dans certaines circonstances, on peut
provoquer des troubles, des maladies, voire des décès. Un médecin doit-il dire
à son patient qu’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il ne peut pas
être soigné ? L’effet placebo qui consiste à présenter une substance
neutre ou un acte médical comme ayant des vertus thérapeutiques a parfois
produit des résultats surprenants ; des malades qu’on croyait condamnés ont
retrouvé la santé.
Et s’il faut dire la vérité, comment faut-il la dire ?
Dans certaines circonstances, il est tout à fait possible de la dire sans
choquer ou embarrasser le concerné. Annoncer une mauvaise nouvelle comme un
décès par exemple est une tâche qui n’est ni agréable, ni aisée. Il importe de
tenir compte de l’état d’esprit et de santé du destinataire du message et de le
ménager. Il est aussi recommandé d’utiliser des euphémismes dans nos relations
avec les autres ; cela évite de créer des tensions inutiles et permet
d’échanger de façon cordiale. Ainsi par exemple au lieu de dire « vous
êtes un menteur », dire « vos faites erreur ». Au lieu de dire
qu’une personne est vieille, il vaut mieux dire qu’elle est âgée.
Il y a ces mensonges qu’on dit sur les autres en leur
absence ; c’est de la médisance, de la calomnie, du commérage, c’est le
kongossa. J’ai vainement cherché le mot « malparler » dans le
dictionnaire. Pour parler des autres, il faut se rappeler des trois cribles ou
tamis de Socrate : la vérité, la bonté ou la beauté, l’utilité.
Le détecteur de mensonge est utilisé parfois à la police ou à
la justice pour confondre les malfaiteurs qui veulent utiliser le mensonge pour
s’en tirer.
la manipulation, la désinformation, la déformation de
l’information sont d’autres formes de mensonge. Ce sont des méthodes couramment
utilisées par les politiciens partout dans le monde. Elles aboutissent à ce
type de société amoral, dominé par les anti-valeurs
Il y a des stratèges en communication, chargés de polir
l’image des hommes politiques ; ces officines, passés maître dans l’art de
mentir présentent leurs clients sous leurs plus beaux atours, ne disent pas
toute la vérité sur leurs parcours et leurs actions, évitent de dire des choses
susceptibles de leur nuire, ou alors essaient de les blanchir, de minimiser
leurs responsabilités, ou de les déclarer carrément innocents quand ils sont
impliqués dans des affaires louches.
Mais le public n’est pas dupe ; parmi les nombreux
organes de presse qui existent chez nous, on connaît ceux qui sont crédibles,
il y en qui font autorité de par le sérieux des personnels qui y sont employés,
de par la bonne réputation du promoteur. Il est connu par exemple que certains
médias sont des propriétés de certains hommes politiques qui les utilisent pour
se donner une bonne image, ou pour salir et dénigrer des adversaires et des
rivaux.
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