vendredi 23 juin 2017

Cette peur qui nous hante et qui nous paralyse.



Cette peur qui nous hante et qui nous paralyse.

Nous ressentons la peur à des degrés divers. La peur est ce sentiment que nous éprouvons quand nous redoutons la survenue d’un incident fâcheux. Nous imaginons un évènement malheureux et ses conséquences et cela perturbe notre équilibre. Nous sommes inquiets, nous sommes anxieux, nous perdons notre lucidité voire notre raison dans certains cas.
Autant il y a des peurs justifiées et salutaires, autant il y a des peurs irraisonnées, injustifiées, résultant de notre imagination fertile ; cette seconde catégorie de peurs est la plus nuisible, la plus dévastatrice.
Celui qui vit dans la peur est découragé, il s’attend toujours au pire, il est pessimiste, il est désespéré, il ignore ses potentialités et refuse de les exploiter, il laisse passer les opportunités parce qu’il croit qu’elles n’existent pas. Il croit que le sort s’acharne sur lui et qu’il est condamné. Celui dont l’esprit est dominé par la peur ne peut pas prendre des initiatives parce qu’il les croit vouées à l’échec. C’est cette peur du risque qui nous empêche de donner la pleine mesure de nos capacités, qui nous paralyse et nous maintient dans une position non satisfaisante pendant des années.
Parfois nous pouvons ne pas être conscients de nos peurs : nous refusons de faire certaines choses, nous évitons certaines situations.
Quelques synonymes de la peur : la crainte, la phobie, la hantise, l’angoisse.
Celui qui a peur est pris par le doute, habité par l’incertitude, dominé par l’hésitation, il est velléitaire
La crainte de Dieu est le début de la sagesse. Ce verset tiré du livre des proverbes dans la Bible a été transformé en l’adage suivant « La peur du gendarme est le commencement de la sagesse. » il s’agit de la crainte des sanctions résultant du mauvais comportement qu’on pourrait être tenté d’afficher. Cela devrait nous pousser donc à obéir aux lois divines dans le cas du verset et aux lois humaines pour l’adage. Mais alors pourquoi observe-t-on tant de violations de ces lois ? Peut-on en conclure que ceux qui commettent des infractions tant aux lois divines qu’humaines n’ont pas peur ? Ma réponse est qu’ils sont poussés par la peur, et une méconnaissance de Dieu. Les voleurs par exemple ont peur de la pauvreté, ils ont peur de se retrouver sans les moyens nécessaires pour subvenir à leurs besoins justifiés ou non, et ils pensent que Dieu n’existe pas, ou alors qu’il est distrait, ou encore qu’il va leur accorder le pardon le moment venu. S’ils étaient conscients que certains malheurs qui frappent certaines personnes étaient la juste rétribution de Dieu pour les péchés que ceux-ci ont commis, ils y réfléchiraient à deux fois avant de poser des actes immoraux. Il y a une double peur chez les malfrats, à celle qui les motive, s’ajoute celle d’être démasqués et poursuivis.
La peur pousse certains à se tourner vers les marabouts pour leur demander protection contre les évènements malheureux, mais cette solution me semble douteuse, parce qu’elle est à l’origine d’une dépendance aux fétiches, amulettes et autres objets de protections qu’ils nous vendent à grand prix. Et il arrive bien souvent que ces objets nous causent ces malheurs que nous voulions éviter. Certains croyants, animés par cette peur font jouer à leurs pasteurs le rôle du marabout et certains objets utilisés dans certaines églises remplacent les fétiches.
Le caractère incertain de l’avenir est l’origine de la peur ; on est convaincu du caractère hasardeux et aléatoire des évènements, on ne sait ni quand, ni comment, ni pourquoi surviennent les malheurs. Voilà pourquoi beaucoup vont à l’église ; pour rechercher la protection de Dieu tout puissant seul capable de les protéger, du Dieu seul capable d’opérer des miracles. Cette croyance aux miracles peut être problématique. Notre situation peut nous sembler tellement désespérée qu’on se dise que seule l’intervention divine peut nous en sortir. Mais ceci peut résulter d’une mauvaise appréciation de la situation, de l’ignorance des possibilités réelles offertes, de la fausse conviction qu’il n’y pas de solutions, conviction qui empêche de voir ces solutions.
Les plus peureux sont aussi ceux qui semblent les plus puissants, plus ils sont puissants plus ils ont peur.
Ceux qui ont profité de l’obscurité pour poser des actes répréhensibles ont peur de la lumière, de la transparence ; ils font tout pour maintenir le flou, l’obscurité qui empêche de découvrir leurs agissements et qui leur permet de maintenir leurs positions. Cette peur caractérise les régimes autocratiques et peut expliquer leur volonté de s’accrocher au pouvoir le plus longtemps possible.
Ceux qui ont commis des malversations ont peur de rendre compte ; ils ont peur des élections libres.
Il faut distinguer la peur, du respect et du sentiment de déférence dû à diverses autorités (politiques, administratives, religieuses, traditionnelles). Quand elles sont légitimes c’est-à-dire issues d’élections transparentes, et se démarquent par leur dévouement, leur attachement aux valeurs nobles (recherche du bien commun et de l’intérêt général), leur sens de la dignité et de l’honneur, ces autorités méritent et inspirent respect et considération. Par contre celles qui sont sans scrupules, qui s’imposent par des manœuvres sordides et se signalent par des scandales dus à leur propension à violer la loi et à commettre des prévarications et des exactions de toutes sortes, ces autorités-là distillent la peur dans le but bien compris de dissuader ceux qui voudraient exprimer leur mécontentement. C’est toute la différence entre un régime démocratique et un régime autocratique.
Jean-Claude TCHASSE

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