Cette peur qui nous
hante et qui nous paralyse.
Nous ressentons la
peur à des degrés divers. La peur est ce sentiment que nous éprouvons quand
nous redoutons la survenue d’un incident fâcheux. Nous imaginons un évènement
malheureux et ses conséquences et cela perturbe notre équilibre. Nous sommes
inquiets, nous sommes anxieux, nous perdons notre lucidité voire notre raison
dans certains cas.
Autant il y a des
peurs justifiées et salutaires, autant il y a des peurs irraisonnées, injustifiées,
résultant de notre imagination fertile ; cette seconde catégorie de peurs
est la plus nuisible, la plus dévastatrice.
Celui qui vit dans la
peur est découragé, il s’attend toujours au pire, il est pessimiste, il est
désespéré, il ignore ses potentialités et refuse de les exploiter, il laisse
passer les opportunités parce qu’il croit qu’elles n’existent pas. Il croit que
le sort s’acharne sur lui et qu’il est condamné. Celui dont l’esprit est dominé
par la peur ne peut pas prendre des initiatives parce qu’il les croit vouées à
l’échec. C’est cette peur du risque qui nous empêche de donner la pleine mesure
de nos capacités, qui nous paralyse et nous maintient dans une position non
satisfaisante pendant des années.
Parfois nous pouvons
ne pas être conscients de nos peurs : nous refusons de faire certaines
choses, nous évitons certaines situations.
Quelques synonymes de la peur : la crainte, la phobie, la hantise, l’angoisse.
Celui qui a peur est
pris par le doute, habité par l’incertitude, dominé par l’hésitation, il est
velléitaire
La crainte de Dieu est
le début de la sagesse. Ce verset tiré du livre des proverbes dans la Bible a
été transformé en l’adage suivant « La peur du gendarme est le
commencement de la sagesse. » il s’agit de la crainte des sanctions
résultant du mauvais comportement qu’on pourrait être tenté d’afficher. Cela devrait
nous pousser donc à obéir aux lois divines dans le cas du verset et aux lois
humaines pour l’adage. Mais alors pourquoi observe-t-on tant de violations de
ces lois ? Peut-on en conclure que ceux qui commettent des infractions
tant aux lois divines qu’humaines n’ont pas peur ? Ma réponse est qu’ils
sont poussés par la peur, et une méconnaissance de Dieu. Les voleurs par
exemple ont peur de la pauvreté, ils ont peur de se retrouver sans les moyens
nécessaires pour subvenir à leurs besoins justifiés ou non, et ils pensent que
Dieu n’existe pas, ou alors qu’il est distrait, ou encore qu’il va leur
accorder le pardon le moment venu. S’ils étaient conscients que certains
malheurs qui frappent certaines personnes étaient la juste rétribution de Dieu
pour les péchés que ceux-ci ont commis, ils y réfléchiraient à deux fois avant
de poser des actes immoraux. Il y a une double peur chez les malfrats, à celle
qui les motive, s’ajoute celle d’être démasqués et poursuivis.
La peur pousse
certains à se tourner vers les marabouts pour leur demander protection contre
les évènements malheureux, mais cette solution me semble douteuse, parce
qu’elle est à l’origine d’une dépendance aux fétiches, amulettes et autres
objets de protections qu’ils nous vendent à grand prix. Et il arrive bien
souvent que ces objets nous causent ces malheurs que nous voulions éviter. Certains
croyants, animés par cette peur font jouer à leurs pasteurs le rôle du marabout
et certains objets utilisés dans certaines églises remplacent les fétiches.
Le caractère incertain
de l’avenir est l’origine de la peur ; on est convaincu du caractère
hasardeux et aléatoire des évènements, on ne sait ni quand, ni comment, ni
pourquoi surviennent les malheurs. Voilà pourquoi beaucoup vont à
l’église ; pour rechercher la protection de Dieu tout puissant seul
capable de les protéger, du Dieu seul capable d’opérer des miracles. Cette
croyance aux miracles peut être problématique. Notre situation peut nous
sembler tellement désespérée qu’on se dise que seule l’intervention divine peut
nous en sortir. Mais ceci peut résulter d’une mauvaise appréciation de la
situation, de l’ignorance des possibilités réelles offertes, de la fausse conviction
qu’il n’y pas de solutions, conviction qui empêche de voir ces solutions.
Les plus peureux sont
aussi ceux qui semblent les plus puissants, plus ils sont puissants plus ils
ont peur.
Ceux qui ont profité
de l’obscurité pour poser des actes répréhensibles ont peur de la lumière, de
la transparence ; ils font tout pour maintenir le flou, l’obscurité qui
empêche de découvrir leurs agissements et qui leur permet de maintenir leurs
positions. Cette peur caractérise les régimes autocratiques et peut expliquer
leur volonté de s’accrocher au pouvoir le plus longtemps possible.
Ceux qui ont commis
des malversations ont peur de rendre compte ; ils ont peur des élections
libres.
Il faut distinguer la
peur, du respect et du sentiment de déférence dû à diverses autorités
(politiques, administratives, religieuses, traditionnelles). Quand elles sont
légitimes c’est-à-dire issues d’élections transparentes, et se démarquent par
leur dévouement, leur attachement aux valeurs nobles (recherche du bien commun
et de l’intérêt général), leur sens de la dignité et de l’honneur, ces
autorités méritent et inspirent respect et considération. Par contre celles qui
sont sans scrupules, qui s’imposent par des manœuvres sordides et se signalent
par des scandales dus à leur propension à violer la loi et à commettre des prévarications
et des exactions de toutes sortes, ces autorités-là distillent la peur dans le
but bien compris de dissuader ceux qui voudraient exprimer leur mécontentement.
C’est toute la différence entre un régime démocratique et un régime
autocratique.
Jean-Claude TCHASSE
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