Le CFA en dix questions
15 octobre 2007 à
20h52
Écrit par Philippe Perdrix
Inutile de se voiler la face, la zone franc est à la peine. En 2006, alors
que l’Afrique subsaharienne a enregistré un taux de croissance de 5,5 %, celui
des pays partageant le franc CFA n’a pas excédé 3,1 %, après 3,9 % l’année
précédente. Au regard de cette situation, de plus en plus de voix dénoncent les
effets de l’euro fort face au dollar. Handicapés par la valeur du CFA indexé à
la monnaie européenne, les produits africains perdent de leur compétitivité sur
les marchés internationaux, les exportations marquent le pas, les balances
commerciales souffrent et, au final, les économies patinent. Treize ans après
la dévaluation de 1994, la question est de nouveau sur la table. Et si la
valeur du franc était trop élevée ? Et si la parité fixe établie le 1er janvier
1999 (1 euro = 655,957 F CFA) était devenue trop contraignante pour être
maintenue ? Le débat ne fait que commencer et les questions qu’il suscite sont
nombreuses. La réunion des ministres des Finances de la zone franc, qui se
tient le 16 octobre à Paris, permettra peut-être de les poser. Enfin.
1 Quelles sont les conséquences de l’appréciation du franc CFA par rapport
au dollar ?
L’arrimage du franc CFA à un euro fort – qui a dépassé 1,42 dollar le 1er octobre 2007 – pénalise fortement les exportations de la zone franc. La compétitivité des produits africains sur les marchés internationaux est mécaniquement rognée. Chaque fois que l’euro s’apprécie, le franc CFA en fait de même de manière automatique. Résultat : les coûts de production augmentent, les produits fabriqués localement deviennent moins compétitifs que ceux fabriqués dans des pays extérieurs à la zone euro, et les marges sur les exportations libellées en dollars se réduisent. C’est notamment le cas pour la filière coton, qui fait vivre près de 30 millions d’Africains. La baisse du dollar depuis 2001, devise de référence pour cette fibre naturelle, face à l’euro a fait chuter de plus de 25 % la valeur des récoltes africaines. À parité égale dollar-euro, les sociétés cotonnières auraient vendu cette année le kilo de coton à 820 F CFA sur le marché international. Au cours actuel, elles l’ont écoulé à 616 F CFA, alors que les coûts de production varient entre 630 F CFA à 650 F CFA par kilo. Les cotonculteurs africains achetant leurs intrants en euros et vendant leur récolte en dollars : l’effet de « ciseau » est redoutable. Ce schéma s’applique, à des degrés divers, à d’autres filières d’exportation. En revanche, une monnaie forte permet de réduire le coût des importations. Cet avantage a contribué à atténuer le choc lié à la flambée du baril puisque les livraisons de carburants sont libellées en dollars et payées en CFA. Mais là aussi, certains effets sont pervers : dopés par la réduction du coût des importations, les achats de produits achetés à l’extérieur de la zone CFA augmentent, ce qui fragilise les filières locales. Ainsi constate-t-on une forte poussée des importations d’articles asiatiques à bas prix.
L’arrimage du franc CFA à un euro fort – qui a dépassé 1,42 dollar le 1er octobre 2007 – pénalise fortement les exportations de la zone franc. La compétitivité des produits africains sur les marchés internationaux est mécaniquement rognée. Chaque fois que l’euro s’apprécie, le franc CFA en fait de même de manière automatique. Résultat : les coûts de production augmentent, les produits fabriqués localement deviennent moins compétitifs que ceux fabriqués dans des pays extérieurs à la zone euro, et les marges sur les exportations libellées en dollars se réduisent. C’est notamment le cas pour la filière coton, qui fait vivre près de 30 millions d’Africains. La baisse du dollar depuis 2001, devise de référence pour cette fibre naturelle, face à l’euro a fait chuter de plus de 25 % la valeur des récoltes africaines. À parité égale dollar-euro, les sociétés cotonnières auraient vendu cette année le kilo de coton à 820 F CFA sur le marché international. Au cours actuel, elles l’ont écoulé à 616 F CFA, alors que les coûts de production varient entre 630 F CFA à 650 F CFA par kilo. Les cotonculteurs africains achetant leurs intrants en euros et vendant leur récolte en dollars : l’effet de « ciseau » est redoutable. Ce schéma s’applique, à des degrés divers, à d’autres filières d’exportation. En revanche, une monnaie forte permet de réduire le coût des importations. Cet avantage a contribué à atténuer le choc lié à la flambée du baril puisque les livraisons de carburants sont libellées en dollars et payées en CFA. Mais là aussi, certains effets sont pervers : dopés par la réduction du coût des importations, les achats de produits achetés à l’extérieur de la zone CFA augmentent, ce qui fragilise les filières locales. Ainsi constate-t-on une forte poussée des importations d’articles asiatiques à bas prix.
2 Quels sont les avantages de la parité fixe euro-CFA ?
La zone franc réalise 60 % de son commerce extérieur avec les pays de l’Union européenne. La majorité de ces échanges n’est donc pas affectée par la baisse du dollar. Mieux encore, les opérateurs économiques n’ont aucun risque de change, ce qui est bon pour les affaires. La hausse de l’euro face au dollar a par ailleurs contribué à contenir la poussée inflationniste, principalement alimentée par la hausse des prix des produits énergétiques. D’une façon générale, la stabilité monétaire et la garantie de l’euro ont permis de juguler l’inflation en zone franc, dont le taux s’est établi à 3,8 % en 2006 contre 11,8 % pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Le recours à la planche à billets est proscrit et les réserves de change battent des records. Les avoirs extérieurs nets de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ont progressé de 544,3 milliards de F CFA au cours de l’année 2006, pour se situer à 3 710 milliards de F CFA. Sur la même période, ceux de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ont augmenté de 1 757 milliards, pour atteindre 4 382 milliards en décembre 2006. Soit une hausse de 67 %.
La zone franc réalise 60 % de son commerce extérieur avec les pays de l’Union européenne. La majorité de ces échanges n’est donc pas affectée par la baisse du dollar. Mieux encore, les opérateurs économiques n’ont aucun risque de change, ce qui est bon pour les affaires. La hausse de l’euro face au dollar a par ailleurs contribué à contenir la poussée inflationniste, principalement alimentée par la hausse des prix des produits énergétiques. D’une façon générale, la stabilité monétaire et la garantie de l’euro ont permis de juguler l’inflation en zone franc, dont le taux s’est établi à 3,8 % en 2006 contre 11,8 % pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Le recours à la planche à billets est proscrit et les réserves de change battent des records. Les avoirs extérieurs nets de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ont progressé de 544,3 milliards de F CFA au cours de l’année 2006, pour se situer à 3 710 milliards de F CFA. Sur la même période, ceux de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ont augmenté de 1 757 milliards, pour atteindre 4 382 milliards en décembre 2006. Soit une hausse de 67 %.
3 Le statu quo est-il tenable ?
« La situation ne peut plus durer, confie un ancien ministre des Finances de la zone franc. L’arrimage à l’euro et la parité fixe qui en découle posent problème. La maîtrise de l’inflation est un objectif européen ; mais pour lutter contre la pauvreté, les pays africains ont avant tout besoin de croissance. L’instrument monétaire doit être utilisé dans cette perspective, quitte à laisser filer l’inflation », explique-t-il. « Le franc CFA est in fine géré à Francfort [siège de la Banque centrale européenne, NDLR] en fonction de critères n’ayant aucun rapport avec les préoccupations des économies africaines », confirme Serge Michaïlof (voir J.A. n° 2411). Ancien collaborateur à la Banque mondiale, il cite notamment en exemple les pays d’Asie du Sud-Est qui ont réussi leur décollage économique en combinant stabilité macroéconomique et gestion intelligente de leur monnaie au service de la compétitivité. « À terme, les États de la zone franc vont devoir discuter de cette question, sans tabou. Car au regard de la situation actuelle, on se doit de préparer l’avenir », déclare un actuel ministre des Finances, qui a vu le taux de croissance de son pays reculer de 7,2 % en 2005 à 4,8 % l’an dernier.
« La situation ne peut plus durer, confie un ancien ministre des Finances de la zone franc. L’arrimage à l’euro et la parité fixe qui en découle posent problème. La maîtrise de l’inflation est un objectif européen ; mais pour lutter contre la pauvreté, les pays africains ont avant tout besoin de croissance. L’instrument monétaire doit être utilisé dans cette perspective, quitte à laisser filer l’inflation », explique-t-il. « Le franc CFA est in fine géré à Francfort [siège de la Banque centrale européenne, NDLR] en fonction de critères n’ayant aucun rapport avec les préoccupations des économies africaines », confirme Serge Michaïlof (voir J.A. n° 2411). Ancien collaborateur à la Banque mondiale, il cite notamment en exemple les pays d’Asie du Sud-Est qui ont réussi leur décollage économique en combinant stabilité macroéconomique et gestion intelligente de leur monnaie au service de la compétitivité. « À terme, les États de la zone franc vont devoir discuter de cette question, sans tabou. Car au regard de la situation actuelle, on se doit de préparer l’avenir », déclare un actuel ministre des Finances, qui a vu le taux de croissance de son pays reculer de 7,2 % en 2005 à 4,8 % l’an dernier.
4 Faut-il dévaluer ?
« La baisse du dollar est un désavantage pour les pays de la zone CFA », reconnaît un expert proche de ce dossier. Mais il faut distinguer ce qui relève de la conjoncture économique et ce qui dépend de la politique monétaire », ajoute la même personne. De fait, rien ne dit que le taux de change euro-dollar reste au même niveau pendant plusieurs années. Et si une monnaie trop forte constitue un handicap pour la balance commerciale, la dévaluation n’est pas la panacée. « Il faut trouver un système de gestion monétaire pour que les inconvénients d’un CFA fort ne l’emportent pas sur les avantages », explique Zéphirin Diabré, ancien ministre burkinabè de l’Économie et des Finances et actuel directeur Afrique du groupe Areva. Et de conclure : « Certains pensent que la solution serait de revoir la règle du taux de change fixe euro-CFA. »
« La baisse du dollar est un désavantage pour les pays de la zone CFA », reconnaît un expert proche de ce dossier. Mais il faut distinguer ce qui relève de la conjoncture économique et ce qui dépend de la politique monétaire », ajoute la même personne. De fait, rien ne dit que le taux de change euro-dollar reste au même niveau pendant plusieurs années. Et si une monnaie trop forte constitue un handicap pour la balance commerciale, la dévaluation n’est pas la panacée. « Il faut trouver un système de gestion monétaire pour que les inconvénients d’un CFA fort ne l’emportent pas sur les avantages », explique Zéphirin Diabré, ancien ministre burkinabè de l’Économie et des Finances et actuel directeur Afrique du groupe Areva. Et de conclure : « Certains pensent que la solution serait de revoir la règle du taux de change fixe euro-CFA. »
5 Quelles solutions alternatives ?
Le traumatisme de 1994 est encore trop vif pour envisager une dévaluation aussi importante. Le schéma le plus souvent évoqué repose sur une gestion souple de la parité. Le franc CFA serait ainsi raccroché à un panier de monnaies comprenant non seulement l’euro, mais aussi le dollar et le yuan. « La monnaie est avant tout un instrument d’échange, il est normal d’associer celles des pays avec lesquels l’Afrique fait du commerce », explique un expert. Cette formule permettrait de laisser flotter le CFA et donc de corriger en permanence les gains ou les pertes de compétitivité. Avec ce système, le renchérissement du franc CFA serait moindre quand l’euro s’envole. Mais encore faudrait-il que le Trésor français accepte de continuer à garantir la convertibilité du CFA. Dans le cas contraire, les marchés pourraient spéculer à la baisse et provoquer une chute du CFA. « Les règles de la zone franc sont parfaitement compatibles avec une gestion souple de la parité. Certes, les aspects techniques sont plus complexes, mais il faut faire confiance au savoir-faire de Bercy », estime Serge Michaïlof.
Le traumatisme de 1994 est encore trop vif pour envisager une dévaluation aussi importante. Le schéma le plus souvent évoqué repose sur une gestion souple de la parité. Le franc CFA serait ainsi raccroché à un panier de monnaies comprenant non seulement l’euro, mais aussi le dollar et le yuan. « La monnaie est avant tout un instrument d’échange, il est normal d’associer celles des pays avec lesquels l’Afrique fait du commerce », explique un expert. Cette formule permettrait de laisser flotter le CFA et donc de corriger en permanence les gains ou les pertes de compétitivité. Avec ce système, le renchérissement du franc CFA serait moindre quand l’euro s’envole. Mais encore faudrait-il que le Trésor français accepte de continuer à garantir la convertibilité du CFA. Dans le cas contraire, les marchés pourraient spéculer à la baisse et provoquer une chute du CFA. « Les règles de la zone franc sont parfaitement compatibles avec une gestion souple de la parité. Certes, les aspects techniques sont plus complexes, mais il faut faire confiance au savoir-faire de Bercy », estime Serge Michaïlof.
6 À qui revient la décision ?
« La zone franc souffre d’un réel déficit de gouvernance. La politique monétaire devrait être définie au sein du conseil des gouverneurs des deux banques centrales, or ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de démarche collective. C’est aux chefs d’État de fixer la ligne, mais on ne les entend pas », déplore amèrement un ancien ministre des Finances ouest-africain. Et comme la nature a horreur du vide, les experts français du ministère de l’Économie et des Finances ou ceux de la Banque de France ont une fâcheuse tendance à s’approprier le dossier. Mais aujourd’hui, une chose est sûre : Paris refusera d’endosser la paternité de quelque décision que ce soit. Dans les bureaux de Bercy, on n’attend qu’une seule chose : être sollicités, officiellement ou plus discrètement, afin d’étudier collégialement les différentes hypothèses qui se présentent.
« La zone franc souffre d’un réel déficit de gouvernance. La politique monétaire devrait être définie au sein du conseil des gouverneurs des deux banques centrales, or ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de démarche collective. C’est aux chefs d’État de fixer la ligne, mais on ne les entend pas », déplore amèrement un ancien ministre des Finances ouest-africain. Et comme la nature a horreur du vide, les experts français du ministère de l’Économie et des Finances ou ceux de la Banque de France ont une fâcheuse tendance à s’approprier le dossier. Mais aujourd’hui, une chose est sûre : Paris refusera d’endosser la paternité de quelque décision que ce soit. Dans les bureaux de Bercy, on n’attend qu’une seule chose : être sollicités, officiellement ou plus discrètement, afin d’étudier collégialement les différentes hypothèses qui se présentent.
7 Quelles seraient les conséquences d’une dévaluation ?
À court terme, une dévaluation provoquerait un surenchérissement des importations et, donc, inévitablement une poussée inflationniste accompagnée d’une baisse du pouvoir d’achat. L’effet le plus dommageable concernerait les consommateurs pour lesquels la hausse des prix ne sera pas accompagnée d’augmentations salariales. Face à la menace de l’inflation, les banques centrales pourraient être tentées de réagir en augmentant les taux d’intérêt afin de réduire la masse monétaire en circulation. À moyen terme, la dévaluation renforcerait la compétitivité des filières africaines exportatrices sur les marchés internationaux. Ce regain de dynamisme serait source de croissance. C’est exactement ce qui s’est passé après la dévaluation de 50 % du CFA en 1994. Sur la période 1997-2001, le taux de croissance moyen a été de 3,1 % sur l’ensemble de l’Afrique subsaharienne contre 5,8 % sur la zone franc. La dévaluation avait redonné du souffle à l’économie. Mais depuis 2005, la baisse sensible du dollar face à l’euro a modifié la donne.
À court terme, une dévaluation provoquerait un surenchérissement des importations et, donc, inévitablement une poussée inflationniste accompagnée d’une baisse du pouvoir d’achat. L’effet le plus dommageable concernerait les consommateurs pour lesquels la hausse des prix ne sera pas accompagnée d’augmentations salariales. Face à la menace de l’inflation, les banques centrales pourraient être tentées de réagir en augmentant les taux d’intérêt afin de réduire la masse monétaire en circulation. À moyen terme, la dévaluation renforcerait la compétitivité des filières africaines exportatrices sur les marchés internationaux. Ce regain de dynamisme serait source de croissance. C’est exactement ce qui s’est passé après la dévaluation de 50 % du CFA en 1994. Sur la période 1997-2001, le taux de croissance moyen a été de 3,1 % sur l’ensemble de l’Afrique subsaharienne contre 5,8 % sur la zone franc. La dévaluation avait redonné du souffle à l’économie. Mais depuis 2005, la baisse sensible du dollar face à l’euro a modifié la donne.
8 La zone CFA peut-elle encaisser un change flottant et une parité souple ?
Cette question sert d’épouvantail aux pourfendeurs de toute dévaluation et aux partisans du statu quo. De fait, un système de change flottant ouvrirait la voie à la spéculation et la dévaluation risquerait d’entraîner une fuite des capitaux. Il n’est pas certain que les banques centrales puissent encaisser le choc et défendre leur monnaie, malgré l’ampleur de leurs réserves de change. De ce point de vue, seul le Trésor français peut offrir une garantie suffisante. « La crédibilité d’une banque centrale n’est pas uniquement liée au montant de ses réserves. Par ailleurs, le rôle de Paris dans la défense du CFA repose sur la parité fixe. Si ce système est remis en cause, l’implication française sera forcément rediscutée », avertit un observateur.
Cette question sert d’épouvantail aux pourfendeurs de toute dévaluation et aux partisans du statu quo. De fait, un système de change flottant ouvrirait la voie à la spéculation et la dévaluation risquerait d’entraîner une fuite des capitaux. Il n’est pas certain que les banques centrales puissent encaisser le choc et défendre leur monnaie, malgré l’ampleur de leurs réserves de change. De ce point de vue, seul le Trésor français peut offrir une garantie suffisante. « La crédibilité d’une banque centrale n’est pas uniquement liée au montant de ses réserves. Par ailleurs, le rôle de Paris dans la défense du CFA repose sur la parité fixe. Si ce système est remis en cause, l’implication française sera forcément rediscutée », avertit un observateur.
9 La politique monétaire est-elle le seul levier pour relancer l’économie ?
Évidemment non. Et sur ce point, tout le monde partage le même diagnostic. Si l’Afrique francophone a perdu en compétitivité, c’est aussi pour des raisons structurelles. « Il ne faudrait pas qu’une modification du régime des changes soit utilisée comme une solution de facilité, déclare un ancien ministre des Finances. Il faut avant tout une modernisation des filières de production, des investissements dans les infrastructures, une amélioration de l’environnement des affaires et une promotion de l’intégration régionale. » Dans son dernier rapport de conjoncture publié en avril 2007, l’Agence française de développement (AFD) estime qu’une politique de change à travers une dévaluation ne permettrait pas de restaurer la compétitivité « dynamique » d’une nation. « Car à moyen et long termes, des progrès en matière de productivité et d’attractivité seraient nécessaires pour garantir la pérennité de cette compétitivité. »
Évidemment non. Et sur ce point, tout le monde partage le même diagnostic. Si l’Afrique francophone a perdu en compétitivité, c’est aussi pour des raisons structurelles. « Il ne faudrait pas qu’une modification du régime des changes soit utilisée comme une solution de facilité, déclare un ancien ministre des Finances. Il faut avant tout une modernisation des filières de production, des investissements dans les infrastructures, une amélioration de l’environnement des affaires et une promotion de l’intégration régionale. » Dans son dernier rapport de conjoncture publié en avril 2007, l’Agence française de développement (AFD) estime qu’une politique de change à travers une dévaluation ne permettrait pas de restaurer la compétitivité « dynamique » d’une nation. « Car à moyen et long termes, des progrès en matière de productivité et d’attractivité seraient nécessaires pour garantir la pérennité de cette compétitivité. »
10 Quel est l’avenir de la zone franc ?
Au niveau de leurs échanges et de leurs structures économiques, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) n’ont pas les mêmes intérêts. Grâce à la rente pétrolière, la question de la compétitivité n’est pas primordiale en Afrique centrale, où une dévaluation surenchérirait toutes les importations en dollars. En revanche, l’Afrique de l’Ouest a tout intérêt à dévaluer sa monnaie pour défendre ses filières agricoles d’exportation. « Ne faut-il pas déconnecter les deux zones ? » s’interroge un économiste africain qui, en revanche, préconise une parité fixe entre le CFA – pour les pays de l’UEMOA – et les différentes monnaies des autres membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). « À défaut d’une monnaie commune avec le Nigeria et le Ghana, il faut élaborer des accords monétaires entre les pays de la région. Cette démarche boosterait le commerce entre pays limitrophes en anéantissant les incertitudes liées au risque de change. » Au niveau de la CEDEAO, certains travaillent déjà à la création d’une monnaie unique ouest-africaine, qui transcenderait le CFA, ainsi rangé au rayon de l’histoire coloniale. Créée en 2000, la Zone monétaire en Afrique de l’Ouest (ZMAO) vise à gommer les disparités entre les pays ouest-africains ayant leur propre monnaie (Gambie, Liberia, Sierra Leone, Guinée, Ghana et Nigeria). Dans cet objectif, l’Institut monétaire ouest-africain (installé à Accra) a fixé des critères de convergence économique. Une fois cette harmonisation achevée, rien ne s’opposera plus à la fusion de la ZMOA et de l’UEMOA.
Au niveau de leurs échanges et de leurs structures économiques, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) n’ont pas les mêmes intérêts. Grâce à la rente pétrolière, la question de la compétitivité n’est pas primordiale en Afrique centrale, où une dévaluation surenchérirait toutes les importations en dollars. En revanche, l’Afrique de l’Ouest a tout intérêt à dévaluer sa monnaie pour défendre ses filières agricoles d’exportation. « Ne faut-il pas déconnecter les deux zones ? » s’interroge un économiste africain qui, en revanche, préconise une parité fixe entre le CFA – pour les pays de l’UEMOA – et les différentes monnaies des autres membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). « À défaut d’une monnaie commune avec le Nigeria et le Ghana, il faut élaborer des accords monétaires entre les pays de la région. Cette démarche boosterait le commerce entre pays limitrophes en anéantissant les incertitudes liées au risque de change. » Au niveau de la CEDEAO, certains travaillent déjà à la création d’une monnaie unique ouest-africaine, qui transcenderait le CFA, ainsi rangé au rayon de l’histoire coloniale. Créée en 2000, la Zone monétaire en Afrique de l’Ouest (ZMAO) vise à gommer les disparités entre les pays ouest-africains ayant leur propre monnaie (Gambie, Liberia, Sierra Leone, Guinée, Ghana et Nigeria). Dans cet objectif, l’Institut monétaire ouest-africain (installé à Accra) a fixé des critères de convergence économique. Une fois cette harmonisation achevée, rien ne s’opposera plus à la fusion de la ZMOA et de l’UEMOA.
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