DE LA NECESSITE D’INCULQUER ET DE
CULTIVER LE SENS
DE L’AUTONOMIE A NOS ENFANTS.
Invité
par le Cercle d’Entraide et de Promotion de Bonnes Actions (CEPBA) le dimanche
27 septembre 2015 à l’occasion de leur rentrée culturelle, je devais faire une intervention
sur le thème : « Mesures à prendre pour réussir son année
scolaire ». La quintessence de mon propos peut se présenter ainsi
qu’il suit :
L’éducation
est le meilleur héritage que les parents puissent laisser à leurs enfants. Des
comptes en banque, des maisons, des terrains et autres biens imaginables ne
servent à rien quand les enfants ne sont pas bien éduqués. Ces biens matériels
seront vite dilapidés. Un proverbe chinois dit en substance qu’il faut
apprendre à celui qu’on veut aider ou soutenir, à pêcher, plutôt que de lui
donner du poisson. Ici on peut représenter l’éducation, la bonne éducation par
l’apprentissage de la pêche, et les
biens matériels par le poisson. Une fois que le poisson (héritage) est
consommé, celui qui ne sait pas pêcher (non ou mal éduqué) se retrouve dans le
besoin, il redevient un nécessiteux.
Les
enfants doivent savoir qu’ils sont bien équipés pour réussir. Ils ont reçu de
leurs parents qui ont réussi, les prédispositions nécessaires pour réussir.
Chaque enfant doit avoir pour objectif minimal de d’atteindre le même niveau d’éducation
et de formation que son parent qui a le mieux réussi. La génétique nous apprend
que les enfants héritent de leurs parents des caractères et des aptitudes. Et
parmi ces caractères, il y a ceux de la réussite ; les enfants dont les
parents ont déjà réussi ont donc les atouts et la capacité nécessaires pour
réussir. Les appréhensions souvent observées ne se justifient pas. C’est
pourtant l’origine des querelles entre les enfants, qui au lieu de compter sur
leurs propres forces et leurs intelligences respectives, convoitent les biens
des parents, renoncent à faire des efforts, ne permettant pas ainsi au génie
qui sommeille en eux de s’exprimer. C’est parfois un drame doublé d’un gâchis,
qu’on ne peut que déplorer.
Les
enfants doivent être conscients qu’ils travaillent pour eux-mêmes. Les diplômes,
et plus tard les bulletins de salaires, porteront leurs noms. Leur travail
scolaire actuel est de la semence dont ils récolteront plus tard les
fruits ; à eux de veiller à la bonne qualité de cette semence, de veiller à ce
qu’elle croisse normalement afin de produire le moment venu des fruits de
qualité. L’enfant doit donc s’organiser pour réussir son parcours scolaire.
Le
temps s’organise à l’aide d’un emploi du temps. Elaborer un emploi du temps et
le suivre rigoureusement est l’une des qualités fondamentales que doit cultiver
un bon élève. C’est de la discipline, qui est une compétence indispensable non
seulement à l’école, mais aussi dans la vie après l’école. Une vie disciplinée
permet de réalise des prouesses. Dans les établissements, il y a des
conseillers d’orientation dont l’un des rôles est d’aider les élèves à bien
gérer leur temps, et qui peuvent contribuer à l’élaboration de l’emploi du
temps individuel pour les apprenants. C’est un outil individuel. Un emploi du
temps bon pour tel élève, ne sera pas forcément bon pour tel autre. L’élève qui
se couche à 22h pour se réveiller à 4h n’aura pas le même emploi du temps que
celui qui se couche plus tôt pour se réveiller par exemple à 1h du matin pour
se recoucher vers 4h.
Les
cours de répétition posent un problème. Ces cours devraient résulter de
consultations individuelles, qui seules peuvent permettre de se prononcer sur
leur opportunité, et en cas de nécessité de savoir les organiser et les
planifier. Je trouve absurde et même contre productif d’imposer sans
discernement ces cours aux enfants, tous les jours de la semaine, dans toutes
les classes, et pour toutes les matières. Et ce sont de soit disant
professionnels qui se livrent à un tel exercice. Nous pensons que le cas
échéant, il faut limiter les matières de ces cours à celles qui posent des
problèmes à l’enfant et à la fréquence maximale de trois leçons hebdomadaires,
question de dégager le temps nécessaire au repos et au travail personnel de
l’enfant ; tel que cela se passe maintenant, ces cours développent chez les
enfants de la dépendance ; ils sont amenés à croire qu’ils en auront
toujours besoin ; alors que l’objectif de ces cours devrait être de
cultiver le sens de l’autonomie chez les enfants. S’il est normal de tenir le
vélo pour un enfant qui apprend à l’utiliser, cela devient un problème si au
bout de quelques séances d’apprentissage, l’enfant ne peut pas se déplacer avec
cet engin sans aide. Les cours de répétition sont comme un remède ; si
l’on en abuse, ils aggravent plutôt le mal qu’ils étaient censé soigner.
Les
enfants ne doivent pas aller en classe supérieure s’ils n’ont pas obtenu une
moyenne annuelle supérieure ou égale à 10/20. Certains, parfois à l’instigation
des parents, font l’erreur d’avancer alors qu’ils n’ont pas pu obtenir 10/20. D’autres
disent qu’ils ont obtenu « 09 fort », tandis que d’autres encore ont
des moyennes inférieures à 09/20. Ceux qui sont proches des classes d’examen prétendent
qu’il vaut mieux redoubler plutôt en classe d’examen. Le fait de n’avoir pas pu
obtenir 10/20 signifie que l’enfant accuse encore des lacunes. Et plus on est
loin de 10, plus ces lacunes sont importantes. Celui qui avance avec des
lacunes éprouvera des difficultés dans la classe où il va s’inscrire. Il ne
pourra pas assimiler les enseignements dans cette classe, puisque ces
enseignements s’appuient sur les connaissances, les compétences et les
aptitudes que l’élève est censé avoir acquises dans la classe d’où il vient.
Celui qui avance sans avoir obtenu la moyenne est convaincu que l’école est
difficile, il se croit incapable d’avoir cette moyenne et il compte sur
l’indulgence du jury aux examens. On les entend dire : « pourvu que
je passe, même avec mention pitié ». Un tel élève même s’il parvient à
s’en sortir à l’école a malheureusement développé un état d’esprit qui sera un
handicap pour le reste de sa vie. Il va aborder les difficultés avec un esprit
de perdant ; il va s’attendre à priori à des échecs et sera surpris
d’éventuels succès qu’il pourrait engendrer. Tout cela est contraire à l’esprit
de battant, l’esprit de gagneur, l’esprit d’excellence qu’il faut cultiver si
l’on veut s’en sortir. Il ne faut pas se contenter de peu, quand on peut gagner
plus.
Une
autre erreur que les enfants commettent consiste à sauter de classe, parfois
encouragés en cela par ceux que je considère comme de faux professionnels. Un
enfant qui a obtenu 16 ou 17/20 dans une classe se croit autorisé à sauter la
classe suivante. C’est une hérésie de sauter une classe. Quand on est conscient
du contenu des enseignements ainsi ignoré, on ne peut que désapprouver. De
brillant qu’il était l’enfant qui saute de classe devient moyen. Cela sape son
moral. Il ne se croit plus capable d’exceller en dépit des efforts qu’il
fournit. Cela peut le décourager et même le démotiver à la longue. Laissons nos
enfants évoluer normalement et cela leur permettra de cultiver et de maintenir
la confiance en soi, qui est l’un des atouts indispensables à la réussite.
On commence à
assimiler les leçons en classe ; c’est la raison pour laquelle l’enfant
doit adopter la bonne attitude en classe, il doit cultiver l’écoute active,
doit savoir tenir son cahier, qui bien présenté lui facilitera énormément le
travail d’apprentissage.
L’enfant doit étudier
chaque jour le français, l’anglais et
les mathématiques.
L’enfant doit lire
chaque jour un texte en anglais, c’est cela le secret de l’anglais.
A la maison, la
chambre de l’enfant doit être propre bien rangée, bien éclairée, bien aérée.
Les
parents ont été interpellés sur l’importance de leur rôle. Certains par leur
comportement inapproprié sont à l’origine des situations d’échec observées.
Leur présence à la maison est indispensable ; ils doivent s’enquérir du
déroulement de la journée de l’enfant à l’école, et cela, chaque jour. Ils
doivent dégager du temps à passer en famille dans leurs emplois du temps.
Eviter de se quereller devant les enfants ; c’est une mauvaise attitude de
comparer son enfant à celui de son voisin ou à son cousin qui semble obtenir de
meilleurs résultats. Les enfants sont comme un miroir pour nous. Ils sont le
reflet de nos comportements et de nos conduites. Les parents sont pour les
enfants des modèles qu’ils ont par conséquent tendance à copier. Les parents
fumeurs, violents, alcooliques auront des enfants fumeurs, violents,
alcooliques dans la plupart des cas. Même en bas âge les enfants observent et
écoutent leurs parents. La parole du parent a du pouvoir sur les enfants.
Eviter donc de leur crier dessus et de les traiter de tous les noms d’oiseaux
quand ils commettent des erreurs. Encourager l’enfant quand il a bien travaillé
en classe ; cela le stimule et le met en confiance.
Voilà
la quintessence de mon intervention au CEPBA ce dimanche 27 septembre 2015.
Jean-Claude TCHASSE
Auteur, Essayiste, Conférencier.
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