Le programme de restauration semble fondé sur la croyance que la violation de la loi de Dieu est systématiquement sanctionnée sur Terre. Ceux qui souffrent, ceux qui ont des problèmes, subissent ainsi les conséquences des actes répréhensibles posés par eux-mêmes ou par leurs parents ou autres ancêtres. On promet des percées à ceux qui vont se corriger, à ceux qui vont réparer les fautes commises. Il faut prier, jeûner pour rompre les liens, détruire les autels, mettre un terme à certaines pratiques jugées démoniaques, tourner le dos à certains rites traditionnels qualifiés d’occultes et de sataniques, etc.
L’observation montre que on peut violer impunément la loi de Dieu. Les méchants prospèrent. Et les justes, ou ceux qui s’efforcent de l’être ont des problèmes. Est-il du reste possible d’être juste ? les lois de Dieu sont difficiles à observer. On peut classer les personnes sur une échelle de 0 à 10. 0 correspondant l’extrême méchanceté, donc à satan, et 10 correspondant à la perfection absolue, à Dieu. On verra alors que des personnes qui ont 02/10 se la coulent douce, tandis que ceux qui ont 7 ou 8/10 sont empêtrés dans toutes sortes de difficultés. Beaucoup de ceux qui réussissent au sens de mener une vie aisée, sans soucis matériels et financiers, ne sont des modèles ni de piété, ni d’intégrité sur le plan moral. Les dictateurs sanguinaires règnent longtemps et vivent dans l’opulence et dans l’arrogance. Ces monarques qui prennent en otage leurs peuples et qui meurent de leur mort naturelle sont légion. Pinochet au Chili, Staline en Russie, et d’autres despotes, certains responsables du régime nazi, les Maurice Papon, et d’autres criminels ont mené une vie tranquille et sont morts de leur belle mort. Le Monde est dominé par les méchants. De l’autre côté des personnes pas si méchantes font face à des problèmes à n’en plus finir. Les difficultés financières, les maladies et d’autres problèmes les accablent.
Peut être s’agit-il de susciter la croyance, d’inculquer la conviction chez les croyants que leurs problèmes vont être résolus. Ce qui peut produire des résultats, par la puissance de la croyance, par un effet comparable à l’effet placebo ; mais ceci ne serait pas le résultat d’une intervention divine. Le Christ, fils de Dieu, agissait par la puissance divine. C’est le Dieu omniscient, omnipotent et omniprésent qui agit. Il est question de mobiliser cette puissance qui est à la portée du chrétien.
Etre chrétien n’est pas comme une nomination, ce n’est pas un statut acquis, où l’on peut dire qu’à compter du jour où on le devient on jouit des avantages et des possibilités y afférents ; c’est une lutte permanente où le diable tente de faire revenir le chrétien de son côté.
On est frappé par le fait que le langage des marabouts et des voyants est repris ici, à la différence que la solution proposée est la prière et le jeûne, au lieu des sacrifices. Les responsabilités sont cherchées ailleurs. On accuse les liens et les puissances maléfiques d’être responsables de nos malheurs. On n’examine pas la responsabilité des personnes concernées. Certains peuvent être des paresseux, indolents, à la recherche de la facilité, comme cette voisine qui refuse de travailler et passe des nuits à chanter et à prier à haute voix, nous empêchant ainsi de dormir ou de travailler. Ceux qui sont au bord de la séparation d’avec leurs conjoints, qui ont des problèmes dans leurs familles, mais qui refusent de pardonner, qui se laissent dominer par l’orgueil sont responsables de leurs situations. Ceux qui se laissent dominer par la convoitise, et qui veulent accaparer tout l’héritage en abandonnant les autres membres de la famille, ceux qui mangent et boivent sans modération et qui en tombent malade sont responsables de leurs malheurs.
Comment expliquer qu’il soit si facile de tisser des liens de nouer des pactes et de se placer sous l’emprise du démon ? Comment des personnes bien intentionnées comme le sont la plupart des parents peuvent-elles lier les enfants aux démons et aux puissances maléfiques, leur jeter des mauvais sorts ? Je ne parle des cas où certains parents déçus ont proféré des malédictions contre certains enfants. Beaucoup de personnes qu’on dit victimes de ces dominations sataniques n’ont jamais été maudits par leurs parents. D’autre part pourquoi les paroles de bénédictions, et les vœux de bonheur des parents ont toujours moins d’impact et sont toujours moins efficaces que les malédictions, qui elles semblent toujours plus puissantes. Au point qu’il faille des jours de prière et de jeûne pour les briser ? Pourquoi est-il si facile d’invoquer, même sans le vouloir ou sans le savoir le diable, alors que Dieu est désespérément absent de la vie de ceux qui l’invoquent expressément et le recherchent activement ?
On peut ainsi passer une vie à louer Dieu, à le chercher, à l’invoquer sans le sentir, sans qu’il ne se manifeste, alors même que dans sa Parole il a fait des promesses alléchantes. Nous sommes donc plus exposés à la souffrance, à la malédiction, aux désagréments et aux déceptions, ce qui n’est pas dans le plan de Dieu. Dieu ne nous a pas créés pour souffrir sur la terre en attendant le Paradis ou l’enfer. Nous voyons des personnes qui prospèrent alors qu’elles ne croient pas en Dieu. Nous avons l’image d’un Dieu distant (notre Père qui es aux Cieux) difficile, parcimonieux, paternaliste et même avare à la limite (l’or et l’argent lui appartiennent) qui dispense les biens matériels, et accorde le bonheur sans critères objectifs.
Il ne suffit ni d’être pieux, ni d’être un travailleur acharné. Il ne suffit pas d’être compétent. Il accorde sa grâce de manière souveraine, de manière discrétionnaire. Nous n’avons aucun mérite. Il couvre son bien aimé de bienfaits pendent que celui-ci dort (Ps 127). Si tu n’es pas son bien aimé et bien que tu le cherches, tues toi au travail, cela ne donnera rien. Pourquoi les chrétiens doivent-ils être victimes de nos potentats, des démons ? Est-ce vrai qu’on peut rechercher la face de Dieu assidûment, et que néanmoins Dieu vous laisse sous l’emprise du diable, et qu’il permette que les démons vous dominent et vous nuisent ? Jésus a promis que ceux qui croiraient en lui seraient capables de faire au moins autant que lui. Mais force est de constater qu’il a placé la barre très haut. Très peu de personnes, ou même personne n’est capable de faire ne serait-ce que le 100è de ce qu’il a fait. Ses prouesses sont hors de la portée de nombreux croyants.
Suis-je animé par esprit de doute ? Suis-je sous l’emprise d’un esprit d’incrédulité ? Sans doute. Mais je n’ai jamais, mais alors jamais prêté allégeance à ces esprits, jamais. Je n’ai jamais posé un acte délibéré visant à me soumettre à ces esprits. Pourtant je dois admettre que je me sens incertain, inquiet, anxieux, je sens que ma foi est faible. Je me sens limité, impuissant et incapable. Je suis pessimiste et inquiet par défaut, je m’attends au pire, à priori. J’ai l’impression que Dieu est absent de ma vie. En tout cas ses promesses ne se sont pas réalisées, pas encore, du moins. Malgré mes efforts pour rechercher Dieu (lecture et méditation régulière de la parole, chants louanges, prières, présence à l’église, participation aux activités de ma communauté, offrandes) j’ai l’impression que Dieu reste loin ou alors que je reste loin de Dieu. Je n’ai jamais rien fait de pareil pour Satan. Je ne comprends donc pas que Dieu permette que je sois dominé et soumis par un mauvais esprit. Dois-je comprendre que ces efforts là sont insuffisants ? Ceux qui sont plus avancés dans sens (je ne pense pas seulement aux anciens et aux bergers) ne me semblent pas mieux lotis. Dois-je me comparer à de moins nantis que moi pour me consoler ? Tout en me disant que tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir ? Ce serait de la résignation devant un constat d’impuissance. Je sais pourtant que pour progresser il faut plutôt se comparer aux meilleurs.
Si on passe son temps à regarder les médiocres, surtout dans nos pays où ils semblent les plus nombreux, on se condamne à la stagnation. Je voudrais considérer le bon dénouement inattendu, inespéré, voire presque miraculeux de certaines situations difficiles dans ma vie comme des interventions divines, mais elles restent rares et exceptionnelles ; je vis un quotidien fait de manque, d’insuffisance, de problèmes plus ou moins difficiles. L’ordinaire d’un chrétien, d’un croyant qui vit la présence active et les manifestations de Dieu, promises dans la Bible devrait être mon partage.
Je souhaite seulement que l’on ne nourrisse pas les fidèles qui ont de réels problèmes, qui sont victimes de la gestion calamiteuse de ce pays de faux espoirs. J’aimerais que ce mois de jeûne se termine pour beaucoup par la solution à leurs problèmes ; dettes, misère, chômage, mésentente dans les familles, célibat involontaire,
Je suis surpris et gêné par cette approche manichéenne, cette division du monde en deux camps, qui est à l’origine des fondamentalismes, des extrémismes, des intolérances et des guerres : celui qui ne se proclame pas de Dieu, celui n’est pas chrétien appartient au diable, même s’il n’en est pas conscient. Peut-on appartenir à Satan, peut-on être dans le camp du diable sans le savoir ? Sans avoir posé un acte d’allégeance, sans l’avoir formellement déclaré ? C’est vrai qu’on peut être possédé par un démon sans le vouloir. Quelle différence y aurait-il alors entre les sorciers déclarés, qui font un culte à satan, qui appartiennent à des sectes ésotériques, qui se livrent à des pratiques occultes et démoniaques, et ceux qui n’en ont pas la moindre idée ? On peu aller plus loin : le Seigneur a indiqué à quels signes on pourrait reconnaître ceux qui auront cru, autrement les vrais chrétiens ; donc il ne suffirait de proclamer son appartenance à Dieu, ni d’accepter Jésus comme Seigneur et Sauveur pour être un chrétien, entendu comme celui qui est capable d’accomplir les signés indiqués par Jésus. Pris comme cela nous serions presque tous des suppôts de satan.
Il faut prier pour que le Seigneur nous affranchisse de l’emprise des prophéties auto réalisatrices et des pensées négatives que nous entretenons, que ces pensées négatives quittent notre esprit et surtout et surtout qu’elles ne naissent plus dans notre esprit.
121015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire