lundi 23 avril 2018

LA PRIVATION DE NOURRITURE PERMET DE PRESERVER OU DE RECOUVRER LA SANTE ET DE VIVRE PLUS LONGTEMPS

LA PRIVATION DE NOURRITURE PERMET DE PRESERVER OU 
DE RECOUVRER LA SANTE ET DE VIVRE PLUS LONGTEMPS.

Note de lecture de l’ouvrage « Le jeûne, une nouvelle thérapie ? » de Thierry de Lestrade.

Livre de 182 pages publié aux éditions la découverte en 2013, à la suite du documentaire du même titre diffusé en 2012 sur la chaîne française Arte, cet ouvrage bien documenté qui comporte 10 chapitres nous parle du jeûne et de son utilisation à titre préventif et à titre curatif contre les maladies liées à l’âge. L’auteur relate de nombreux cas de jeûnes de 20 à 30, voire 40 jours et plus, qui ont abouti à la guérison des malades qui avaient épuisé toutes les possibilités de la médecine dite scientifique.

Le constat de départ est clair et même effrayant : malgré la médecine moderne et ses progrès, l’espérance de vie en bonne santé est en baisse. A mesure qu’on prend de l’âge, on est de plus en plus exposé aux maladies auto immunes, au diabète, au cancer, à l’hypertension, aux rhumatismes, etc. L’auteur va jusqu’à oser poser la question de savoir si l’on est bien soigné en France, pays pourtant réputé pour son système de santé. Le mot guérison est de moins en moins utilisé quand on parle de ces maladies qui viennent avec l’âge et qui semblent inéluctables. L’auteur nous apprend que le jeûne est le secret de la forme des personnalités comme Yannick Noah, et Clint Eastwood, qui à plus de 80 ans peut encore tourner des films.

L’idée de pratiquer le jeûne peut paraître bizarre, et même effrayante, puisqu’il est question de se priver volontairement de nourriture pendant une certaine durée. On entend surtout parler de jeûne à l’occasion et en prélude aux fêtes religieuses : le carême chez les chrétiens et le ramadan chez les musulmans ; et ce jeûne religieux dépasse rarement 12 heures par jour. Le jeûne est aussi utilisé par des activistes comme moyen de revendication ; c’était l’arme favorite de Gandhi, quand il réclamait l‘indépendance de l’Inde. On parle alors de grève de la faim. Mais le jeûne pour résoudre les problèmes de santé est moins courant. Pourtant l’auteur nous apprend que c’est une pratique immémoriale et universelle, et que des expériences ont été faites. Hérodote a signalé cette pratique dans l’Egypte antique. 

Le jeûne a été longtemps combattu par la médecine scientifique, et dans la société de consommation promue par les occidentaux depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. La frugalité voulue est mal perçue, surtout dans notre société qui semble structurée autour de la consommation de la nourriture. L’idée de jeûner, et pendant plusieurs jours risque d’être mal perçue avec une mentalité qui pousse certains à multiplier les occasions de manger, et à manger autant que possible. Vous n’avez qu’à voir les bousculades autour des buffets lors des cérémonies. « le tuyau, c’est la position », dit-on pour illustrer cette esprit malsain de concurrence et de compétition autour du manger, et qui est l’une des causes de nos problèmes politiques. 
Quand certains ratent l’occasion de manger, ils se sentent frustrés parce qu’ils ont l’impression d’avoir perdu quelque chose de très important. La faim que l’on est censé éprouver quand on jeûne, est associée au manque, à la misère, à la souffrance, au malheur. Elle ne saurait être tolérée ; il n’est donc pas question de sauter un des trois repas quotidiens ! Bien au contraire il faut en rajouter. Et si par un concours de circonstances, et malgré nos efforts, on rate un repas, on se rattrape dès que l’occasion se présente. D’autre part, par ignorance on pense que si on jeûne on va avoir faim et ressentir le malaise qui y est associé de façon continue et grandissante jusqu’à la mort dans d’atroces souffrances.  On vous regardera de travers, on pourra même vous accuser de pratiques mystiques et de sorcellerie si vous parlez de vous priver totalement de nourriture pendant une dizaine de jours, par exemple ; et pourtant, cet auteur nous apprend que cela peut être une solution efficace à ces problèmes de santé qui nous accablent. Imaginez que l’on vous propose une solution à cet AVC qui fait tant de ravages chez nous ces derniers temps.

Si l’espérance de vie augmente alors que l’espérance de vie en bonne santé baisse, cela signifie qu’il faut se résigner à vivre avec des maladies qui se « chronicisent » selon l’expression utilisée par l’auteur. Et pour y parvenir il faut recourir aux « béquilles chimiques » : ce sont des médicaments fournis par l’industrie pharmaceutique. Or la pratique du jeûne peut permettre de vivre plus longtemps et en bonne santé. D’où le conflit. Le jeûne est gratuit et ne rapporte rien à personne ; son adoption mettrait en péril certains intérêts. Il y en a qui tirent de gros profits de la maladie, et qui ont donc intérêt à ce que les gens soient malades, et surtout de ces maladies chroniques qui fidélisent la clientèle. Le rêve de tout commerçant n’est-il pas d’avoir des clients fidèles ?

L’auteur a adopté la démarche scientifique pour son documentaire réalisé avec Sylvie Gilman et pour cet ouvrage, qui en est le prolongement. Il était question de répondre aux questions suivantes : le jeûne est-il dangereux ? Cette pratique a-t-elle des effets bénéfiques sur l’organisme ? Ils ont été surpris des résultats. Parmi les questions suscitées par la diffusion du documentaire, une a retenu l’attention, à savoir : si le jeûne peut être bénéfique pour la santé, pourquoi sa pratique n’est-elle pas recommandée par les praticiens ? La réponse à cette question renvoie à l’origine du système de santé appliqué de nos jours. L’adoption du jeûne revient à remettre en question le système de santé actuel.

La lecture de ce livre nous apprend que la suppression temporaire de la nourriture rend plus fort, que la privation de nourriture est bénéfique, qu’elle éloigne la maladie et prolonge la vie.
En 1877, Le docteur Tanner, désespéré et malade, a entrepris et réussi un jeûne de 42 jours au bout desquels il a recouvré sa santé, alors qu’il souffrait de rhumatismes, de problèmes cardiaques et gastriques. Il l’a fait une deuxième fois sous surveillance médicale, pour relever le défi de la communauté scientifique d’alors qui, dans son incrédulité croyait qu’il n’était pas possible de jeûner plus de 10 jours. Ces deux jeûnes n’ont malheureusement pas suffi pour faire accepter à cette communauté scientifique, arc boutée sur ses idées reçues, de reconnaître le jeûne comme moyen de guérison des maladies.

La pratique du jeûne comme thérapie dans les Etats-Unis du XIXè siècle est donc combattue par les tenants de la médecine allopathique, mais certaines personnalités, qui l’ont expérimentée luttent pour faire accepter l’idée par toute la société. C’est ainsi que Bernarr MacFadden, self made man, éditeur de presse à succès et l’écrivain Upton Sinclair, célèbre à cette époque s’emploient à populariser et à  vulgariser la pratique, au grand dam du monde médical.

Pendant le jeûne, l’organisme est donc privé d’apports extérieurs ; d’où lui vient alors l’énergie nécessaire à son fonctionnement ? Le corps puise dans ses réserves ; il se mange, on parle de l’autophagie. Les organes vitaux tels que le cerveau, le foie, le poumon, le cœur ne sont-ils pas menacés ? Non, pas du tout. On a constaté que les cerveaux des personnes mortes d’inanition sont demeurés intacts. C’est la graisse qui est consommée, tandis que les organes constitués de muscles sont épargnés.

La faiblesse que l’on redoute en cas de jeûne n’est que le résultat de l’encrassement de l’organisme, fruit de son auto-intoxication, provoquée par une alimentation trop riche. Un médecin qui suit les malades atteints de typhoïde fait la remarque suivante : Les malades qui finissent par guérir sont ceux qui perdent régulièrement du poids, alors que ceux qui maintiennent leur poids (ou maigrissent peu) ont une maladie longue, grave, évoluent le plus fréquemment vers la mort. La force naît de la faiblesse, tel est l’un des principes du jeûne thérapeutique.

Le jeûne comme thérapie a souffert de la lutte acharnée de la médecine conventionnelle appuyée par l’industrie pharmaceutique, qui n’a pas hésité à recourir aux moyens vils et aux coups bas, pour combattre les autres modalités de guérison de la médecine alternative. L’auteur cite le cas de Herbert Shelton qui a fait l’objet de véritables persécutions parce qu’il utilisait le jeûne pour traiter les maladies. On l’a accusé d’exercice illégal de médecine, et condamné à des peines d’emprisonnement et à payer des amendes. Gandhi, qui la lu le livre de Shelton « The Science and Fine Art of fasting » ne croyait pas seulement à la force de protestation du jeûne, il était persuadé de ses bienfaits pour la santé. Dans un article de l’hebdomadaire Young India, il conseille aux lecteurs de jeûner en cas de constipation, d’anémie, de fièvre, d’indigestion, de maux de tête, de rhumatismes, de goutte, d’anxiété ou de colère, de dépression.

La citation suivante de Youri NIKOLAEV (1905-1998), est assez révélatrice sur l’importance du jeûne. « Quelle est, à votre avis, la découverte la plus marquante de notre siècle ? Les avions à réaction ? La télévision, la radio ? L’énergie atomique ? Aucune d’entre elles. À mon avis, la plus grande découverte de notre temps, c’est la capacité à se régénérer physiquement, mentalement et spirituellement par le jeûne. En utilisant le jeûne scientifique, on peut oublier son âge. » La Santé par le jeûne, Moscou, 1973.

Le jeûne thérapeutique procède d’une vision holistique de la médecine ; son action s’opère sur l’ensemble du corps et non sur une seule partie. Le jeûne agit au niveau de l’organisme entier, il a un impact sur le corps, sur tous les organes, et sur la personnalité en général. L’impact du jeûne est donc plus complet, plus intégral. Le jeûne n’a pas de conséquence négative sur la santé. Pendant ce temps, la médecine moderne forme des spécialistes des différentes parties du corps : des cardiologues, des néphrologues, des psychiatres, des gynécologues, des neurologues.

C’est finalement en Union soviétique que grâce au soutien des autorités, des recherches à grande échelle, impliquant de milliers de patients sur de longues durées ont été menées sur le caractère bénéfique du jeûne sur la santé par des médecins ayant suivi le parcours classique, et qui de ce fait pouvaient opposer les méthodes scientifiques utilisées à leurs contradicteurs. Pendant ce temps en Amérique, c’était la répression, l’intolérance, même s’il faut reconnaître que le Dr Youri Nikolaev a été influencé par son père Serguei qui avait lu l’ouvrage de l’écrivain américain Upton Sinclair et échangeait avec lui des correspondances.  

Les cinq étapes du jeûne sont : la privation totale de nourriture pendant deux ou trois jours, la phase d’acidose, entre le troisième et le cinquième jour, la phase de compensation de l’équilibre entre le quatrième et le septième jour, la rupture du jeûne avec les jus de fruit, la période de réalimentation normale, entre le quatrième et le septième jour après la rupture. Ne pas réintroduire la viande avant le septième jour.
Suite aux travaux des chercheurs, le ministère soviétique en charge de la santé a publié une liste des indications et des contre-indications du jeûne thérapeutique : 
indications : pathologies des bronches, pathologies cardiovasculaires, pathologies estomac-intestin, pathologies endocriniennes, pathologies digestives, pathologies articulaires ou osseuses, pathologies de la peau ;
– contre-indications : cancers, tuberculose, diabète de type 1, hépatite chronique, hyperthyroïdie, thrombophlébite, anorexie.
Il convient de distinguer le jeûne, qui est un acte volontaire, de la faim qui est une privation non souhaitée de nourriture. Une personne qui subit la faim peut en mourir alors que son corps dispose encore de réserves. De nombreux cas de guérisons de maladies réputées inguérissables par la médecine classique sont répertoriés : diabète, hypertension, asthme, rhumatisme, problèmes gynécologiques, maladies gastro intestinales, de peau.  Le jeûne thérapeutique permet de faire travailler les mécanismes d’autorégulation de l’organisme.

L’utilisation du jeûne pour combattre l’obésité a donné des résultats contrastés ; des résultats spectaculaires ont été obtenus, comme le cas de Angus Barber qui, parti de 205 kg a perdu 125 kg après un long jeûne de 382 jours et a pu stabiliser son poids à 89 kg. D’une façon générale, les longs jêunes (plus de 25 jours) permettent de perdre du poids, seulement pour ne pas récupérer, il faut adopter un nouveau régime alimentaire. Il est préconisé un jeûne fractionné pour les grands obèses. Cela permet d’étaler le jeûne sur une longue durée (près de 200 jours) et on peut obtenir une réduction de poids considérable (de l’ordre de 70 à 90 kg). Avec la perte de poids, on note une « amélioration significative de l’activité cardiovasculaire, l’hypertension artérielle est ramenée à la normale, la dyspnée disparaît, ainsi que les arythmies. Chez les femmes, le cycle menstruel se rétablit, les hommes retrouvent leur virilité ».
L’affirmation de la médecine officielle selon laquelle le jeûne est une pratique dangereuse se fonde sur quelques cas d’accidents observés lors des cures. Tout en admettant que la pratique du jeûne peut présenter des risques pour certaines personnes (d’où les contre-indications des soviétiques), on ne peut manquer de se poser des questions : Et les résultats probants obtenus par les soviétiques ? Et les cas de guérison obtenus grâce au jeûne ? Faut-il jeter tout cela à la poubelle ?
La « vraie faim » est cette faim que ressent celui qui observe un jeûne lorsque ses réserves de graisses sont sur le point de s’épuiser, et que cela peut commencer à devenir dangereux pour l’organisme de continuer de jeûner. Elle survient généralement entre le 25è et le 50è jour de jeûne, en fonction de l’organisme. Il faut la distinguer de la « faim habituelle » ou de la « faim culturelle » que l’on ressent quand on estime qu’il est l’heure de manger. C’est aussi différent de la faim que l’on peut ressentir après 3 ou 4 jours de jeûne. 

Il est probable que les mécanismes d’adaptation au jeûne ont été parmi les premiers à se mettre en place dans l’histoire de l’évolution. Le jeûne est donc le fruit de cette capacité d’adaptation qui a permis aux animaux et aux hommes de survivre en cas de famine et de disette. Donc la pratique du jeûne, au lieu d’être quelque chose de dangereux, est le fruit d’une adaptation, qui a existé dès les premiers temps de la vie sur Terre et qui, du moins dans les limites que nous avons définies, ne présente aucun danger. Ce sont là les propos de Yvon le Maho, membre de l’académie des sciences. Il précise qu’un adulte en bonne santé de 1,75 m et qui pèse 70 kilos peut jeûner pendant 40 jours sans danger. En tout état de cause, si les réserves de graisses peuvent être consommées à 80%, les réserves de protéines ne doivent pas descendre en dessous de 50%.

Pour vraiment guérir de maladies chroniques qui ont duré longtemps, plusieurs cures peuvent être nécessaires. Le jeûne est le début d’un processus. Il faut changer de mode de vie. Observer un régime alimentaire équilibré, faire des activités physiques, et continuer avec des jeûnes courts réguliers pour rester en bonne santé.

Le jeûne ne peut pas être breveté, car il ne rapporte pas ; voilà pourquoi on ne se bouscule pas pour financer les recherches sur le sujet. Des jeûnes de dix jours réduisaient la douleur chez des patients souffrant de douleurs chroniques.
« Notre patrimoine génétique semble être moins adapté à cette situation de repas réguliers et abondants. Ainsi, je pense que le plus naturel d’un point de vue biologique, c’est de jeûner de temps à autre. » Notre organisme est programmé pour jeûner.

En Allemagne, en plus de la clinique Buchinger, le jeûne se pratique dans les hôpitaux publics. Ce pays occidental est plus tolérant envers les médecines alternatives avec des chaires consacrées à ces modalités de guérison (six chaires de médecine naturelle, entre autres).

Le jeûne rendrait la chimiothérapie plus supportable en réduisant considérablement ses effets secondaires. Au moment de la publication de cet ouvrage (2013) des essais étaient en cours pour confirmer cette observation déjà faite sur les rats de laboratoire. L’auteur rapporte également le cas de certains malades de cancer suivant un traitement à la chimio, qui informés, ont jeûné et ont obtenu des résultats très satisfaisants.

Pour tous les types de cancer, le jeûne combiné à la chimiothérapie augmente les taux de survie, ralentit la croissance tumorale et limite leur diffusion. Un jeûne contrôlé peut accroître l’efficacité de la radiothérapie dans le traitement du cancer du cerveau. La privation de nourriture provoque d’importants réajustements sur l’ensemble de l’organisme, ne serait-ce que par le repos du tractus intestinal qui peut augmenter le niveau des défenses immunitaires.

Il est nécessaire, maintenant que le jeûne a trouvé dans la biologie moléculaire un puissant allié, de le faire accepter par les praticiens de la médecine officielle, qu’à défaut de le prescrire à leurs patients, qu’ils l’acceptent, qu’ils leur permettent de le pratiquer dans le but de favoriser leur guérison. 
En ce qui concerne la prévention, le jeûne intermittent est recommandé ; il peut se faire un jour sur deux ou deux jours par semaine. Plusieurs formules sont possibles ; certains parlent de faire par exemple 3 à 4 jours de jeûne toutes les trois semaines.

Je suis tombé sur ce livre par internet alors que j’avais entamé un jeûne de trois jours, et je voulais savoir la meilleure de le mener à bien. Cela a été pour moi une révélation, une réponse de Dieu à la prière que je lui ai adressée pour demander entre autres la guérison d’un mal de dos (arthrose lombaire), dont je souffre depuis 2010.  Mon jeûne de trois jours a été bien mené, même si j’ai ressenti des malaises le troisième jour ; la douleur que je ressentais au dos a diminué, mais il faut dire que trois jours de jeûne sont insuffisants pour me soulager véritablement d’un mal que croyais jusque là chronique et sans remède ; je devrai donc poursuivre avec d’autres cures de jeûne. Puisse les autres malades « chroniques » lire ce livre ou cette note de lecture et en tirer profit.
080418
Jean-Claude TCHASSE
Auteur, essayiste

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