Les Elections de 2018 au Cameroun. (texte intégral)
L’année 2018 sera une année électorale au Cameroun. En effet,
les mandats de nos élus expirent cette année 2018, et il faudra aller aux urnes
pour choisir entre les différents candidats qui vont se présenter aux postes à
pourvoir.
Les citoyens âgés de plus de 20 ans devront aller voter ces
dirigeants dont les mandats seront remis en jeu : il s’agit du Président
de la République qui a été élu pour la dernière fois en 2011, des députés et
des conseillers municipaux qui ont été élus en 2013. Les conseillers régionaux sont
constitués de délégués départementaux élus par les conseillers municipaux et les
représentants des chefs traditionnels, élus par leurs pairs. Les Conseils
régionaux n’ont pas encore été mis en place. Les maires et leurs adjoints sont
élus par les conseillers municipaux. Les sénateurs sont élus à leur tour par
les conseillers municipaux et les conseillers régionaux. Donc chaque
camerounais âgé de plus de vingt ans est appelé à exercer son droit de
vote ; car voter, c’est un droit, et nul ne peut vous empêcher de l’exercer,
ni le faire à votre place, quand vous n’avez aucun empêchement.
Ceux qui seront élus directement par les citoyens sont Le
Président de la République, les députés, et les conseillers municipaux.
L’élection présidentielle, c’est pour choisir le Président de
la République. Il est à la tête de l’un des trois pôles du pouvoir qu’on
appelle l’exécutif. C’est la personnalité la plus importante de la
République ; la Constitution lui accorde un très grand pouvoir et par ses
décisions, il structure la vie de la Nation. Jusqu’ici, le Cameroun n’a connu
que deux Présidents. Alors que le Nigéria voisin, le Ghana, le Bénin, le
Sénégal ont vu chacun se succéder de nombreux présidents. L’élection, à
condition qu’elle soit juste et transparente, est l’occasion de changer
pacifiquement ou de reconduire le titulaire de ce poste prestigieux, objet de
toutes les convoitises saines ou malsaines et qui cristallise toutes les
attentions. Un président qui se distingue par des actes antipatriotiques tels
que la corruption, la haute trahison, intelligence avec l’ennemi, peut être
destitué en cours de mandat au terme d’une procédure appelée impeachment,
conduite par l’organe législatif qui est le parlement. Quand le Président est
remplacé par d’autres moyens que ceux prévus par la constitution et le code
électoral, on dit qu’il y a eu un coup d’état. Certains pays sont passés par
les coups d’état sanglants, ou la guerre pour changer de président. Pour éviter
tout cela, il faut s’inscrire sur les listes et voter quand le moment sera
venu.
Les élections dites législatives sont celles au cours
desquelles on élit les députés, puisque les élus vont exercer, avec les
sénateurs, le pouvoir législatif. Il y a 180 députés et 100 sénateurs à raison
de 10 par région au Cameroun. Ils siègent pour leurs travaux à l’Assemblée
Nationale. Connaissez-vous votre député ? En principe il doit organiser
des séances de compte rendu des sessions parlementaires. Un député élu
représente la Nation, pas seulement ses électeurs. Le député bénéficie de
l’immunité parlementaire, mais il peut arriver que cette immunité soit levée et
qu’il soit poursuivi pour des actes répréhensibles qu’il a posés. Il y a des
députés qui sont continuellement élus depuis plus de 40 ans, avant que beaucoup
d’entre vous ne soient nés.
Région
|
Nombre de députés
|
Population en 2011[1]
|
Population en 2015
|
Ratio en 2015
|
Adamaoua
|
10
|
1 064 807
|
1 200 970
|
120097
|
Centre
|
28
|
3 690 656
|
4 159 492
|
148553,286
|
Est
|
11
|
811 844
|
835 642
|
75967,4545
|
Extrême-Nord
|
29
|
3 617 237
|
3 993 007
|
137689,897
|
Littoral
|
19
|
2 996 931
|
3 354 978
|
176577,789
|
Nord
|
12
|
2 166 897
|
2 442 578
|
203548,167
|
Nord-Ouest
|
20
|
1 842 158
|
1 968 578
|
98428,9
|
Ouest
|
25
|
1 816 775
|
1 921 590
|
76863,6
|
Sud
|
11
|
709 876
|
749 552
|
68141,0909
|
Sud-Ouest
|
15
|
1 421 456
|
1 553 320
|
103554,667
|
Total
|
180
|
20138637
|
22179707
|
Le troisième pôle du pouvoir est le judiciaire, mais ses
membres ne sont pas élus. Les trois pôles du pouvoir, l’exécutif, le législatif
et le judiciaire doivent être indépendants les uns des autres. Si le pouvoir exécutif
cherche et arrive à contrôler et à neutraliser les autres pouvoirs comme cela
arrive souvent, alors ce n’est plus la démocratie. C’est le cas quand les
députés et les sénateurs sont désignés ou carrément nommés par le Président de
la République.
Les conseillers municipaux, qui élisent les maires en leur
sein sont votés au cours des élections municipales. Quand ils se regroupent,
ils forment le conseil municipal, qui est l’organe délibérant de la
commune ; il y a 360 communes au Cameroun, et le nombre de conseillers
municipaux pour chaque commune dépend de la population de ladite commune ;
il y a des communes de 25, 31, 35, 41, 60 conseillers. Les communautés urbaines
sont dirigées par des délégués du gouvernement nommés par le Président de la
République.
Comment savoir qui choisir parmi les nombreux candidats ou
les nombreuses listes en compétition ? Pour connaître les candidats, il
faut les suivre pendant la campagne électorale ; C’est un ensemble de
manifestations au cours desquelles ces postulants vont à la rencontre des
électeurs pour exposer leurs idées, leurs projets pour le pays, les moyens dont
ils disposent. Ils se présentent également en donnant leurs visions, leurs
philosophie de la vie, leurs parcours, c’est-à-dire leurs diplômes, leurs
qualifications, leurs compétences, leurs réalisations ; ils organisent pour
cela des meetings où ils essaient d’attirer le plus grand nombre de personnes
possibles ; ils ont des tranches d’antenne à la radio et des moments de
passage à la télé. Les électeurs sont invités à faire preuve de vigilance et à
s’informer sur ces prétendants qui peuvent compter des imposteurs parmi eux,
c’est-à-dire des personnes qui disent des mensonges et donnent d’elles-mêmes
une fausse image. Certains pensent que faire de la politique consiste à dire
toutes sortes de contre vérité, à chercher à tromper l’électorat. De nombreux
politiciens sont des opportunistes uniquement mus par des ambitions égoïstes. Pour
beaucoup la politique est un moyen de s’enrichir, c’est un moyen pour accéder à
des postes importants où ils vont s’octroyer toutes sortes de privilèges et
d’honneurs, et ils le font sans convictions, et ne s’embarrassent pas de
scrupules ; ils n’hésitent pas à donner des coups bas à leurs adversaires,
à poser toutes sortes d’actes détestables et à recourir à des solutions
malsaines et néfastes telles que l’adhésion à des sectes ésotériques, des
pratiques mystiques, la sorcellerie, à condition que cela les aide à atteindre
leurs objectifs. Les crimes rituels, les disparitions d’enfants, les
assassinats suivis de mutilation des corps ont sans doute un rapport avec ces
ambitions politiques démesurées entretenues par certains politiciens sans
scrupules.
Certains candidats conscients de leurs insuffisances et de
leurs faiblesses, vont chercher à corrompre les électeurs ; c’est ainsi
qu’on signale des campagnes qui se transforment en séances de distribution de
riz, de maquereaux, de la bière. Les électeurs doivent être vigilants et se
méfier de ces individus mal intentionnés qui convoitent les postes électifs
pour se servir et non servir l’intérêt général. A la question de savoir s’il
faut se prêter à ce jeu malsain en acceptant ces largesses calculées, les
réponses divergent : pour les uns, il faut les accepter et puis
« être sage » le jour du vote, en jetant leurs bulletins dans la
poubelle et non dans l’urne; je suis de ceux qui pensent qu’il faut
s’éloigner de tels politiciens véreux et les dénoncer. Malheureusement, il faut reconnaître que de
deux candidats, celui qui attirera et retiendra le plus longtemps la foule est
celui-là qui va distribuer à manger et à boire.
Il y en a qui se font élire au parlement pour être couverts par
l’immunité. Les électeurs doivent être vigilants et exigeants envers les candidats.
La question du financement des campagnes électorales se
pose ; en effet, les candidats doivent d’abord payer une caution, et
ensuite mener la campagne, qui implique des déplacements, des affiches, la
logistique électorale, etc. et tout cela nécessite des moyens importants.
L’Etat finance les partis politiques, qui devraient compter sur les cotisations
des membres pour fonctionner et mener campagne. Pour être candidat indépendant
à l’élection présidentielle, il faut avoir les moyens conséquents.
Attention au tribalisme qui consiste à choisir un candidat
non en raison des idées qu’il défend ou pour ses qualités, mais parce qu’il est
du village. C’est la compétence qui devrait primer ici.
Comment se passe l’élection ?
Il faut commencer par s’inscrire sur les listes électorales.
Est-ce que tous les jeunes qui m’écoutent là se sont déjà inscrits ? Vous
avez jusqu’au 31 août 2017 pour le faire. Après il faudra attendre le 1er
janvier 2018, et si entre temps on convoque le corps électoral, ce sera trop
tard et vous ne pourrez pas voter en 2018. Le nombre d’électeurs inscrits
communiqué par ELECAM ce 14 juillet prouve que beaucoup de jeunes ne se sont
pas encore inscrits. Sur une population électorale d’environ 11 millions, il y
a à peine 6500000 d’inscrits si l’on se fie à ces chiffres. Ce qui veut dire
que près de 4500000 électeurs potentiels ne sont pas encore inscrits, alors que
la clôture des inscriptions est fixée au 31 août. Ce serait un miracle si on
atteignait le chiffre de 9000000 d’inscrits, à ce rythme. Ce qui est préoccupant, c’est que même déjà
inscrits, certains n’iront pas voter.
Sachez que vous détenez un pouvoir dont l’exercice est
conditionné par votre inscription sur une liste électorale. Vous avez le
pouvoir de changer les dirigeants qui ne vous donnent pas satisfaction. Le
pouvoir appartient au peuple qui le délègue pour une durée limitée à des
personnes qu’il a choisies, c’est pour cela qu’on parle de mandat. Vous avez
par votre vote donné mandat à des personnes pour vous représenter dans les
institutions où se prennent des décisions qui ont une influence sur votre vie
quotidienne. Si vous n’êtes pas contents de leur manière de se conduire, si
vous vous trouvez que ces personnes à qui vous avez donné mandat ne sont pas
sérieuses, s’ils ne font pas bien leur travail, les élections vous donnent
l’occasion de les remplacer. Comprenez bien cela. La souveraineté vous appartient.
Les élections, c’est donc l’occasion de sanctionner les mauvais dirigeants, et
de choisir d’autres que vous trouvez aptes à vous représenter valablement, de
choisir ceux qui défendront vos intérêts. Et ces élus devront vous rendre
compte de leurs actions. Vous devez donc cesser de rester indifférents. Si vous
pensez que vous ne voulez pas faire la politique, sachez que de mauvais
politiciens vont se faire élire par toutes sortes de manœuvres et vous mèneront
la vie dure. Si vous pensez que vous allez vaquer tranquillement à vos
occupations, les mauvais dirigeants à qui vous aurez laissé le champ libre par
votre refus de participer viendront vous empêcher de vaquer à ces occupations.
Donc, vous devez vous inscrire. Ce pays est notre patrimoine commun, il nous
appartient à nous tous. Nous tous des cohéritiers, des ayant droit.
Des dirigeants qui sont sûrs d’être réélus en raison de la
capitulation et de la démission des populations résignées et désabusées ne
feront aucun effort pour satisfaire ces populations. Renoncer à jouir de son
droit de vote, c’est comme si vous confiez votre boutique à un gérant à qui
vous ne demandez jamais de vous rendre compte de sa gestion.
L’autre raison pour laquelle vous devez vous inscrire est
qu’il faut être électeur pour être éligible. Quand vous serez inscrit, vous
pourrez être candidat. Vous pouvez postuler aux postes à pourvoir. Si vous êtes
populaire dans votre quartier, engagez-vous dans un parti, un bon parti, dont
l’idéologie correspond à votre vision de la vie, et les dirigeants sérieux,
pour postuler.
Les candidatures indépendantes ne sont pas possibles aux
élections législatives et aux élections municipales. Il faut passer par un des
298 partis politiques pour faire acte de candidature. A la présidentielle les
conditions sont assez difficiles.
Le lieu du vote est déterminé par le lieu d’inscription.
Celui qui habite en ville et qui possède un domicile dans son village d’origine
peut aller voter au village. Mais je
trouve anormal que l’on vive dans une commune et que l’on aille voter ou même
se faire élire dans une commune où l’on ne passe que quelques jours par mois,
même si c’est le village. Ceux qui peuvent se permettre d’avoir deux résidences
font partie de l’élite susceptible d’influencer les élus.
Le jour du vote, se rendre au bureau du vote muni de sa carte
d’identité et de sa carte d’électeur. Se faire identifier par les membres de la
commission locale de vote, déposer son doigt sur l’encre indélébile, prendre
une enveloppe, prendre tous les bulletins de vote, se diriger vers l’isoloir et
choisir le bulletin de vote du candidat préféré ; c’est dans l’isoloir, à
l’abri des regards indiscrets, sans influence et sans pression, et en son âme
et conscience, que l’on effectue son choix. Le reste des bulletins de vote non
choisis doivent être rejetés dans la poubelle prévue à cet effet et placée dans
l’isoloir. Interdit de ressortir de l’isoloir ou du bureau de vote avec les bulletins
non choisis. Attention ! attention ! ne vous laissez pas corrompre
par les hommes politiques qui vous proposent de leur ramener, pour les acheter,
les bulletins de leurs concurrents ce sont des manœuvres déloyales et illégales
qui faussent le jeu démocratique. La solution du bulletin unique a été proposée
pour résoudre ce problème, mais n’est pas acceptée.
Vous devez voter une seule fois ! Ne vous laisser pas
emballer par des hommes politiques qui utilisent des groupes de jeunes à qui
ils fournissent de nombreuses cartes, avec lesquelles ils votent plusieurs fois
à la même élection. Ce sont des manœuvres comme celles-là qui faussent les
résultats et permettent à de mauvais dirigeants de rester au pouvoir, malgré le
vote défavorable des populations. Une fois que vous avez voté retourner chez
vous où vous attendrez l’heure de la clôture du vote pour revenir au bureau de
vote, suivre le dépouillement, pour s’assurer que tout se passe dans l’ordre.
Un bon électeur ne doit pas se contenter de voter et de retourner chez lui
définitivement pour attendre les résultats à la télé ou à la radio. Il est très
important qu’il suive avec beaucoup de vigilance le décompte des voix à fin et qu’il
note bien le résultat obtenu dans son bureau de vote. Il doit se faire
communiquer les résultats des autres bureaux de sa circonscription électorale
et être capable, le cas échéant de dénoncer les malversations qui pourraient
survenir.
Je me suis inspiré du code électoral (Loi n° 2012/001 du 19
avril 2012 portant Code Electoral, modifiée et complétée par la loi n°2012/017
du 21 décembre 2012)
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Jean-Claude TCHASSE
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