A quel âge inscrire les enfants à
l’école ?
C’est le moment d’inscrire les
enfants à l’école et à l’observation ils sont de plus en plus jeunes à être
inscrits, en violation de la directive qui fixe à six ans l’âge minimum d’inscription
à la Section d’Initiation à la Langue (SIL), qui est la première classe de
l’école primaire. Cette directive est d’ailleurs bafouée avec la complicité des
enseignants qui cautionnent ces pratiques. Les parents, surtout ces jeunes
couples qui rêvent de voir leur premier enfant aller à l’école sont pressés. Quand
leurs enfants ne sautent pas la SIL pour le « Cours Préparatoire (CP)
spécial » sous prétexte qu’ils étaient brillants à la maternelle, ils
arrivent à la SIL à 5 ans, voire à 4 ans. Les parents jugent par eux-mêmes que
leurs enfants sont « éveillés » et prennent la décision sans
consulter les professionnels de l’éducation ou en ignorant leurs avis éclairés.
Une autre raison pour laquelle ils inscrivent trop tôt es enfants à l’école, c’est qu’ils veulent se défausser sur les maitresses,
parce qu’ils trouvent les enfants trop remuants, trop agités, turbulents et
difficiles à contrôler.
Pourquoi a-t-on fixé l’âge
d’inscription à la SIL à six ans ? D’abord il faut rappeler que ce sont
les spécialistes de l’éducation, des psychopédagogues qui, après avoir étudié
la croissance de l’enfant en général et l’évolution de ses capacités cognitives
en particulier, puis évalué ses performances, ont pris cette décision. Cela veut
dire tout simplement qu’avant cet âge, la grande majorité des enfants ne sont
pas suffisamment pourvus, ne sont pas outillés, n’ont pas développé les
prédispositions nécessaires pour suivre et assimiler les enseignements. Et
c’est tout à fait normal. Ces enfants trop jeunes sont dépaysés en classe et
développent très tôt l’idée erronée selon laquelle l’école est trop dure. C’est
ce qui se passe lorsque vous voulez faire soulever par un enfant une charge
trop lourde, alors qu’il n’a pas atteint le stade développement physique
nécessaire pour le faire. Le problème est plus subtil lorsque cet enfant
observe ses camarades de classe faire des choses qu’il est incapable de faire.
Il va commencer à douter de ses capacités et de ses aptitudes, et çà, c’est à
mon avis le plus grave tort qu’on puisse causer à l’enfant inscrit trop tôt à
l’école. Il va être réticent à aller en classe, parce que le séjour là-bas n’a
rien d’agréable, avec la maîtresse qui dit des choses qu’il ne comprend pas et
lui demande de faire des choses qui le dépassent. C’est un véritable
traumatisme qui va s’installer, et son premier réflexe sera d’éviter cet
environnement peu avenant. C’est ainsi que certains d’entre eux deviendront des
délinquants. On crée ainsi des problèmes dont l’enfant aurait bien pu se
passer. Les enfants vont donc se familiariser trop tôt avec l’échec scolaire,
ou alors, ils vont passer avec des mentions « passable » alors que,
inscrits à l’âge normal, ils pourraient passer avec des mentions « très
bien », ce qui contribuerait à les mettre en confiance. Quelques uns de
ces enfants réussissent à avancer tant bien que mal et certains passent le BAC
à 15, 16 ou 17 ans. Mais alors pour quelle évolution ? Revenons à la
grande majorité de ces enfants qui ont développé des complexes d’incapacité par
rapport à l’école. Les cours de répétition font florès, sans que les taux de
réussite aux examens ne soient meilleurs que du temps où il n’y en avait pas,
bien au contraire ! à quoi cela sert-il d’inscrire trop tôt les enfants à
l’école, pour ensuite leur coller un répétiteur jusqu’en Terminale ?
L’idéal serait donc d’inscrire l’enfant doté d’une intelligence normale, ce qui
est le cas de la grande majorité des enfants à l’âge de six ans, et puis le
laisser évoluer en développant le sens de l’autonomie. Il aura le BAC à 19 ans
avec les compétences et la maturité nécessaires pour aborder les études
supérieures et les problèmes qu’ils auront à affronter dans leur vie future.
140818
Jean-Claude TCHASSE
Auteur, Essayiste
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