De la nécessité du littérisme ou de la littératie émotionnelle.

De la nécessité du littérisme ou de la littératie émotionnelle.

EMOTIONAL INTELLIGENCE : WHY IT CAN MATTER MORE THAN THE IQ (L’INTELLIGENCE EMOTIONNELLE : LA RAISON POUR LAQUELLE ELLE PEUT PLUS IMPORTER QUE LE QI) by DANIEL GOLEMAN.

Cet ouvrage, paru en 1996 traite des émotions, dont la mauvaise gestion est à l’origine de nombreuses déviances tant sur le plan individuel qu’au niveau de la société. L’auteur, Daniel Goleman, qui est un psychologue, a été Professeur à l’Université de Havard et journaliste au New York Times. Il a constaté le peu de place accordé aux sentiments dans notre vie mentale. Cette production a été rendue possible par les progrès de l’imagerie médicale, qui ont permis d’observer le cerveau humain, ce qui a rendu possibles de nombreuses études scientifiques sur lesquelles l’auteur s’appuie. L’intelligence émotionnelle peut importer, être plus utile, plus opportune que le quotient intellectuel. Cette aptitude doit être révélée aux enfants et puis développée, pour leur donner la chance de mieux utiliser le potentiel intellectuel mis à leur disposition par la loterie génétique. Elle comporte la maitrise de soi (le self-control), le zèle, la persistance, et la capacité de se motiver. 

L’auteur préconise la prise en compte, dans les programmes scolaires de la promotion et du développement de l’intelligence émotionnelle, pour plus d’empathie, moins d’égoïsme, moins de violence et plus de bonheur dans la société. Il est de plus en plus prouvé que nos postures éthiques dépendent de nos capacités émotionnelles. Ceux qui sont à la merci de leurs pulsions manquent de self control et souffrent de déficience morale. L’auteur nous propose un voyage pour découvrir les avancées scientifiques en ce qui concerne l’étude des émotions, et dont il sera le guide ; le but du voyage est de mieux comprendre les émotions afin de les rendre intelligibles (bring intelligence to emotions) puisqu’on croyait jusque-là qu’elles relevaient de l’irrationnel. Cela nous place dans la position de l’observateur capable d’influer sur l’expérience observée. Les données neurologiques disponibles suggèrent la possibilité d’apprendre à nos enfants à mieux gérer leurs émotions. Faire preuve d’intelligence émotionnelle, c’est être capable par exemple de contrôler l’impulsion émotionnelle, de lire les sentiments les plus profonds de l’autre, de gérer les relations sans anicroche ; comme le dit Aristote, il est question de se fâcher avec la personne, au degré, au moment, pour l’objectif et de la façon les plus indiqués. C’est une aptitude basique pour la vie influencée par les données neurologiques. L’auteur propose une nouvelle acception du vocable « intelligence » dans la mesure où les émotions (leur maîtrise) sont au centre des aptitudes nécessaires pour vivre. Notre tempérament actuel, qui résulte de nos prédispositions émotionnelles provenant elles-mêmes de notre héritage génétique n’est pas une fatalité, en raison de la plasticité du cerveau. Les habitudes émotionnelles sont mises en place pendant l’enfance et l’adolescence. Parmi les conséquences du manque d’intelligence émotionnelle, l’auteur cite la dépression, la violence, les désordres alimentaires, la toxicomanie. Les données mondiales les plus préoccupantes sont celles qui montrent la tendance pour la nouvelle génération d’enfants, à être plus victimes de perturbations émotionnelles que la précédente ; l’on observe plus de solitude et de dépression, plus de colère et d’indiscipline, plus de nervosité et la propension à l’inquiétude, plus d’impulsivité et d’agressivité. L’auteur cite Aristote qui, dans son ouvrage « Ethique à Nicomaque » évoquait déjà la gestion intelligente de notre vie émotionnelle.

Nos sentiments profonds, nos passions et nos aspirations sont nos guides essentiels, et la survie de notre espèce dépend de leur pouvoir sur les affaires humaines. Et ce pouvoir est extraordinaire ; l’auteur cite l’exemple de parents qui ont dominé leur instinct de survie et ont sacrifié leurs vies pour sauver celle de leur enfant paralytique confiné dans une chaise roulante. Leur comportement peut sembler irrationnel, mais il est des moments comme çà, où le cœur l’emporte sur la raison.

La science donne maintenant une importance aux émotions, telle que l’appellation Homo sapiens de notre espèce devrait être revue. L’auteur relève pour le déplorer sans doute, la trop grande importance accordée à l’intellect, à l’approche purement rationnelle, au détriment de l’émotionnel. La peur est l’un des legs émotionnel de l’évolution, et elle nous pousse à protéger notre famille du danger. Cette peur grâce à laquelle nos ancêtres ont survécu peut être à l’origine de certaines réactions automatiques inappropriées, voire nuisibles. Notre statut émotionnel actuel résulte de l’évolution qui a duré des millions d’années et par conséquent notre réaction face à une situation donnée ne dépend pas seulement de notre appréciation rationnelle de la situation et de notre histoire personnelle, mais aussi de notre passé ancestral distant. D’où ces tendances à poser des actes tragiques souvent observées.

L’auteur décrit ce qui se passe dans notre organisme quand il est sous l’emprise des émotions principales que sont la colère, la peur, la joie, la tristesse. On apprend ainsi par exemple que celui qui est fâché est prêt à bagarrer, tandis que celui qui a peur est prêt à fuir. C’est le fameux « fight or flight response » développé suite aux dures conditions de vie de nos ancêtres et grâce auquel l’espèce humaine a survécu. Les menaces ont considérablement diminué et les chances de survie se sont accrues avec la découverte de l’agriculture et l’apparition des premières sociétés humaines, il y a environ dix mille ans. Cependant notre patrimoine génétique avait déjà enregistré le répertoire émotionnel élaboré depuis un million d’années.

Notre esprit comprend deux parties ; la partie émotionnelle et la partie rationnelle ; la première ressent, la deuxième pense, réfléchit. Ces deux parties fonctionnent en harmonie pour nous guider. En situation de survie, c’est la partie émotionnelle qui prend le dessus. La partie émotionnelle de notre esprit, dont le siège est le cerveau primitif maintient sur les autres parties du cerveau qui se sont ajoutées avec l’évolution une très grande emprise. Le néocortex  qui est le siège de la pensée ne s’est ajouté que récemment. 

Quand nous sommes sous l’emprise d’une grosse colère ou d’une immense joie au point de perdre le contrôle, c’est l’amygdale, situé au centre du système limbique, qui dirige les opérations. L’amygdale est le siège des émotions ; sans cet organe nous ne ressentirions aucune émotion ; ni la peur, ni la colère, ni la joie. Quand une réaction rapide et instantanée est nécessaire comme par exemple dans les situations d’urgence, c’est l’amygdale qui intervient, le temps que le néocortex rassemble les informations qui vont lui permettre de donner une réponse réfléchie. Le fonctionnement de l’amygdale et ses interactions avec le néocortex sont au cœur de l’intelligence émotionnelle.

Chacun de nous grandit avec des leçons émotionnelles apprises dès l’enfance et enregistrées dans l’amygdale.

Les émotions constituent un obstacle à une réflexion calme et lucide pourtant nécessaire dans bien des situations. C’est ainsi que les capacités intellectuelles d’un enfant peuvent être compromises si celui-ci est victime de fréquentes détresses émotionnelles, et cet enfant peut se retrouver en situation d’échec scolaire. Le Dr Antonio Damasio, auteur de l’ouvrage Descartes’ Error. Emotion, Reason and the Human Brain affirme que la partie émotionnelle de notre cerveau est aussi impliquée dans le raisonnement que la partie pensante. Ainsi donc, sachant qu’elles peuvent favoriser, gêner ou bloquer carrément notre capacité de raisonnement, nos facultés émotionnelles doivent être mieux mises à contribution.

Dans un certain sens, notre cerveau, notre esprit, notre intelligence ont deux composantes ; une partie émotionnelle et une partie rationnelle. Notre performance en dépend ; ce n’est pas seulement le QI, mais l’intelligence émotionnelle, qui importe. L’intellect ne peut fonctionner de façon optimale sans l’intelligence émotionnelle. On passe désormais de l’ancien paradigme qui présentait les émotions comme un obstacle rédhibitoire au raisonnement, à la logique et à la cohérence, au nouveau paradigme qui exige d’harmoniser le cœur et la tête. Utilisées intelligemment, les émotions peuvent permettre d’aboutir à une décision judicieuse en contribuant à un raisonnement bon et lucide.

Cet ouvrage explique pourquoi des personnes avec des QI élevés peuvent afficher des conduites irrationnelles ; le manque de maîtrise de nos passions nous amène à poser des actes que nous regrettons après coup. Les QI élevés ne garantissent pas le succès dans la vie. Au mieux le QI contribue à hauteur de 20% au succès dans la vie, les 80% restants dépendant d’autres facteurs. La position de la grande majorité dépend de facteurs non liés au QI, tels que la classe sociale, la chance, etc.

L’intelligence émotionnelle se traduit par la capacité de se motiver et de persister face aux frustrations, de contrôler nos pulsions et retarder la gratification, de réguler son humeur et ne pas permettre que la détresse noie notre capacité de penser, d’être capable d’empathie et d’espérer.

Avoir un QI élevé ne veut pas dire qu’on aura nécessairement de bonnes notes à l’école. Et quand bien même on serait major à l’école, ce qui est la conséquence d’un bon QI,  cela ne garantirait pas le succès dans la vie (bons revenus, productivité, statut dans son domaine, satisfaction dans la vie, bonheur dans les relations avec les connaissances, et en famille.) Le problème c’est que malgré ce constat, on fait de la fixation sur l’excellence scolaire, en ignorant l’intelligence émotionnelle qui compte énormément et qu’il faudrait mettre à contribution pour résoudre le problème. L’aptitude émotionnelle est une métacompétence qui détermine comment nous utilisons les autres capacités, y compris les prédispositions intellectuelles. Le constat s’impose de plus en plus : les personnes émotionnellement aptes,  c’est-à-dire qui connaissent et qui gèrent bien leurs sentiments, sont celles-là qui lisent et gèrent ceux des autres dans tous les domaines de la vie. L’école traditionnelle se focalise sur le développement de certaines compétences (lecture, écriture, calcul, ce que les américains appellent « the three R’s –reading, writing, arithmethics -») au détriment d’autres compétences qui seront pourtant utiles plus tard. Il y a plusieurs manières de réussir dans la vie et beaucoup, beaucoup de capacités pour y contribuer.

C’est donc tout naturellement que l’auteur émet des réserves sur les tests de QI qui prétendaient classer les personnes selon leur niveau définitif et immuable d’intelligence. Il approuve Howard Gardner et sa théorie des intelligences multiples. Il relève cependant les limites des travaux de Gardner ; en insistant sur l’aspect cognitif, il a négligé le coté sentiments, et par conséquent le rôle des émotions et leurs interactions avec l’intelligence. 

Avez-vous déjà entendu dire d’une personne qu’elle est intelligente, sans être sage ?

L’intelligence émotionnelle se traduit par la capacité pour la personne qui en fait preuve de reconnaître ses propres émotions, de les gérer, de s‘automotiver, de reconnaître et de tenir compte des émotions des autres, de bien gérer les relations humaines. Le QI et l’intelligence émotionnelle sont complémentaires, et nous exprimons tous, à des degrés divers certes, ces deux aptitudes. Il n’y a pas de test pour l’intelligence émotionnelle et l’auteur doute que l’on puisse un jour en élaborer.

Les émotions se manifestent à deux niveaux : le conscient et l’inconscient. Les émotions de l’inconscient ont un puissant impact sur notre perception des choses, et nos réactions, sans que nous en soyons conscients. 

La structure du cerveau ne nous permet ni de prédire quand nous nous retrouvons sous l’emprise d’une émotion, ni de quelle émotion il s’agira, mais il est possible d’exercer un contrôle sur la durée de la manifestation de l’émotion. Tous les spécialistes ne s’accordent pas sur la nécessité de s’affranchir de la mauvaise humeur, d’autant plus que parfois c’est nécessaire d’afficher cette humeur.

Dans une remarquable anatomie de la rage, l’auteur nous explique comment l’on en arrive à être emporté par une violente colère. Tant qu’elle reste sous contrôle, la colère n’est pas mauvaise en soi ; c’est l’émotion la plus difficile à contrôler d’autant plus qu’elle a quelque chose de flatteur. L’origine de la peur, c’est lorsqu’on se croit, à tort ou à raison, menacé physiquement ou quand notre honneur et notre dignité sont remises en cause ; c’est le cas lorsqu’on se sent objet de traitements rudes, injustifiés, insultants, dégradants, frustrants. La colère se nourrit de la colère. Pour éviter l’escalade et revenir au calme, il faut se distraire, s’éloigner de la zone, de la personne ou de l’objet qui a causé cette colère, faire une marche, de l’exercice physique,  de la relaxation musculaire, de la respiration profonde. Le soulagement produit par la catharsis, qui consiste à se défouler est illusoire ; il n’est pas sûr que cela diminue la colère.

Le but des inquiétudes est de trouver des solutions positives aux problèmes et de se prémunir des dangers avant qu’ils ne surviennent. Ces inquiétudes constituent un problème quand ils deviennent répétitifs, chroniques sans déboucher à une solution positive. Elles présentent alors les caractéristiques d’une prise en otage émotionnelle, comme cela arrive dans le cas d’une violente colère. Les inquiétudes chroniques ne permettent ni de trouver de bonnes solutions, ni de jeter un regard neuf et différent sur le problème qui préoccupe. 

La tristesse a quelque chose de salutaire, mais quand on passe au stade supérieur qui est la dépression, cela devient un problème, puisque cela peut conduire au suicide. Pour retrouver la bonne humeur, il est conseillé de se distraire.

A QI égal, ceux qui réalisent les meilleures performances à l’école et dans la vie sont ceux qui sont motivés et animés par l’enthousiasme, le zèle, la persistance.  

La résistance à la pulsion est sans doute l’aptitude psychologique la plus fondamentale ; c’est la base du self control émotionnel, puisque par leur nature même, les émotions se traduisent en pulsions à agir. L’incapacité pour un enfant de contrôler ses pulsions peut être un indicateur de sa trajectoire future. Cette résistance à la pulsion est une aptitude qui peut s’apprendre.

Les inquiétudes sont des prophéties auto réalisatrices pour ceux qui les ressentent. Les émotions non contrôlées constituent un sérieux obstacle à l’intelligence. Reconnaitre ses émotions négatives (peur, inquiétude, tristesse) et s’affranchir de leur emprise, c’est faire preuve de compétence émotionnelle, et c’est l’aptitude maîtresse. Celui qui se laisse noyer dans ces émotions négatives finit désespéré, découragé, démoralisé. L’espoir est l’antidote qui rend supportables les misères de la vie. L’espoir va au-delà de l’idée que les choses vont s’améliorer, c’est la croyance que nous avons la volonté et les moyens d’atteindre nos objectifs quels qu’ils puissent être. L’optimisme procure de la motivation. L’optimiste s’attend fortement à ce que les choses s’améliorent en dépit des déconvenues. 

Atteindre le flow est l’expression la plus parfaite de l’intelligence émotionnelle. Le flow ou la zone  représente ce qu’il y a de suprême quand il s’agit de dompter les émotions et de les canaliser pour les mettre au service de la performance et de l’apprentissage. L’avantage qu’il y a à mettre à contribution le flow dans l’éducation des enfants, c’est qu’ils seraient auto motivés, les menaces et les promesses de récompenses ne seraient plus nécessaires, selon Howard Gardner le psychologue de Havard. Qu’il s’agisse de contrôler nos pulsions, de retarder la gratification, de réguler nos humeurs pour les rendre favorables plutôt que nuisibles à la réflexion, de nous auto motiver à persister, à essayer et à essayer encore malgré les déboires et les déceptions, ou de trouver le moyen d’atteindre le flow afin d’être plus performant, tout cela traduit le pouvoir des émotions et justifie l’entreprise qui a pour but de les rendre efficaces. 

L’empathie traduit la capacité de tenir compte du ressenti d’autrui. Le déficit d’empathie est un problème sérieux. Les émotions s’expriment rarement en paroles, mais généralement par des canaux tels que : le ton de la voix, la gestuelle, l’expression faciale, etc. Avoir de l’empathie, c’est être capable de reconnaître ces signes. 

La capacité à gérer les émotions d’autrui est au cœur de l’art de conduire les relations. L’expression des émotions est déterminée par l’environnement culturel de l’individu. Et les émotions sont contagieuses ; les personnes les plus expressives transmettent leurs sentiments aux moins expressives. Ceux qui font preuve d’inaptitude dans la réception et la transmission des émotions ont tendance à avoir des problèmes dans leurs relations puisque les autres ne se sentent pas à l’aise avec eux. 

L’organisation des groupes, la négociation des solutions, la connexion personnelle, l’analyse sociale,  sont les aptitudes, qui relèvent de l’intelligence interpersonnelle ; ce sont les ingrédients nécessaires pour le charme et le succès social, et on dit des personnes qui les maîtrisent qu’elles ont  du charisme. L’auteur fait allusion à des règles sociales non écrites et dont l’inobservation peut expliquer bien des problèmes observés chez des personnes qui ont des QI élevés. 

Les femmes sont plus empathiques que les hommes ; elles sont à la fois plus expressives émotionnellement et plus aptes à comprendre les signes non verbaux des émotions. 

La prise en compte de l’intelligence émotionnelle dans l’environnement professionnel des entreprises peut être considérée comme la révolution des années 80. Les personnes émotionnellement troublées ne sont pas efficaces. Le leadership n’est la domination, c’est l’art de convaincre les gens de travailler vers un objectif commun. Que ce soit en entreprise ou dans un couple, les critiques sont mal acceptées quand elles sont formulées, ou peuvent être perçues comme des attaques personnelles. Pour être porteuses, les critiques doivent être spécifiques, proposer des solutions, faites en présence du concerné, et avec empathie. Les préjugés raciaux sont implantés dans les esprits dès le jeune âge et sont tenaces, et difficiles à surmonter, même quand on constate qu’ils sont faux. C’est en effet plus facile de changer des croyances intellectuelles que les sentiments profonds.

Autant c’est erroné d’ignorer l’influence de l’esprit sur la maladie, autant c’est inexact de penser que par l’esprit, on peut guérir toutes les maladies en se disant heureux et en entretenant des pensées positives. La vérité se trouve entre ces deux extrêmes. L’auteur se propose de préciser dans quelle mesure l’intelligence émotionnelle peut être mise à contribution pour traiter les maladies.

L’anxiété chronique, de longues périodes de tristesse et de pessimisme, de tension soutenue ou d’hostilité incessante, de suspicion soutenue font courir deux fois plus à ceux qui les ressentent les risques de maladies telles que l’asthme, l’arthrite, les maux de tête, les ulcères, les maladies du cœur. L’auteur plaide pour la prise en compte du facteur émotionnel dans le traitement des malades. Le bien être émotionnel est déterminant pour la longévité des personnes retraitées.

L’incompétence émotionnelle des parents se traduit par la non prise en compte des sentiments des enfants, une atmosphère permissive, le mépris pour ces sentiments. Notre profil émotionnel se dessine d’abord en famille, dès la naissance ; il est donc important que les parents soient émotionnellement aptes et avertis.

La grande plasticité du cerveau pendant l’enfance signifie que les expériences vécues pendant ces années-là peuvent avoir un impact durable sur la formation des voies neuronales pour le reste de la vie. Les enfants plus émotionnellement compétents, donc plus socialement aptes, ont pu surmonter leur timidité et sont devenus plus sûrs d’eux et plus vaillants. Nos capacités émotionnelles, comme notre intelligence du reste, ne sont pas des données immuables, une éducation appropriée peut permettre de les améliorer. L’expérience, le vécu, plus particulièrement dans l’enfance, façonne le cerveau et les spécialistes en neuroscience Thosten Wiesel et David Hubel , dont les travaux ont été couronnés par le prestigieux Prix Nobel, l’ont démontré. C’est exactement ce que les coachs de développement personnel appellent la programmation du subconscient. Plusieurs zones du cerveau importantes pour la vie émotionnelle sont parmi les plus lentes à atteindre la maturité. Les habitudes acquises dans l’enfance s’installent par le réseau de synapses dans l’architecture des neurones et sont les plus difficiles à changer plus tard.

L’auteur dévoile l’illettrisme émotionnel dont souffre de nombreux américains à de degrés divers et constate, puis déplore son ampleur, puisque ce mal est à l’origine de nombreuses tragédies.  Pourtant ce problème sérieux est négligé par la société, plus préoccupée par l’amélioration des résultats scolaires. Les programmes scolaires devraient intégrer le développement de l’intelligence émotionnelle au lieu de se contenter du développement du quotient intellectuel. Les problèmes observés dans la société américaine préfigurent ce qui va se passer dans les autres pays.

La modernité serait-elle la cause des taux de plus en plus élevés de dépression mentale, et qui affecterait de plus en plus les jeunes ? On va sans doute passer d’un siècle d’anxiété à un siècle de mélancolie.

Parmi les compétences émotionnelles il y a la conscience que l’on peut toujours choisir la manière de réagir quand on est sous l’emprise d’une émotion.

Les Grand Maîtres spirituels comme Jésus et Bouddha utilisaient le langage des émotions, fait de paraboles, de fables, de contes pour s’adresser à leurs disciples.

En chacun de nous sommeille une bête qui de temps en temps se réveille et nous fait poser des actes que regrettons par la suite. Cet ouvrage peut nous aider à mieux le contrôler. 

L’intérêt de cet ouvrage pour nous les africains en général et le Cameroun en particulier est qu’il peut fournir une explication au grand paradoxe que nous observons. Malgré la présence de personnalités aux QI élevés au pouvoir, nos pays sombrent dans le sous-développement. La guerre, la misère, la maladie, l’ignorance ne semblent pas reculer, et certains parmi nos universitaires et autres diplômés de haut niveau sont cupides, avides, avares, âpres au gain et insatiables. Ils obnubilés par la recherche des avantages et des honneurs, et pour cela se sont compromis et ont cautionné l’imposture se traduisant par des élections truquées, de la corruption, des détournements de fonds publics, l’incurie, bref, la mauvaise gouvernance. Les propositions pour faire mieux existent, mais elles sont rejetées et méprisées par les tenant de l’ordre établi parce qu’elles sont incompatibles avec leurs ambitions égoïstes et inavouables. L’une des cause de cet état de faits est le déficit en intelligence émotionnelle. C’est pour cela que la proposition de Daniel Goleman d’introduire la promotion et le développement de l’intelligence émotionnelle dans les programmes scolaires dès le primaire mérite toute notre attention. Mais à qui le dites-vous ?

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Jean-Claude TCHASSE

Auteur, essayiste