jeudi 8 juin 2017

Le mensonge. (parties 1,2 et 3)



Le mensonge. (parties 1,2 et 3)
La chronique de ce jour porte sur un vieux problème qui persiste malgré ses conséquences néfastes. Il s’agit du mensonge ; certaines personnes vont peut-être sourire en entendant l’intitulé de ce thème. Pourquoi ? Parce que depuis qu’ils se sont réveillés ce matin, ils ont déjà dit beaucoup de mensonges. Si on demande à ceux qui n’ont jamais menti de lever le doigt, tous les bras resteront baissés, y compris le mien.
C’est sans doute devenu banal de dire des mensonges, au point on semble s’y accommoder, on trouve que c’est normal de mentir ; ceux qui pensent qu’il faut éviter autant que possible de mentir sont considérés comme des naïfs. On dirait qu’ils sont des marginaux. On a donné l’impression qu’on s’en sort perdant si on veut toujours dire la vérité. Et pourtant la vie serait tellement plus simple pour tout le monde, si tout le monde disait la vérité. Certains essaient de justifier cet état de choses en disant qu’on n’est pas encore au paradis, que tant qu’on est sur Terre on va mentir, d’autant plus que aussi longtemps que l’on remonte dans l’histoire de l’humanité, on trouve des menteurs.
Néanmoins, Il faut dénoncer ces fieffés menteurs, ces bonimenteurs  invétérés, endurcis et impénitents qui occupent l’espace public et se donnent en modèle aux jeunes, puisque sans eux notre société se porterait beaucoup mieux ; notre pays serait beaucoup plus développé qu’il ne l’est aujourd’hui.
Mentir c’est dire une chose qu’on sait fausse, c’est donner une information en étant conscient qu’elle n’est pas exacte. C’est prendre des libertés avec la vérité. Celui qui ment est malintentionné, malveillant ; il cherche à tromper l’autre. Ici, l’intention compte ; celui qui ment cherche à tromper, il veut induire en erreur, il a pour objectif  non déclaré de nuire. Donc mentir à une personne, c’est lui commettre du tort.
Pourtant le mensonge semble être le sport préféré des camerounais. On ment dès la petite enfance, on ment en famille, on ment à son conjoint, on ment au prêtre ou au pasteur, on ment aux fidèles, on ment au service, on ment au téléphone, on ment en politique lors des campagnes électorales, en faisant des promesses fallacieuses, en sachant qu’on ne les tiendra jamais ; on ment sur les résultats des votes. Certains ont même défini la politique comme l’art de bien mentir.
Le menteur cherche à bénéficier d’un avantage qu’il ne mérite pas ; cela peut être pour avoir du travail, pour gagner de l’argent, pour impressionner les autres, pour paraître important, pour s’introduire dans un cercle alors qu’on ne remplit pas les conditions requises, pour séduire une personne, etc.
On peut mentir pour éviter une sanction ; c’est notamment le cas des enfants qui ont commis des gaffes, ils peuvent alors prétendre soit qu’ils ne savent pas qui a posé l’acte répréhensible, soit accuser un innocent d’être l’auteur de l’acte qu’il a posé.
Le mensonge complique les choses en justice en rendant difficile la manifestation de la vérité. Soit l’accusé clame son innocence, soit le plaignant accuse faussement, alors même qu’il est le malfaiteur, ou qui cherche à aggraver les choses.
Les menteurs font parfois preuve de beaucoup d’imagination, de ruse et de subtilité. On se dit parfois que le temps et l’énergie investis pour atteindre cet objectif peu honorable auraient pu être mieux utilisés pour faire des choses plus respectables et plus utiles. S’ils ne s’étaient pas convaincus que le seul moyen pour s’en sortir consiste à tromper les autres, ils pourraient réaliser des prouesses.
Mentir peut être une maladie ; on parle de mythomanie ; c’est la tendance à mentir de manière compulsive ; il ment sans y être obligé ; il éprouve un certain plaisir à mentir ; il ne rentre dans aucune des catégories citées plus haut.
Faut-il le dire, le menteur est une personne malhonnête ; le mensonge est un acte condamnable. Pour les chrétiens, le mensonge est un péché. C’est prohibé par le commandement n° 9. Donc mentir, c’est violer la loi de Dieu. Un chrétien ou toute autre personne qui croit en Dieu ne devrait pas mentir. Pourtant on  voit des croyants qui pensent pouvoir mentir à Dieu. En période de jeûne, il y en  qui se « cachent » pour manger. L’idée que l’on puisse mentir à Dieu traduit une certaine ignorance et une confusion sur la nature même de Dieu. D’où vient-il qu’on puisse s’imaginer qu’il est possible de tromper Dieu ? Comment réfléchit-on pour tirer une telle conclusion ?
On entend souvent dire que la vérité n’est toujours pas bonne à dire. On a l’impression que en la disant dans certaines circonstances, on peut provoquer des troubles, des maladies, voire des décès. Un médecin doit-il dire à son patient qu’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il ne peut pas être soigné ? L’effet placebo qui consiste à présenter une substance neutre ou un acte médical comme ayant des vertus thérapeutiques a parfois produit des résultats surprenants ; des malades qu’on croyait condamnés ont retrouvé la santé.
Et s’il faut dire la vérité, comment faut-il la dire ? Dans certaines circonstances, il est tout à fait possible de la dire sans choquer ou embarrasser le concerné. Annoncer une mauvaise nouvelle comme un décès par exemple est une tâche qui n’est ni agréable, ni aisée. Il importe de tenir compte de l’état d’esprit et de santé du destinataire du message et de le ménager. Il est aussi recommandé d’utiliser des euphémismes dans nos relations avec les autres ; cela évite de créer des tensions inutiles et permet d’échanger de façon cordiale. Ainsi par exemple au lieu de dire « vous êtes un menteur », dire « vos faites erreur ». Au lieu de dire qu’une personne est vieille, il vaut mieux dire qu’elle est âgée.
Il y a ces mensonges qu’on dit sur les autres en leur absence ; c’est de la médisance, de la calomnie, du commérage, c’est le kongossa. J’ai vainement cherché le mot « malparler » dans le dictionnaire. Pour parler des autres, il faut se rappeler des trois cribles ou tamis de Socrate : la vérité, la bonté ou la beauté, l’utilité.
Le détecteur de mensonge est utilisé parfois à la police ou à la justice pour confondre les malfaiteurs qui veulent utiliser le mensonge pour s’en tirer.
Une autre forme de mensonge ; la manipulation, la désinformation, la déformation de l’information,
Il y a des stratèges en communication, chargés de polir l’image des hommes politiques ; ces officines, passés maître dans l’art de mentir présentent leurs clients sous leurs plus beaux atours, ne disent pas toute la vérité sur leurs parcours et leurs actions, évitent de dire des choses susceptibles de leur nuire, ou alors essaient de les blanchir, de minimiser leurs responsabilités, ou de les déclarer carrément innocents quand ils sont impliqués dans des affaires louches.
Mais le public n’est pas dupe ; parmi les nombreux organes de presse qui existent chez nous, on connaît ceux qui sont crédibles, il y en qui font autorité de par le sérieux des personnels qui y sont employés, de par la bonne réputation du promoteur. Il est connu par exemple que certains médias sont des propriétés de certains hommes politiques qui les utilisent pour se donner une bonne image, ou pour salir et dénigrer des adversaires et des rivaux.
La crédibilité, la respectabilité et l’autorité morale sont acquis par une recherche constante de la vérité. Et celui qui s’est taillé la réputation de menteur n’est pas pris au sérieux, même quand il dit la vérité.
Le maquillage aussi est une forme de mensonge très répandue ; c’est surtout pratiqué par les femmes. Sous prétexte de soigner leur apparence physique, certaines en arrivent à se transformer complètement le visage, au point de se donner une image trompeuse. C’est de la pure tromperie. Je me demande comment réagissent leurs partenaires attirés par cette fausse apparence, quand celles-ci se trouvent dans leur état naturel. Nous félicitons et nous encourageons nos sœurs qui gardent leur apparence naturelle.
L’espionnage est un domaine où se pratique énormément le mensonge. Les films de James Bond nous en donnent une idée. Un espion ne se présentera jamais comme tel. On le découvre seulement, en action quand on est vigilent, ou bien après qu’il ait « frappé ». Les pays en guerre, ou ceux qui rivalisent sur le plan industriel et économique par exemple s’observent. Il est parfois question d’infiltrer certains groupes et mouvements jugés nuisibles, à tort ou à raison. Je le dis parce que les partis politiques et les autres mouvements pacifiques de la société civile sont souvent les cibles de ces espions qui sabotent leurs activités, et leur font porter la responsabilité des dérives observées lors des manifestations.
En guerre, en politique ou dans certains jeux (échec, damier, cartes, etc.) la stratégie et la tactique consistent parfois à trouver des astuces, des artifices et autres manœuvres pour tromper l’ennemi ou l’adversaire. Il s’agit de l’impressionner, de le décourager de le dissuader et au besoin de provoquer sa reddition. On bluffe, on ruse, on menace. On lui fait croire qu’on est beaucoup plus puissant que lui, qu’il n’a aucune chance ; on déploie pour cela des troupes, des armes, et d’autres ressources dont on dispose, en lui faisant croire que ce n’est que la partie visible d’un iceberg, on bombe le torse.
Il y en a qui ne veulent pas entendre la vérité, qui souhaitent qu’on ne la dise pas, qui menacent ceux qui veulent la dire et font tout pour les empêcher de s’exprimer. C’est généralement des régimes autocratiques, des organisations maffieuses, des sectes maléfiques, des groupements occultes, et leurs victimes ce sont les journalistes et les autres personnes éprises de vérité et de justice.
Les documents concernant certains évènements importants sont gardés au secret pendant longtemps et on parle souvent de la déclassification de ces documents historiques pour que la lumière soit faite sur ces évènements. On a besoin de connaître la vérité sur des évènements tels que la colonisation, l’esclavage, les guerres. On a l’impression que l‘histoire a plusieurs versions ; on parle même de la version des vainqueurs quand une guerre a opposé deux camps et que le plus fort l’a emporté sans être nécessairement celui qui avait raison, ou celui qui était le plus noble.
Peut-on faire la politique sans mentir ? Une société où l’on ne dirait pas de mensonge est-elle envisageable, une telle société est-elle souhaitable ? Certains répondent par la négative à ces questions. Ce qui permet à certains hommes politiques de se bercer d’illusions, jusqu’à ce qu’ils soient rattrapés par leurs malversations.
Dans l’histoire des peuples et des religions, il y a des fables, des légendes. L’historicité des faits relatés n’est pas évidente à établir. Mais il suffit que les peuples concernés y croient, et cela peut servir à créer un sentiment d’unité, à faire croire à des gens qu’ils ont des valeurs communes, des choses à partager. C’est comme cela que se construisent les peuples.
Il y a des faux marabouts, des charlatans qui promettent monts et merveilles aux personnes crédules qui les consultent ; ils prétendent qu’ils peuvent voir dans le futur et prédire les évènements à venir. Comme ils ne s’appliquent souvent qu’à voir ce qui plaît à leurs clients, ceux-ci se sentent flattés et sont prêts à dépenser parfois des sommes importantes pour entendre ces prédictions fantaisistes.

mardi 6 juin 2017

Le mensonge suite



Le mensonge. (parties 1 et 2)
La chronique de ce jour porte sur un vieux problème qui persiste malgré ses conséquences néfastes. Il s’agit du mensonge ; certaines personnes vont peut-être sourire en entendant l’intitulé de ce thème. Pourquoi ? Parce que depuis qu’ils se sont réveillés ce matin, ils ont déjà dit beaucoup de mensonges. Si on demande à ceux qui n’ont jamais menti de lever le doigt, tous les bras resteront baissés, y compris le mien.
C’est sans doute devenu banal de dire des mensonges, au point on semble s’y accommoder, on trouve que c’est normal de mentir ; ceux qui pensent qu’il faut éviter autant que possible de mentir sont considérés comme des naïfs. On dirait qu’ils sont des marginaux. On a donné l’impression qu’on s’en sort perdant si on veut toujours dire la vérité. Et pourtant la vie serait tellement plus simple pour tout le monde, si tout le monde disait la vérité. Certains essaient de justifier cet état de choses en disant qu’on n’est pas encore au paradis, que tant qu’on est sur Terre on va mentir, d’autant plus que aussi longtemps que l’on remonte dans l’histoire de l’humanité, on trouve des menteurs.
Néanmoins, Il faut dénoncer ces fieffés menteurs, ces bonimenteurs  invétérés, endurcis et impénitents qui occupent l’espace public et se donnent en modèle aux jeunes, puisque sans eux notre société se porterait beaucoup mieux ; notre pays serait beaucoup plus développé qu’il ne l’est aujourd’hui.
Mentir c’est dire une chose qu’on sait fausse, c’est donner une information en étant conscient qu’elle n’est pas exacte. C’est prendre des libertés avec la vérité. Celui qui ment est malintentionné, malveillant ; il cherche à tromper l’autre. Ici, l’intention compte ; celui qui ment cherche à tromper, il veut induire en erreur, il a pour objectif  non déclaré de nuire. Donc mentir à une personne, c’est lui commettre du tort.
Pourtant le mensonge semble être le sport préféré des camerounais. On ment dès la petite enfance, on ment en famille, on ment à son conjoint, on ment au prêtre ou au pasteur, on ment aux fidèles, on ment au service, on ment au téléphone, on ment en politique lors des campagnes électorales, en faisant des promesses fallacieuses, en sachant qu’on ne les tiendra jamais ; on ment sur les résultats des votes. Certains ont même défini la politique comme l’art de bien mentir.
Le menteur cherche à bénéficier d’un avantage qu’il ne mérite pas ; cela peut être pour avoir du travail, pour gagner de l’argent, pour impressionner les autres, pour paraître important, pour s’introduire dans un cercle alors qu’on ne remplit pas les conditions requises, pour séduire une personne, etc.
On peut mentir pour éviter une sanction ; c’est notamment le cas des enfants qui ont commis des gaffes, ils peuvent alors prétendre soit qu’ils ne savent pas qui a posé l’acte répréhensible, soit accuser un innocent d’être l’auteur de l’acte qu’il a posé.
Le mensonge complique les choses en justice en rendant difficile la manifestation de la vérité. Soit l’accusé clame son innocence, soit le plaignant accuse faussement, alors même qu’il est le malfaiteur, ou qui cherche à aggraver les choses.
Les menteurs font parfois preuve de beaucoup d’imagination, de ruse et de subtilité. On se dit parfois que le temps et l’énergie investis pour atteindre cet objectif peu honorable auraient pu être mieux utilisés pour faire des choses plus respectables et plus utiles. S’ils ne s’étaient pas convaincus que le seul moyen pour s’en sortir consiste à tromper les autres, ils pourraient réaliser des prouesses.
Mentir peut être une maladie ; on parle de mythomanie ; c’est la tendance à mentir de manière compulsive ; il ment sans y être obligé ; il éprouve un certain plaisir à mentir ; il ne rentre dans aucune des catégories citées plus haut.
Faut-il le dire, le menteur est une personne malhonnête ; le mensonge est un acte condamnable. Pour les chrétiens, le mensonge est un péché. C’est prohibé par le commandement n° 9. Donc mentir, c’est violer la loi de Dieu. Un chrétien ou toute autre personne qui croit en Dieu ne devrait pas mentir. Pourtant on  voit des croyants qui pensent pouvoir mentir à Dieu. En période de jeûne, il y en  qui se « cachent » pour manger. L’idée que l’on puisse mentir à Dieu traduit une certaine ignorance et une confusion sur la nature même de Dieu. D’où vient-il qu’on puisse s’imaginer qu’il est possible de tromper Dieu ? Comment réfléchit-on pour tirer une telle conclusion ? Dieu est omniscient, omnipotent et omniprésent.
On entend souvent dire que la vérité n’est toujours pas bonne à dire. On a l’impression que en la disant dans certaines circonstances, on peut provoquer des troubles, des maladies, voire des décès. Un médecin doit-il dire à son patient qu’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il ne peut pas être soigné ? L’effet placebo qui consiste à présenter une substance neutre ou un acte médical comme ayant des vertus thérapeutiques a parfois produit des résultats surprenants ; des malades qu’on croyait condamnés ont retrouvé la santé.
Et s’il faut dire la vérité, comment faut-il la dire ? Dans certaines circonstances, il est tout à fait possible de la dire sans choquer ou embarrasser le concerné. Annoncer une mauvaise nouvelle comme un décès par exemple est une tâche qui n’est ni agréable, ni aisée. Il importe de tenir compte de l’état d’esprit et de santé du destinataire du message et de le ménager. Il est aussi recommandé d’utiliser des euphémismes dans nos relations avec les autres ; cela évite de créer des tensions inutiles et permet d’échanger de façon cordiale. Ainsi par exemple au lieu de dire « vous êtes un menteur », dire « vos faites erreur ». Au lieu de dire qu’une personne est vieille, il vaut mieux dire qu’elle est âgée.
Il y a ces mensonges qu’on dit sur les autres en leur absence ; c’est de la médisance, de la calomnie, du commérage, c’est le kongossa. J’ai vainement cherché le mot « malparler » dans le dictionnaire. Pour parler des autres, il faut se rappeler des trois cribles ou tamis de Socrate : la vérité, la bonté ou la beauté, l’utilité.
Le détecteur de mensonge est utilisé parfois à la police ou à la justice pour confondre les malfaiteurs qui veulent utiliser le mensonge pour s’en tirer.
la manipulation, la désinformation, la déformation de l’information sont d’autres formes de mensonge. Ce sont des méthodes couramment utilisées par les politiciens partout dans le monde. Elles aboutissent à ce type de société amoral, dominé par les anti-valeurs
Il y a des stratèges en communication, chargés de polir l’image des hommes politiques ; ces officines, passés maître dans l’art de mentir présentent leurs clients sous leurs plus beaux atours, ne disent pas toute la vérité sur leurs parcours et leurs actions, évitent de dire des choses susceptibles de leur nuire, ou alors essaient de les blanchir, de minimiser leurs responsabilités, ou de les déclarer carrément innocents quand ils sont impliqués dans des affaires louches.
Mais le public n’est pas dupe ; parmi les nombreux organes de presse qui existent chez nous, on connaît ceux qui sont crédibles, il y en qui font autorité de par le sérieux des personnels qui y sont employés, de par la bonne réputation du promoteur. Il est connu par exemple que certains médias sont des propriétés de certains hommes politiques qui les utilisent pour se donner une bonne image, ou pour salir et dénigrer des adversaires et des rivaux.

jeudi 1 juin 2017

Chronique du 01 juin : Le mensonge

Chronique du 01 juin : Le mensonge.(  première  partie)
La chronique de ce jour porte sur un vieux problème qui persiste malgré ses conséquences néfastes. Il s’agit du mensonge ; certaines personnes vont peut-être sourire en entendant l’intitulé de ce thème. Pourquoi ? Parce que depuis qu’ils se sont réveillés ce matin, ils ont déjà dit beaucoup de mensonges. Si on demande à ceux qui n’ont jamais menti de lever le doigt, tous les bras resteront baissés, y compris le mien.
C’est sans doute devenu banal de dire des mensonges, au point on semble s’y accommoder, on trouve que c’est normal de mentir ; ceux qui pensent qu’il faut éviter autant que possible de mentir sont considérés comme des naïfs. On dirait qu’ils sont des marginaux. On a donné l’impression qu’on s’en sort perdant si on veut toujours dire la vérité. Et pourtant la vie serait tellement plus simple pour tout le monde, si tout le monde disait la vérité. Certains essaient de justifier cet état de choses en disant qu’on n’est pas encore au paradis, que tant qu’on est sur Terre on va mentir, d’autant plus que aussi longtemps que l’on remonte dans l’histoire de l’humanité, on trouve des menteurs.
Néanmoins, Il faut dénoncer ces fieffés menteurs, ces bonimenteurs  invétérés, endurcis et impénitents qui occupent l’espace public et se donnent en modèle aux jeunes, puisque sans eux notre société se porterait beaucoup mieux ; notre pays serait beaucoup plus développé qu’il ne l’est aujourd’hui.
Mentir c’est dire une chose qu’on sait fausse, c’est donner une information en étant conscient qu’elle n’est pas exacte. C’est prendre des libertés avec la vérité. Celui qui ment est malintentionné, malveillant ; il cherche à tromper l’autre. Ici, l’intention compte ; celui qui ment cherche à tromper, il veut induire en erreur, il a pour objectif  non déclaré de nuire. Donc mentir à une personne, c’est lui commettre du tort.
Pourtant le mensonge semble être le sport préféré des camerounais. On ment dès la petite enfance, on ment en famille, on ment à son conjoint, on ment au prêtre ou au pasteur, on ment aux fidèles, on ment au service, on ment au téléphone, on ment en politique lors des campagnes électorales, en faisant des promesses fallacieuses, en sachant qu’on ne les tiendra jamais ; on ment sur les résultats des votes. Certains ont même définit la politique comme l’art de bien mentir.
Le menteur cherche à bénéficier d’un avantage qu’il ne mérite pas ; cela peut être pour avoir du travail, pour gagner de l’argent, pour impressionner les autres, pour paraître important, pour s’introduire dans un cercle alors qu’on ne remplit pas les conditions requises, pour séduire une personne, etc.
On peut mentir pour éviter une sanction ; c’est notamment le cas des enfants qui ont commis des gaffes, il peut alors prétendre soit qu’il ne sait pas qui a posé l’acte répréhensible, soit accuser un innocent d’être l’auteur de l’acte qu’il a posé.
Le mensonge complique les choses en justice en rendant difficile la manifestation de la vérité. Soit l’accusé clame son innocence, soit le plaignant qui accuse faussement, alors même qu’il est le malfaiteur, ou qui cherche à aggraver les choses.
Les menteurs font parfois preuve de beaucoup d’imagination, de ruse et de subtilité. On se dit parfois que le temps et l’énergie investis pour atteindre cet objectif peu honorable auraient pu être mieux utilisés pour faire des choses plus respectables et plus utiles. S’ils ne s’étaient pas convaincus que le seul moyen pour s’en sortir consiste à tromper les autres, ils pourraient réaliser des prouesses.
Mentir peut être une maladie ; on parle de mythomanie ; c’est la tendance à mentir de manière compulsive ; il ment sans y être obligé ; il éprouve un certain plaisir à mentir ; il ne rentre dans aucune des catégories citées plus haut.
Faut-il le dire, le menteur est une personne malhonnête ; le mensonge est un acte condamnable. Pour les chrétiens, le mensonge est un péché. C’est prohibé par le commandement n° 9. Donc mentir, c’est violer la loi de Dieu. Un chrétien ne devrait pas mentir.
Jean-Claude TCHASSE

mardi 30 mai 2017

Le tribalisme. (Texte intégral)



Chronique: Le tribalisme. (Texte intégral)
En ce lendemain de fête nationale, notre chronique va porter sur un problème qui risque de mettre à mal le projet national s’il est négligé. Il s’agit du tribalisme.
Le tribalisme est l’un des fléaux sociaux les plus sérieux auquel sont confrontés les camerounais et les africains en général. L’actualité foisonne d’exemples de pays divisés et en guerre à cause du tribalisme. En 1994, cela a conduit à un génocide au Rwanda. C’est dire la nécessité qui s’impose de sensibiliser les populations sur les attitudes à adopter dans le but de lutter contre ce phénomène qui demeure présent, et qui est à l’origine des suspicions, de la méfiance, des frustrations, des divisions, des haines, des malentendus, des injustices, des discriminations et d’autres problèmes que vous pouvez imaginer. On signale même de temps en temps des affrontements entre certaines tribus rivales.
Le tribalisme résulte d’une mauvaise perception de l’altérité ; c’est l’équivalent du racisme, qui est la croyance en la supériorité de la race blanche ; c’est aussi appelé du communautarisme. C’est de l’hostilité envers celui qui est différent, c’est de l’intolérance, de la violence. L’autre est vu à priori comme une menace dont il faut se prémunir et qu’il faut s’apprêter à combattre. On cherche à l’éviter ou à l’écarter. Celui qui se sent rejeté, éliminé, frappé d’ostracisme en raison de ses origines et non à cause de ses insuffisances ou de son incompétence est mal à l’aise ; il ne comprend pas ce qui lui arrive, il est déboussolé et demande justice.
Le tribaliste a tendance à favoriser ceux de sa tribu, il croit et il dit sa tribu supérieure aux autres tribus, il méprise par conséquent les ressortissants des autres tribus; la proximité géographique des lieux d’origine est le seul critère qui compte. Les patronymes et parfois les faciès sont les éléments qui servent à attribuer des origines tribales, avec tous les risques d’erreur que cela comporte. Ne dit-on pas qu’il ne faut pas se fier aux apparences ? Des groupes s’organisent pour prendre le pouvoir politique et le confisquer, afin de s’accaparer du patrimoine commun ; ils font croire que c’est au profit de leurs tribus d’origine, alors qu’en réalité ce sont les membres du groupuscule, appelé dans ce cas une oligarchie, qui en bénéficient. Des groupes de personnes, se considérant comme des autochtones d’une région dénient aux autres, qu’ils appellent allogènes, le droit de bénéficier de certains avantages, ou d’occuper certaines fonctions au plan local. Le terme allogène prend tout son sens péjoratif puisqu’il n’est évoqué que pour exprimer la volonté d’exclure, après avoir souligné l’importance des disparités. Il ne revient que dans des discours clivants, pour rappeler à ceux qui sont désignés  par ce terme qu’ils ne sont pas chez eux.
Parmi les manifestations du tribalisme, on peut citer les attitudes suivantes : lors des recrutements, le responsable tribaliste réserve le plus grand nombre de places à ceux de sa tribu ; c’est ainsi que dans certaines écoles de formation, dans certaines directions ou dans certaines institutions, on trouve certaines tribus en majorité ; lors des promotions, les postes les plus juteux reviennent à certaines personnes bien précises ; la plus grosse enveloppe budgétaire est réservée à sa région d’origine. Les priorités nationales ne sont pas prises en compte. Il  détourne quand c’est possible, des projets de développement pour les envoyer dans sa région. Des infrastructures, qui auraient été vraiment utiles dans une région sont détournées et envoyées dans d’autres régions où elles sont peu utilisées, voire même abandonnées. Peut-on comprendre qu’une route départementale soit privilégiée et bitumée au détriment d’une route nationale ? Un lycée qu’on devait construire dans une ville a été détourné et envoyé dans une autre ville ; plus tard le matériel de laboratoire est arrivé, mais a été plutôt acheminé dans la ville où devait être construit le lycée, et y a été bloqué.
Chaque tribu a des termes péjoratifs pour désigner les autres : les nkwa, les belobolobo, les gadamayo, les camenogo, les bamenda, les wadjo, etc. Quelle importance accorder à ces termes même s’ils semblent dévalorisants ? Ne faut-il pas plutôt en rire ?
Lors des recrutements dans certaines écoles de formation, les ressortissants de leurs lieux d’implantation respectifs se disent prioritaires en tant qu’autochtones ; c’est tout juste s’ils ne demandent pas aux non originaires, appelés les allogènes, d’aller attendre qu’on ouvre aussi ces écoles dans leurs régions respectives.
Certains groupes sont considérés comme des envahisseurs et il leur est prêté, à tort ou à raison des ambitions hégémoniques, c’est-à-dire la volonté de dominer et d’exploiter les autres tribus ; le terme ethnofascisme est utilisé dans ce sens.
On adhère à un parti non par conviction, ou par adhésion à l’idéologie du parti, mais pour soutenir un frère du village. Et s’il arrive que ce frère commette une gaffe on refuse d’apprécier objectivement les faits, et on le défend bec et ongles. A contrario, on peut refuser d’être membre d’un parti dont on trouve par ailleurs l’idéologie pertinente, tout simplement parce que son leader est ressortissant de telle tribu qu’il faut combattre par tous les moyens. C’est ainsi que ce leader peut faire l’objet d’attaques et de fausses accusations et d’autres manœuvres visant à le discréditer.
Le plus déplorable, c’est qu’on trouve impliquées dans ces pratiques détestables des personnalités haut placées, et des soit disant intellectuels qui renoncent ainsi à jouer leur rôle d’éclaireurs et de leaders d’opinion et se cantonnent dans le rôle peu honorable de défenseur de leurs tribus respectives contre les autres. Je voudrais relever ici un paradoxe : le phénomène perdure alors que le niveau d’instruction a considérablement augmenté depuis les années 1960.
Certains personnages qui traînent des casseroles font appel à la tribu pour prendre leur défense, alors qu’ils n’ont jamais reçu de mandat pour représenter la tribu et que le fruit de leurs indélicatesses n’a profité qu’à leur seule famille nucléaire. Le recours à la tribu a pour seul but de semer la confusion, de jeter le trouble dans l’opinion. Mais tout cela serait vain et risible dans un contexte où les différents rôles du pouvoir sont indépendants  jouent parfaitement leur rôle. C’est dire que l’absence de démocratie constitue un terreau favorable au développement du tribalisme.
Le tribalisme, c’est comme les poupées russes : à l’échelle de la Nation, le tribaliste préfère sa région ; à l’échelle de la région, il préfère son département ; au niveau du département, il préfère son arrondissement. C’est le micro tribalisme.
Nous avons des traditions et des cultures différentes, mais loin d’être perçues comme source de division, cette diversité doit être perçue comme une richesse. Notre pays est considéré comme l’Afrique en miniature, puisque qu’on y retrouve presque toutes groupes humains du continent.
Le sentiment d’attachement à nos villages est tout à fait légitime. Celui qui ne sait pas d’où il vient est désorienté, il lui manque de repères. Chacun doit connaitre ses racines, et contribuer à préserver et à promouvoir sa tradition, sa langue et sa culture et en être fier. Mais cela ne doit pas se faire au détriment des autres, et c’est une erreur de se croire supérieur aux autres.

On trouve des personnes intelligentes et des personnes moins intelligentes dans toutes les tribus, ce qui fait dans chaque domaine, on trouvera des personnes très douées dans toutes les tribus. Aucune qualité, ni aucun défaut ne saurait être l’apanage d’une quelconque tribu. Les raisonnements qui aboutissent à des qualificatifs, qui conduisent à l’étiquetage des groupes humains sont donc spécieux. Telle tribu parle-t-elle mieux le français que tel autre ? Telle tribu connaît mieux l’administration, Telle autre fait mieux le commerce ou les affaires ?
Sachant que ce fléau est une menace pour la paix, il nous revient de cultiver le sens de la tolérance, de l’acceptation des autres malgré leurs différences, de briser les barrières psychologiques dressées parfois inconsciemment. L’amour du prochain devrait prévaloir dans nos interactions avec les compatriotes originaires des autres tribus. L’urbanisation, l’école, les mariages intertribaux qui donnent l’occasion aux personnes d’origines diverses d’interagir pacifiquement, sont des facteurs positifs qui contribuent au décloisonnement des populations. Chaque camerounais doit s’abstenir des actes, des attitudes et des propos tribalistes. Il faut rappeler que nous avons tous été créés égaux, nous sommes tous les fils de Dieu.
Ce phénomène d’exclusion et d’intolérance n’est pas propre aux africains. Il se manifeste plus ou moins ouvertement quand des groupes humains sont appelés à vivre ensemble. Il y a des clichés, des idées reçues qui ne résistent pas à l’analyse, mais qui ont la peau dure
L’équilibre régional aux concours, qui sacrifie le mérite, contribue à accréditer la thèse selon laquelle certaines tribus plus douées que d’autres. Il visait au départ à rattraper le décalage du niveau d’instruction entre les populations du Grand Sud plus instruites, et celles du Grand Nord qui accusaient un retard en matière de scolarisation. Mais cette pratique controversée semble avoir été détournée de son objet initial et elle mériterait de faire l’objet d’un débat sérieux.
Le colonisateur blanc a instrumentalisé le tribalisme pour nous diviser afin de mieux nous exploiter. Il avait intérêt à ce que les tribus se dressent les unes contre les autres. Et de nos jours certaines puissances occidentales ont intérêt à entretenir ces divisions. La guerre leur permet d’écouler les engins de la mort qu'ils fabriquent et qui leur rapporte beaucoup d’argent. Car il faut le dire, le continent africain regorge de ressources.
Les hommes politiques aussi reprennent à leur compte le jeu malsain des blancs pour diviser afin de mieux régner. Ceux qui veulent s’amuser avec le tribalisme doivent savoir qu’ils jouent avec le feu, et que cela va finir par les brûler. Les génocidaires du Rwanda ont fini devant le tribunal pénal international pour le Rwanda.
De la même façon que nous n’avons pas choisi nos familles respectives, nous n’avons pas choisi nos tribus, et nous n'avons pas non plus choisi de vivre ensemble. Les différentes tribus ont été rassemblées arbitrairement par le colonisateur, pour former des entités étatiques. Notre devoir à tous est de contribuer à créer un environnement propice à la coexistence pacifique et harmonieuse des différentes entités tribales. Cela suppose un partage équitable de nos ressources et de nos responsabilités. Et ce n’est possible que dans un contexte véritablement démocratique, où le mérite intrinsèque de chaque individu doit être le seul critère d’appréciation.
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