LES
FONCTIONNAIRES AU CAMEROUN :
Des parasites ?
Au
sens de fonctionnaires ici nous entendons tous les agents publics,
indépendamment de leurs statuts particuliers ; enseignants du primaire au
supérieur, policiers, magistrats, médecins, infirmiers, ingénieurs,
techniciens, bref, tous les corps de métier qui émargent au budget de l’Etat.
La fonction publique et l’administration camerounaise en général, frappent
l’observateur d’abord par leur improductivité, leur faible rendement, et les
dysfonctionnements qui les caractérisent. L’état de notre pays témoigne de
façon assez éloquente des mauvais résultats obtenus. Parmi les images les plus
marquantes, on peut citer :
·
les
formations hospitalières qui n’inspirent pas confiance aux dirigeants, lesquels
préfèrent se faire évacuer en Europe dès qu’ils ont des soucis de santé,
·
les
taux d’échec élevés aux examens officiels : entre 2011 et 2016, le taux
d’échec moyen à l’examen probatoire se situe autour de 65%,
·
nos
axes routiers les plus importants en état de dégradation avancée, alors qu’ils
sont tous dotés de nombreux postes de péage et de pesage qui collectent
d’importantes sommes,
·
la
mauvaise et la sous exploitation de nos ressources,
·
les
performances économiques médiocres (inflation trop contrôlée et peu favorable à
l’industrialisation, taux de chômage élevé, faible taux de croissance, etc.) de
notre pays,
·
les
cas récurrents de ces voitures surchargées (six, sept voire huit passagers au
lieu de quatre), qui passent sans être inquiétées devant les policiers et
gendarmes censés assurer le respect de la loi, et qui vont faire par la suite
des accidents mortels aux bilans lourds.
·
Combien
de services ouvrent-ils à 07h 30 et ferment-ils à 15h30 comme le veut la
réglementation en vigueur ?
Nous
allons citer et analyser dans la suite de cette réflexion quelques méfaits et
quelques habitudes malsaines et néfastes fortement ancrées dans les mœurs et
qui peuvent expliquer, au moins en partie la stagnation actuelle.
1-
Trahison par une élite embourgeoisée,
prédatrice et corrompue.
On
retrouve dans la Fonction publique l’élite intellectuelle du pays ; ce
sont des camerounais qui ont poussé la quête du savoir jusqu’à des niveaux très
élevés dans divers domaines pour certains d’entre eux. Ils appréhendent
donc parfaitement les subterfuges imaginés par les français pour maintenir leur
emprise sur nos pays, dont en particulier le mécanisme du Franc CFA, pour
perpétuer sous une forme plus subtile l’entreprise de domination et
d’exploitation entamée avec la colonisation. La monnaie est un instrument
important et un pays ne peut véritablement se prétendre souverain s’il ne le
maîtrise pas. Ils comprennent et ils savent que en raison de son arrimage à
l’Euro, notre monnaie est de fait gérée par la Banque Centrale Européenne selon
des critères qui ne tiennent pas compte de nos besoins, et des priorités qui ne
sont pas les nôtres. Au lieu d’élaborer des stratégies pour la création d’une
monnaie alternative fiable répondant à nos besoins réels, les économistes du pouvoir,
tout justes soucieux de conserver leurs postes juteux, encouragent et
justifient le maintien du statu quo.
2-
Le monnayage des services n’est pas
le moindre des problèmes.
Les
usagers qui par ailleurs ne jouissent d’aucune considération, ne sont que des
dindons à plumer dans de nombreux services. Ils doivent payer en sus des frais
normaux, d’autres frais sans reçus, et ces sommes indues vont généralement dans
les poches des responsables de ces services. Aucun secteur n’échappe à ce
rançonnement. Beaucoup de chefs ne peuvent signer les documents dans leurs
domaines de compétence respectifs sans exiger de fortes sommes d’argent. Il y
en a qui réclament carrément un pourcentage non négociable, quand il s’agit par
exemple de désintéresser financièrement un usager. Cette pratique détestable
est sûrement l’une des causes de la surfacturation, cet autre jeu malsain prisé
par les prestataires de services.
3- Des procédés bien huilés sont mis en place pour détourner les budgets des
services.
Cela
se passe ainsi malgré les mécanismes de contrôles et d’audit. Il y a tout un
ministère rattaché à la Présidence chargé du contrôle supérieur de l’Etat. Il y
a la commission anti-corruption, l’agence d’investigation financière, la cour
des comptes. On se demande à quoi servent les manuels de procédure budgétaires
et comptables. Les personnels qui remuent ciel et terre pour avoir des postes
ne font pas mystère de leurs intentions malveillantes. Pourtant, ils sont quand
même promus alors que d’autres personnels plus consciencieux et plus compétents
existent bel et bien, leur faute étant de refuser d’adhérer au système délétère
de promotion en vigueur.
4-
La qualité du service rendu laisse à
désirer.
Le
traitement des dossiers se fait à la vitesse de la tortue, quand ces dossiers
ne disparaissent pas tout simplement. Oui, des dossiers dûment enregistrés
peuvent disparaître sans laisser de trace, et l’usager n’en est évidemment pas
informé. Las d’attendre le dénouement de sa situation, il cherche à savoir ce qui
se passe. C’est alors qu’il apprend qu’il doit tout recommencer, parce que son
dossier a disparu. Et nul ne se croit obligé de s’excuser pour le désagrément
causé. Voilà pourquoi le pauvre usager doit tout le temps se déplacer, parfois
sur de longues distances, pour suivre, au propre comme au figuré, l’évolution
de son dossier.
5-
Affairisme et corruption.
Prise
illégale d’intérêt, délit d’initié, sont monnaie courante. Beaucoup de
fonctionnaires camerounais sont devenus des entrepreneurs cachés derrière des
prête-noms, qui se font attribuer les marchés publics. Ils sont ainsi
fournisseurs de biens et services pour les départements qu’ils dirigent. Comme
ils se lancent dans ces opérations en aventuriers avides d’argent, ils ne sont
pas suffisamment outillés, mais par toutes sortes de manœuvres, arrivent à se
faire octroyer des marchés, au détriment de concurrents venant du privé et qui
sont en règle, mieux équipés, mieux préparés et plus qualifiés. Le résultat
c’est des marchés mal exécutés, avec des malfaçons, ou souvent inachevés et
abandonnés. Ce sont des infractions prévues et réprimées par le code pénal,
mais vous verrez rarement des poursuites engagées contre les auteurs de ces
actes condamnables.
6-
L’administration reste pourtant très
sollicitée par les jeunes.
La
fonction publique se présente aujourd’hui comme la seule issue pour beaucoup de
jeunes diplômés ; seulement, les places sont limitées, et les conditions
d’entrée sont marquées par les maux qui minent notre société en général, tandis
que les postulants sont de plus en plus nombreux. Les concours d’entrée dans
les grandes écoles de formation offrent aux magouilleurs l’occasion d’extorquer
des sommes importantes aux candidats qui les sollicitent. Comment comprendre
que cette administration soit réticente à prendre des mesures incitatives pour
encourager le secteur privé qui doit se développer et qui a pour vocation de
devenir le plus grand vivier d’emplois ? Avec une population qui va
bientôt atteindre 25 millions d’habitants, alors que les effectifs de la
fonction publique sont inférieurs à 250 mille. Au lieu de cela, la fiscalité a
été transformée en une arme dissuasive pour les entrepreneurs et autres
opérateurs à cause des calculs mesquins de politique politicienne.
7-
Ils redoutent la retraite.
Certains
fonctionnaires fuient la retraite comme la peste. Les propos d’un DG récemment
promu sont significatifs à cet égard ; il a déclaré en substance qu’en le
nommant, le Chef de l’Etat le sauvait non seulement de la retraite, mais lui
sauvait également la vie. L’auteur de ces propos a passé une bonne partie de sa
carrière comme Directeur à la CRTV et a même bénéficié de deux prorogations de
deux ans qui lui ont permis de rester en activité jusqu’à l’âge de 59 ans. La
retraite pour lui était donc synonyme de mort. Si malgré un tel parcours il a
quand même développé cet état d’esprit, que diront alors ces nombreux cadres valables
et scrupuleux qui finissent leurs carrières sans la moindre nomination ? C’est
peut-être cette idée erronée qui explique le décès de certains d’entre eux
juste quelques années après leur départ en retraite. Comment comprendre que,
après 25 ans de service certains personnels s’accrochent encore et refusent de
prendre la retraite ? Pourquoi refusent-ils de prendre un repos bien
mérité ? Chacun d’eux sait pourtant bien, et cela dès le premier jour de
service combien d’années il va servir. Curieusement c’est vers la fin de leurs
carrières que vous entendrez certains déclarer qu’ils préparent leur
retraite ; entendez, ils multiplient les manœuvres pour rester en service
et se maintenir, ou accéder s’ils n’y sont pas encore, à des postes juteux où
ils vont se livrer à toutes sortes de malversations pour constituer le pactole
qu’ils vont gérer pendant la retraite.
8-
Champions de la corruption.
Le
fonctionnaire est habitué à corrompre ; cela commence dès son entrée à
l’école de formation ; alors qu’il est encore postulant, il paye pour être
admis ; à la sortie, il paye pour être bien affecté, ensuite il paye pour
être promu. Que peut-on honnêtement attendre d’un personnel qui paye pour être
promu ? Il paye même pour être décoré.
9-
La carrière avant tout.
Vous
avez dit carrière ? Le fonctionnaire est préoccupé par sa carrière ;
il est prêt à toutes les manigances imaginables pour gravir les échelons dans
un environnement où la progression se fait sur des critères subjectifs. On
observe la progression fulgurante de personnels à la qualification, au parcours
et à l’intégrité douteux, au détriment de personnels compétents qui n’ont pas
de soutien haut placé. L’ambition d’un fonctionnaire est de se faire nommer au
plus vite pour bénéficier des avantages prévus par l’article 2 de l’acte de
nomination et d’autres avantages qu’il s’attribue lui-même. Il est conforté
dans son ambition par l’exemple des autres qui à force de compromissions et de
manœuvres ont décroché la lune en devenant qui ministre, qui DG, qui député,
qui sénateur, etc. Il se dit que certains groupes font des tontines pour aider
leurs membres à être promus rapidement.
10- Ne leur parlez de droits.
Très
peu ont lu le statut de la fonction publique ou alors le statut particulier de
leurs corps. Beaucoup sont sans doute conscients qu’ils ont bénéficié de passe-droits
et de toutes sortes d’indulgences. Devant un problème, nul ne songe à passer
par la voie légale, soit parce qu’elle est rendue inopérante, soit parce qu’on
la trouve trop compliquée, soit encore parce que les prétendants se savent
disqualifiés. On cherche alors des voies de contournement, des pistons, des
soutiens, on met à contribution son appartenance ethnique et son origine, comme
par exemple pour réclamer un poste.
11- Une grande confusion savamment entretenue.
Le
fonctionnaire est-il au service du régime de M. Biya ou au service de
l’Etat du Cameroun? Cette question mérite d’être posée au moment où les
comportements les plus suspects et les attitudes les plus interlopes se
multiplient, même au sommet de l’Etat. Beaucoup ne s’embarrassent pas de
scrupules, ils mettent résolument les ressources humaines et matérielles de
leurs services à la disposition du régime, puisque en contrepartie ils bénéficient
de toutes sortes de faveurs non méritées, de promotions fantaisistes, et
de missions même fictives, etc. Soutenir le régime, servir M. Biya ce n’est pas
nécessairement servir le Cameroun. A contrario, dénoncer les abus et les
exactions de ce régime ne signifie pas qu’on n’aime pas le Cameroun, bien au
contraire ! Il n’est pas possible d’aimer ce pays, de se soucier du bien
commun et de l’intérêt général et en même temps être partisan de ce
régime ; c’est incompatible. Les services publics sont financés par
l’impôt payé par le contribuable, et pourtant il doit casquer chaque fois qu’il
sollicite un service. Il y a comme une sorte de conspiration entre les
fonctionnaires et leurs chefs contre les populations. Alors qu’ils devraient
être au service de celles-ci, ils se croient plutôt au service de leurs chefs. En
acceptant d’être utilisés par le parti au pouvoir, les fonctionnaires se sont
opposés au changement dont ce pays a besoin, afin de conserver leurs
privilèges. C’est par eux par exemple que les résultats des élections sont
faussés.
12- Bas salaires
Même
mal payés, ils semblent ne pas rechigner, mais ne vous y trompez pas, ce n’est
pas du patriotisme. Imaginez que leurs revenus ont été amputés de 70%, et cela
pendant que le CFA était dévalué, et que les prix grimpent en flèche sur les
marchés. Et ce n’est pas tout, les montants restants ne sont pas payés
intégralement. Les avancements sont gelés, les primes et autres indemnités ne
sont pas payés. Mais malgré ces avanies
salariales, certains fonctionnaires font preuve d’un zèle suspect, et pour
cause ! Ils sont plus riches que les hommes d’affaires dans un pays
longtemps classé PPTE. Ils mènent un train de vie insolent, ostentatoire voire
provocateur, incompatible avec le niveau de leurs revenus légaux. Dans ce
registre, les fonctionnaires des régies financières (douane, impôts, trésor) se
sont particulièrement illustrés. Pourquoi n’ouvre-t-on pas les enquêtes devant
de tels comportements ? Cela permettrait à tout le moins de dissiper les
doutes.
Celui
qui prétend être capable de s’accommoder d’un mauvais traitement salarial,
n’est ni honnête, ni sérieux. Ce n’est pas une simple question de volonté.
Combien de fonctionnaires peuvent-ils prétendre qu’ils s’en sortent avec les
bas salaires actuels, sans d’autres sources de revenus ? Comment font les
fonctionnaires de catégories B, C, D dans des villes chères comme Douala ou
Yaoundé, lorsque leurs salaires ne suffisent pas à satisfaire leurs besoins les
plus élémentaires ? Dans ces conditions il est difficile de résister à la
tentation d’extorquer de l’argent aux usagers. Certains exercent des activités
parallèles ; et cela se fait bien souvent au détriment de leurs services.
D’autres se font remplacer par de jeunes diplômés, d’autres encore abandonnent
carrément leurs postes sans démissionner et émigrent, avec la complicité de
leurs supérieurs hiérarchiques. Parmi les réponses aux salaires insuffisants
difficilement acquis (SIDA), il y a la course aux postes. Ces postes qui
procurent des avantages qui permettent d’oublier les bas salaires, et qui au
Cameroun se vendent comme une vulgaire marchandise. Les candidats se
bousculent, et le pourvoyeur en chef en profite pour les enrôler dans son
parti.
Pourquoi
de telles attitudes sont-elles tolérées ? C’est que, entre le Gouvernement
et les fonctionnaires, il y a un pacte tacite, sur le dos des populations :
« je te paye un bas salaire, et toi
tu fais semblant de travailler, ou tu travailles comme tu veux ; tu peux
marchander les services, vendre ta signature, privatiser les services publics,
fais comme tu veux, mais ne revendique jamais rien ». Voilà
pourquoi malgré leurs exactions certains fonctionnaires ne sont pas
sanctionnés. Les contractuels, une autre catégorie de personnel sont encore
plus mal payés.
Ce
n’est pourtant pas l’argent qui manque dans ce pays par ailleurs gâté par la
nature. Il est mal géré, il est détourné, il est dilapidé par des
« dirigeants » qui se comportent comme si cette patrie n’était pas la
leur, comme s’ils étaient de passage. L’actualité nationale abonde en
informations relatives aux milliards engloutis dans des malversations et dans ces
projets douteux et autres opérations foireuses dont ce régime a le secret. Des
sommes importantes sont par exemple payées à des agents fictifs qui se comptent
par milliers.
13- Autorité de l’Etat mise à mal
Ils
prennent des libertés avec la règlementation ; des lois et des décrets du
Chef de l’état sont violés et celui-ci ne semble pas s’en offusquer. Dans les services, les chefs peuvent se livrer
à leur sport favori et commettre ces infractions en toute quiétude, pourvu
qu’ils ne ratent pas l’occasion de déclarer leur indéfectible attachement à qui
vous savez. De tels comportements ont contribué à saper l’autorité de l’Etat, à
cause des personnels qui inspirent tantôt mépris par leur propension à
quémander des faveurs aux usagers, tantôt méfiance par leur manque de probité.
14- L’exemple vient d’en haut
Le
comportement insouciant, l’attitude désinvolte de certains peuvent se
justifier dans une certaine mesure par le l’attitude anti patriotique et par le
contre exemple des dirigeants qui refusent par exemple de déclarer leurs biens.
Les longs « courts séjours » de M. Biya en Europe sont de nature à faire
germer beaucoup d’idées pas très saines dans l’esprit de ses compatriotes
fonctionnaires. Mais cette tentative d’explication ne saurait les exonérer de
leurs responsabilités.
15- Les salariés restent pauvres.
La
sécurité d’emploi est un leurre pour celui qui en est préoccupé ; il lui
manque l’audace nécessaire pour se lancer dans les affaires, alors qu’il est
peut-être parfois doté des qualités nécessaires pour réussir. Il passe ainsi sa
vie comme employé salarié alors que certains pourraient devenir des employeurs.
C’est ainsi que le génie est tué, la créativité le sens d’initiative est
étouffé par des chefs qui se savent peu méritants.
16- L’administration est utilisée comme tremplin par des hommes politiques.
Les
deux Présidents qu’a connus le Cameroun jusqu’alors proviennent de la fonction
publique ; ce sont des fonctionnaires, et ils ont utilisé leurs postes
avec les avantages légaux ou non pour atteindre leurs objectifs. Il n’y a qu’à
voir ce qui se passe pendant les campagnes électorales ; les ressources
humaines et matérielles de l’Etat sont utilisées allègrement par le parti au
pouvoir. Beaucoup de prétendants à la succession de M. Biya sont des
fonctionnaires. Mais une campagne électorale pour la présidence nécessite de
moyens financiers colossaux. D’où leur viendront les moyens nécessaires ? Cela
peut-il avoir un rapport avec les détournements massifs opérés par des
fonctionnaires poursuivis ou non par la justice ? Je ne serais pas surpris
que certains se soient constitués des trésors de guerre par ces malversations.
17- Victimes consentantes.
Malgré
cette misère salariale et des conditions parfois surréalistes de travail, ils
boudent l’action syndicale ; le Cameroun est sans doute l’un des rares
pays où les mouvements de revendication ne font pas foule, alors que les
fonctionnaires ont mille raisons de faire grève. En effet, on voit dans
d’autres pays africains les enseignants, les journalistes, les magistrats
entrer en grève pour exiger des négociations avec les pouvoirs publics en vue
d’améliorer leurs conditions de travail et de vie. Des magistrats qui réclament
une véritable indépendance du pouvoir judiciaire par rapport à l’exécutif, des
journalistes qui veulent traiter l’information en respectant les canons du
métier, voilà qui est inimaginable au Cameroun. On entend plutôt le DG de la
CRTV déclarer que l’Office qu’il dirige est le tam-tam du Chef de l’Etat. Le
Conseil Supérieur de la Magistrature peut ne pas siéger, personne n’ose
broncher. Certains enseignants ont essayé d’impulser l’action syndicale, et ils
ont même pu obtenir certains résultats, mais les dissensions internes,
l’intolérance du pouvoir et surtout le manque d’engouement de leurs collègues
les ont découragés.
18- Aucun sens de l’intérêt général.
La
notion de bien public, d’intérêt général est foulée au pied. Comment expliquer
que les services de sécurité disent manquer de carburant quand ils sont sollicités
pour intervenir, alors que pour disperser les manifestations pacifiques de
l’opposition, il y en a toujours ?
19- Où est le bilan ?
Lorsqu’on
voit ce que coûte cette administration à ce pays, l’on est en droit de se
demander ce qu’elle nous a apporté en retour. Voyez le traitement des hauts
dignitaires, des ministres, des ambassadeurs, des directeurs de l’administration
centrale, etc ; leurs grosses cylindrées, leurs avantages et tout cela. A
quelle occasion rendent-ils comptent ? Et toutes les défaillances
observées ? Qui est responsable ? Fait-on seulement le bilan de ce
fonctionnement ? N’est-il pas bizarre de constater qu’avec tous ces
problèmes très peu de sanctions soient prises ? La vérité, c’est que le
régime dans son arrogance et imbu de son impunité se soucie fort peu du sort
des populations, dans la mesure où c’est encore cette administration qui est le
jury complaisant de l’examen que sont les élections, qui sont l’occasion
d’évaluer et de sanctionner son action.
Il ne serait pas exagéré dans ces
conditions de considérer les fonctionnaires qui ont développé l’état d’esprit
néfaste décrit ci-dessus comme des parasites assoiffés de titres et d’honneurs
mais qui en contre partie n’apportent pas grand chose à ce pays.
Faut-il
les loger tous à la même enseigne ? Assurément non ! Des personnels
vertueux, animés par le sens du devoir et désireux de servir avec abnégation et
dévouement existent. Mais il faut dire qu’ils sont frappés d’ostracisme et mis
en minorité. Certes, un bon joueur ne manque pas d’équipe mais faut-il
abandonner la patrie aux rapaces et aux prédateurs ? Aller faire valoir
ses compétences dans le secteur privé peut être perçu dans une certaine mesure
comme de l’égoïsme.
151116
Jean-Claude TCHASSE
Auteur,
essayiste, speaker, bloggeur
jctchasse.blogspot.com
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